CHAPITRE 1
Analyse, méthodologie et contexte
de la pratique d’orientation MIFE

Il convient maintenant de tenter de répondre à notre questionnement initial : en quoi la pratique d'orientation de la MIFE permet-elle d'accompagner les changements professionnels individuels ? Nous avons émis, en forme de réponse, une hypothèse centrale : cette pratique permet l'élaboration d'un projet professionnel adapté aux personnes et aux nouvelles exigences issues des mutations socio-économiques. Nous allons maintenant tenter de la vérifier au moyen de deux groupes de sous-hypothèses. D'une part, cette pratique suscite chez la personne des conditions favorables à un travail d'élaboration de projet, par l'élargissement des représentations personnelles et professionnelles, notamment la restauration de l'image de soi, le développement de la polyvalence et de l'autonomie, la découverte de sens favorisant la mise en mouvement intérieur et la décision. D'autre part, la construction du choix professionnel est favorisée par une relation interpersonnelle entre le conseiller et la personne, qui a les caractéristiques de la relation d’aide rogérienne et de la médiation éducative telles qu'elle a été définie par Reuven Feuerstein, et qui se situe dans une stratégie maïeutique du sujet, selon la théorie d'Henri Desroche.

Pour comprendre la spécificité de cette pratique d'orientation, nous l’avons soumise à une évaluation qualitative, au moyen d'entretiens réalisés auprès de vingt-cinq personnes venues à la MIFE de Savoie et suffisamment représentatives de son public. Chercher à répondre à la question de l'impact de la pratique d'orientation de la MIFE sur les personnes et de ses effets sur la mise en œuvre des projets professionnels, c'est entrer dans une démarche d'évaluation, dont il nous faut préciser le type. Il est vrai qu'en tant que pratique psychosociale, celle-ci se doit d'être évaluée de façon à pouvoir rendre compte de manière plus fine, d'une part, de son contenu et, d'autre part, de sa performance.