Expérience 8 : le jugement hédonique comme une évaluation automatique et spontanée

Objectifs de l’étude

Les résultats des expériences 4 et 5 du chapitre 2 ont montré que les odeurs désagréables étaient traitées significativement plus vite que les odeurs agréables, et seulement durant le jugement hédonique. Aucune différence n’était observée durant le jugement d’intensité ni durant celui de familiarité. Une des questions qui restent sans réponse est de savoir pourquoi. A la suite de l’expérience 7 du chapitre 3, on s’est interrogé sur la primauté du jugement affectif en olfaction. On sait depuis peu de temps (Zatorre et al., 2000) que les réseaux neuronaux impliqués dans le jugement hédonique sont spécifiques de la tâche et impliquent particulièrement les aires hypothalamiques, qui ne sont pas activées par le jugement d’intensité. Par ailleurs, on pourrait concevoir que le jugement hédonique est facilité par des réponses émotionnelles automatiques et d’autant plus rapidement que ces réponses ne conduisent pas à une analyse poussée du stimulus. Dans nos mesures les temps de réponse hédonique sont plus longs que les temps de réponse à l’intensité. Pour mieux comprendre ces différences, qui ne sont pas explicables par la seule mesure des temps de réponse, nous avons entrepris de rechercher des corrélats neurovégétatifs de la réponse émotionnelle aux odeurs désagréables, neutres ou agréables. En effet le jugement hédonique est un jugement conscient, alors que les réponses neurovégétatives ne le sont que partiellement. Notre hypothèse était qu’en l’absence de consigne particulière requérant un jugement, les sujets présentent des réponses végétatives qui facilitent une catégorisation hédonique primitive et par là un jugement rapide. Pour le démontrer, nous avons comparé la conductance de la peau et le rythme cardiaque de sujets enregistrés dans 3 situations : 1) les sujets se contentaient de sentir les odeurs proposées , 2) ils jugeaient la familiarité des odeurs, 3) ils jugeaient la valence hédonique. Dans l’hypothèse d’une catégorisation hédonique spontanée en l’absence d’autre consigne, les réponses végétatives des conditions 1) et 3) devraient être du même type et partager un certain nombre de traits, et différer de celles qui sont induites par la situation 2), orientée vers un traitement cognitif plus complet des stimuli.