Des efforts sectoriels

Au Ministère du Travail, la Formation Professionnelle des Adultes (FPA), née en 1946, est un dispositif de « formation professionnelle accélérée conçue comme un instrument de correction des déséquilibres conjoncturels du marché et de l’emploi ». La FPA, dont la mission est l’acquisition d’un métier en six mois, est une organisation spécifique, basée sur une sélection préalable qui se propose de situer la formation professionnelle dans un cadre proche de celui du travail et de donner un enseignement tout entier orienté vers un emploi déterminé. Né de l’après-guerre, ce système a parfaitement répondu à l’urgence de l’époque, mais il devra s’adapter ensuite aux nouveaux besoins de l’économie. En effet, selon Guy Thuillier, « ces méthodes excluant la formation générale vont à l’encontre de la polyvalence nécessaire en période de rapide progrès technologique» 127 .

Dans les années 60, pour répondre aux exigences des entreprises, l’AFPA diversifie ses sections 128 et, dans les années 70 et 80, procède à une rénovation de ses méthodes, notamment avec une extension de la formation générale et l’utilisation de nouveaux outils pédagogiques pour faciliter les apprentissages. Instrument privilégié de l’Etat pour développer la formation professionnelle, principalement celle des demandeurs d’emploi, l’AFPA permet de répondre rapidement aux nouveaux besoins de l’économie, même si sa structure centralisée peut freiner ses modes d’intervention. Le recrutement des stagiaires s’effectue au moyen d’un dispositif de sélection et d’orientation très élaboré, comme nous l’avons vu précédemment.

Au Ministère de l’Éducation, les efforts se traduisent par la mise en place, à côté du Conservatoire National des Arts et Métiers, de formations de perfectionnement, réalisées dans les établissement techniques en cours du soir, et par l’ouverture aux adultes de certains cycles universitaires et de cours par correspondance au Centre National de Télé-enseignement 129 .

Au Ministère de l’Agriculture, dès 1963, dans le cadre de la restructuration de l’agriculture, des formations favorisant la mutation professionnelle des agriculteurs sont largement financées par les pouvoirs publics, touchant des milliers de personnes et donnant lieu à de nombreuses innovations en pédagogie des adultes, intégrant des cycles d’orientation professionnelle 130 .

Notes
127.

Guy THUILLIER, La promotion sociale , Paris, PUF, Que sais-je?, 1966, pp. 69-79.

128.

De 1965 à 1972, les sections bâtiment diminueront de 65% à 20% au profit des sections métaux qui passeront de 21 à 25% alors que les sections "métiers du tertiaire" qui n'existaient pas en 1946 atteindront 35% en 1972.

129.

Le CNTE est devenu aujourd'hui le Centre National d'Enseignement à Distance (CNED).

130.

Déjà à cette époque, la notion de parcours individuel était présente, au travers du crédit d'heures (près de 2000 heures) accordé à chaque travailleur de l'agriculture souhaitant se reconvertir. Les initiatives de formation entreprises lors des restructurations industrielles des années 80 ne sont pas à la hauteur de ce qui a été réalisé pour l'agriculture. Il est vrai que le nombre de personnes concernées n'était pas comparable.