3.2.4. Limites de l'action de dynamisation de la conseillère

Les réponses assorties de réserves aux questions sur la dynamisation, traduites par des "oui mais", indiquent principalement que l'effet dynamogène n'a pas pu se poursuivre durablement, pour différents facteurs, externes ou internes à la personne.

Les facteurs externes

Ils se situent principalement dans un environnement extérieur peu favorable à la formation (par exemple l'échec à la sélection d'un organisme de formation pour Sarah), ou à l'emploi (la tentative échouée de se reconvertir dans un autre secteur professionnel pour Alain). Ces résultats négatifs mettent à mal la mise en mouvement de la personne qui vient se heurter à des décisions extérieures à elle. Ils peuvent même entraîner un arrêt du processus d'élaboration de projet, momentané chez Sarah — même si cela lui a paru très long—, qui, malgré la hauteur de ces obstacles, a pu les franchir et trouver une solution peu de temps après. Pour d'autres, ils peuvent donner lieu à une dégradation intérieure plus grave.

Les facteurs internes

Ils proviennent des difficultés psychologiques, notamment de la représentation d'un monde extérieur perçu comme hostile, d'un manque plus profond de confiance en soi, lié à une faible estime de soi ou à un passage dépressif. Sarah, Mélanie, Jeanne, Géraldine présentent des similitudes de réponses positives, agrémentées de réserves. Seule Géraldine, malgré une confiance et une mise en mouvement intérieur mitigés, ne s'est pas arrêtée dans ses démarches auprès des organismes de formation. Mais on ne peut s'empêcher de penser que son dynamisme, nourri d'une forte angoisse, se rapproche d'une certaine agitation qui lui fait prendre contact avec un grand nombre d'organismes, sans résultat pour l'avancement de son projet. Dans son exemple, il convient de ne pas confondre dynamisme et agitation.

L'action stimulante de la conseillère n'a pas eu d'effet suffisant pour elle qui, "a du mal à faire le point", à cause de son état de malaise intérieur. Elle peut aussi être passagère et retomber, comme pour Sarah, dont la recherche de cohérence dans sa vie s’opérait dans une souffrance intérieure profonde. Dans ce cas, on peut comprendre la lassitude et la désespérance de Sarah, face à des réponses négatives en provenance de l'extérieur.

Ces témoignages viennent confirmer que la mise en mouvement des personnes est à la fois un processus dont l'origine se situe à l'intérieur d'elles mais qui nécessite un élément catalyseur extérieur, conditionné par l'attitude positive du conseiller. De même que le catalyseur provoque une action par sa seule présence et par ses propriétés, le conseiller n'a pas une action directe sur la personne, dans le sens linéaire et simpliste d'un stimulus qui provoquerait une réponse mais, c’est son attitude positive d'accueil, qui déclenche la mise en mouvement. Celle-ci est donc dépendante de la relation établie, mais d'une manière, pourrait-on dire non activiste ni dirigiste, laissant toute liberté de son mouvement à la personne. Néanmoins, le propre dynamisme intérieur du conseiller joue un rôle, et son attitude aura des répercussions sur la personne, à l'image d'un mouvement, d'un souffle, qui se transmettrait de l'un à l'autre. Dans des structures privilégiant ou ne pouvant contenir une grande affluence, où les conditions d'un accueil personnalisé ne sont pas possibles, où les professionnels, saturés par des relations sans cesse ébauchées, ne peuvent se "ressourcer" au contact de l'autre dans un échange authentique, la qualité de la prestation d'orientation en sort affaiblie, au détriment des personnes consultantes.

Une phrase qui est tombée juste, un regard, une attitude valorisante sont autant de déclencheurs d'une mise en mouvement, catalyseurs d'un désir qui peut s'exprimer, ayant enfin trouvé une écoute et une compréhension. Enfin, au-delà du catalyseur, l'action du conseiller peut être celle d'un révélateur, à l'image d'un autre procédé chimique, qui fait surgir une image nouvelle, ou trace avec plus de précision des traits connus mais jusque-là invisibles, ou fait apparaître des lignes de force qui viennent consolider une conviction.

Cette dynamisation comporte un double effet sur la personne : une mise en mouvement, interne au sens d'un surcroît d'énergie pour dépasser les difficultés personnelles et professionnelles et, externe, permettant de se lancer dans les démarches nécessaires à la mise en œuvre du projet.