Discussion

Nous avons exploré dans cette étude les possibles relations entre variables physiologiques et dimensions évaluatives de l’odeur. Nous avons vu plus haut que ces corrélations étaient observées dans la modalité visuelle, et il restait à savoir ce qu’il en était pour la modalité olfactive.

Plusieurs études ont indiqué que les variations de réponse électrodermale pouvaient être expliquées par la seule tonalité affective des odeurs. Ainsi, il a été montré que les odeurs les plus désagréables (selon des sujets) provoquaient des variations de conductance de la peau différentes par rapport à celles engendrées par des odeurs agréables (Alaoui-Ismaïli et al. 1997a, 1997b ; Braüchli et al., 1995). Par conséquent, sur la base de ces résultats, on pourrait penser que la seule tonalité hédonique des odeurs peut expliquer ces variations de réponse électrodermale. Dans la modalité visuelle la dimension d’éveil explique mieux ces variations de réponses électrodermale, et en particulier celle de conductance de la peau (Lang et al., 1993). La différence entre notre étude et celle présentées plus haut est que nous avons étudié plusieurs dimensions, et pas seulement la dimension de plaisir. En effet, si on considère les odeurs utilisées dans les études d’Alaoui-Ismaïli et Braüchli, il est possible que les odeurs les plus désagréables, soient les plus éveillantes. Dans ce cas, la tonalité affective des odeurs serait confondue avec leur caractère éveillant. Dans notre étude, certaines odeurs sont plus éveillantes que d’autres (voir tableau 7), mais ce ne sont pas nécessairement les odeurs les plus désagréables qui sont les plus éveillantes. Nos résultats indiquent une bonne corrélation entre éveil et variations de conductance de la peau, ce qui est en accord avec les données obtenues dans la modalité visuelle (Lang et al. 1993).

Un autre résultat intéressant est la corrélation obtenue entre tonalité hédonique des odeurs et variations de rythme cardiaque. Même si certaines études ne montrent aucune différence entre le rythme cardiaque provoqué par des odeurs agréables et désagréables, d’autres études indiquent que les odeurs désagréables ont tendance à provoquer une élévation du rythme cardiaque, alors que les odeurs agréables tendent à diminuer ce même rythme cardiaque (Alaoui-Ismaïli et al., 1997a, 1997b ; Braüchli et al., 1995). Nos données confirment ce dernier résultat.