Nous avons vu que le point de départ du processus d'élaboration de projet est situé dans l'émergence d'une idée de projet, qui sera confirmée ou infirmée dans une confrontation entre soi et l'environnement. En nous appuyant sur le discours de nos personnes-témoins, nous allons maintenant tenter de vérifier nos hypothèses, selon lesquelles ce processus se décompose en quatre dynamiques internes à la personne : l'élargissement des représentations de soi, celui des représentations professionnelles, l'émergence du sens et la mise en mouvement intérieur. Pour définir ces composantes, nous avons privilégié le terme de dynamique, issu du vocabulaire de la physique repris par la psychologie, qui désigne un mouvement agi par une force, une énergie. Nous avons ainsi choisi de placer notre regard, tel un objectif photographique, du point de vue de la personne, plutôt que du processus, dans une prise de vue plus intérieure.
Ces dynamiques sont constitutives de deux des étapes de construction de projet, telles qu'elles ont été définies par Michel Huteau : l'élargissement des représentations personnelles et professionnelles relèverait de l'exploration, et la découverte de sens ainsi que la mise en mouvement intérieur appartiendraient à la phase de décision. La troisième phase, aboutissement des deux premières, qu’il nomme "planification", à laquelle nous préférons l’appellation "mise en œuvre", fait intervenir plus particulièrement l'information professionnelle et l’appui dans les démarches ; elle est conditionnée non seulement par la mise en mouvement intérieur mais aussi par l'environnement extérieur d'offres de formation et d'emploi 785 .
L'exploration qui, selon Denis Pelletier, "vise essentiellement à faire l'inventaire des possibles" est définie "comme l'ensemble des moyens cognitifs par lequel le sujet traite son expérience pour produire de l'information nouvelle, instructive .. en élargissant son champ de conscience" 786 , c’est-à-dire ses représentations. C'est un processus cognitif, parce que le sujet ne reçoit pas, mais génère lui-même de l'information sur lui-même et sur l'environnement. La décision ou, plus précisément, la prise de décision désigne notamment "la sélection d'une option particulière parmi les options possibles" 787 et correspond au moment où la personne fait un choix. Elle relève de processus cognitifs de traitement de l'information et de résolution de problèmes, mais requiert aussi une attitude positive face à l'incertitude de l'avenir. Nous avons émis l'hypothèse que la décision résulterait à la fois d'un processus de découverte de sens, de prise de conscience et de mise en mouvement intérieur, qui peut être défini selon la métaphore d'un fruit qui, arrivé à maturité, tomberait de l’arbre.
L'action de la MIFE est cependant déterminante dans la qualité de l'information sur la formation, de façon à faciliter l'accès à la formation. Nous verrons, à travers un exemple, qu'une insuffisance d'information a des conséquences non seulement sur l'image de la structure mais, plus important, sur la mise en œuvre du projet.
Denis PELLLETIER et coll., Pour une approche éducative en orientation, Montréal/Québec, Gaëtan Morin éditeur, 1984, p.165.
Yann FORNER et Pierre VRIGNAUD, "Décision d'orientation assistée par ordinateur : l'apport de l'informatique à l'analyse des processus", in L'orientation scolaire et professionnelle, Paris, INETOP, n°1/25, Mars 1996, p. 32