Du côté des employeurs

La loi Astier fut considérée dans certains milieux patronaux comme une "OPA" de l'institution publique sur la formation professionnelle et, répondant à leur pression, plusieurs propositions de loi tentèrent de redonner aux employeurs une voix au chapitre. Avec la création, en 1925, des chambres de métiers 44 , la question d'une orientation liée aux professions est posée, d'autant plus que certaines chambres ont déjà ouvert des Offices d'orientation professionnelle qui jouent un rôle non négligeable. Mais cette tentative est fortement combattue par les syndicats comme par les représentants du ministère : "Si la thèse du rattachement du Cabinet d'orientation professionnelle aux Chambres de métiers venait à prévaloir, on risquerait de faire que ces cabinets deviennent l'instrument d'une politique économique, les intérêts particuliers des membres d'une Chambre de métiers pouvant se trouver en opposition avec les intérêts généraux de la collectivité" 45 . En définitive, l'entreprise et les milieux professionnels furent écartés au nom de l'idée de l'intérêt général dont les représentants de l'Etat se déclaraient seuls garants 46 .

Ces initiatives, auxquelles se sont ajoutées les revendications et les tentatives du corps médical scolaire ou de la Ligue de l'enseignement, montrent la difficulté pour l'Orientation professionnelle de se situer institutionnellement, du fait de son caractère fondamentalement pluridisciplinaire touchant la psychologie, la santé, l'économie, l'éducation et le social. En 1922, le ministère de l'Instruction publique prend une légère avance par rapport à son homologue du Travail en institutionnalisant l'Orientation professionnelle par le décret du 26 septembre, lui donnant une définition et une organisation spécifique séparée du placement, qui reste acquis au ministère du Travail.

Notes
44.

La loi du 25 juillet 1925 crée les chambres de métiers à qui est confiée, entre autres missions, celle d'organiser l'apprentissage des métiers.

45.

Rapport TOUZA (Directeur de l'Office Départemental de Placement de la Seine) publié en appendice au rapport au nom de la Commission mixte du travail et du chômage sur l'organisation de l'orientation professionnelle dans le département de la Seine, 14 décembre 1922, in André CAROFF, op cit .p.66-69.

46.

On peut noter en résurgence de l'intérêt pour l'orientation des milieux employeurs, la création récente en 1990 au sein des chambres de métiers, des centres d'aide à la décision (CAD). Ces services d'orientation, animés par un professionnel psychologue, ont pour mission principale d'acheminer les jeunes vers l'apprentissage.