Les « stages » d’orientation professionnelle

L’essor de la formation continue a sans doute également contribué au développement des pratiques collectives d’orientation, même si celles-ci avaient déjà été initiées par certains organismes 148 . En effet, elle a banalisé la situation de stage pour les jeunes et les adultes : de même qu’on se perfectionne dans tel ou tel domaine technique, on élabore un projet professionnel dans un groupe de formation. Cependant, la montée concomitante du chômage, dans ces années 70, fut également un facteur déclenchant pour certains organismes, qui ont intégré des cycles d’orientation dans des stages pour demandeurs d’emploi.

À partir de 1970, l’AFPA, qui dès ses débuts s’est dotée d’un service « psychotechnique », dont la mission était d’assurer l’orientation mais surtout le recrutement des demandeurs d’emploi acheminés par l’ANPE, a mis en place des sessions de « préformation » pour jeunes et adultes, dans un but d’orientation professionnelle.

Dès 1973, grâce aux stages de l’Union Féminine Civique et Sociale et de l’association retravailler, fondée et présidée par Evelyne Sullerot, connue pour ses pratiques éducatives innovantes et pour son rapport fondateur sur l’orientation des adultes 149 , le public des femmes à la recherche d’emploi, pouvait bénéficier de cycles d’orientation très élaborés, d’une durée de trois à cinq semaines.

À partir de 1975, les différents plans d’insertion s’adressant aux jeunes sortis du système scolaire sans qualification ont utilisé très tôt les pratiques d’orientation sous forme de stages spécifiques ou intégrés à des cycles de remise à niveau.

De même, dans l’entreprise, des pratiques de bilan professionnel ont émergé dès 1978, dans le cadre d’une politique de gestion prévisionnelle des emplois 150 .

Notes
148.

Dès les années 60, les organismes de formation ayant accompagné la grande restructuration de l'agriculture, et notamment l'Association nationale de formation professionnelle des adultes ruraux (ANFOPAR), équivalent de l'AFPA pour ce secteur, qui a contribué à la reconversion des exploitants et des salariés agricoles, avaient déjà introduit des cycles d'orientation de cinq semaines, comportant des phases d'évaluation et d'élaboration du projet professionnel,. L'objectif était de préparer les stagiaires en vérifiant leurs motivations et leurs aptitudes. Ces cycle d'orientation permettaient à des jeunes adultes ruraux d'élaborer un projet professionnel qui s'accompagnait d'une formation de reconversion de quelques 2000 heures.

149.

Cf. Jacqueline PERIER, Retravailler, une méthode à vivre, Paris, Entente, 1990, 206 p.

Évelyne SULLEROT, L’orientation professionnelle et la reconversion des adultes, Paris, Ministère du Travail et de la participation, Collection Pour une politique du travail, 1979, 81 p.

150.

Cf. les stages "Bilan Professionnel et dynamique de carrière" organisé par le centre de formation continue de l'Ecole Centrale de Paris.