Chapitre 2
Orientation professionnelle
Formation professionnelle continue
et crise économique

Au début des années 70, les pouvoirs publics, ayant entendu la menace de déstabilisation, vont tenter de répondre au questionnement posé par la crise de 68. La loi sur la Formation professionnelle continue et l’Éducation permanente de juillet 1971, préparée au lendemain des accords de Grenelle par des hommes éclairés et pétris de philosophie humaniste, a constitué une des réponses, sans doute la plus prophétique et originale, instaurant un nouveau droit pour les travailleurs, celui de se former tout au long de leur vie 118 .

Trente années d’existence semblent avoir épuisé l’élan des finalités de cette loi, qui a subi de nombreux aménagements techniques et, avec les aléas du choc pétrolier de 1974, les conséquences d’une subordination économique. Certains, regrettant ses dérives économistes, font aussi le constat que son objet, l’éducation permanente, est encore loin d’être atteint : « l’idée même d’éducation permanente ne s’est-elle pas diluée dans la formidable expansion de la formation professionnelle continue et du traitement social du chômage ? » 119 . Néanmoins, grâce à ce texte législatif qui fait date dans le développement de l’éducation des adultes, le dispositif de formation professionnelle a trouvé une assise institutionnelle et pédagogique solide. Il semble intéressant d’en retracer les étapes historiques, en analysant rapidement son contenu, pour le mettre en rapport avec une nouvelle pratique sociale apparue dans cette mouvance, l’information sur la formation, qui aura des répercussions sur les services d’orientation existants.

Notes
118.

On peut situer l’apparition de ce concept de « Formation tout au long de la vie », qui traverse la loi de 1971 et qui s’est répandu en France et dans les pays européens, dans le milieu des années 60, à la faveur de différents rapports de l’Unesco, du Conseil de l’Europe, de l’OCDE.

119.

Guy JOBERT, "L'éducation permanente vingt ans après", in Education permanente, n°98, juin 1989, p.200.