3.4.1. Efficacité de la relation d’orientation

Cette efficacité étant déjà soulignée par le nombre majoritaire de réponses positives, nous nous arrêterons sur les nuances qu'apportent les réponses négatives et positives mitigées. Si les réponses négatives ont été peu nombreuses, pour la plupart isolées et concernant seulement un ou deux critères, elles ont touché surtout les critères de médiation éducative, mais, sans que l'impact sur le projet soit nul. En mentionnant qu'elles n'avaient pas besoin de cette composante de la relation, les témoins ont exploité dans la relation d'orientation les fonctions dont ils avaient besoin. Par exemple, la relation d'orientation peut seulement répondre au besoin de confortation d'une personne. C'est le cas de Margaux qui avait une idée bien définie et, en répondant qu'elle n'avait pas besoin de médiation de signification ni de changement, a souligné qu'elle avait surtout besoin d'un encouragement dans la réalisation de son projet, ce qu'elle a pu obtenir. Mais peut-on encore parler de relation d'orientation quand les composantes spécifiques de l'élaboration de projet, la signification et le but, n'ont pas eu besoin de se déployer ? C’est confirmé par l’exemple de Daniel qui, avant de revenir à sa recherche initiale, a fait le détour d'une exploration des métiers du tourisme, qui l'a convaincu de l'enracinement existentiel de son idée de projet et de son métier actuel. De plus, tout en se défendant d'avoir besoin d'un appui psychologique, à la suite de la mort de son père, il a déclaré avoir bénéficié d'un réconfort non négligeable sur ce plan. On peut dire que cet ensemble de composantes relationnelles a contribué à un nouveau départ pour lui, même si, au moment de l'entretien-interview, cela ne s'était pas concrétisé par un emploi. Dans ce cas, en s'adaptant aux besoins de réconfort de la personne, la relation d'orientation a rempli sa fonction, sinon d'élaboration de projet, du moins de confirmation d'une direction professionnelle future et a préparé la personne à vivre une transition professionnelle.

Pour d'autres, la relation d’aide suffit à déclencher la dynamique d'accès à l'emploi. C'est le cas de Brigitte, qui s'est reconvertie professionnellement, après avoir fait le tour des possibilités de réactualiser ses connaissances dans son métier d'origine, le graphisme et la communication. En rétablissant de cette manière "un lien avec le monde du travail", la relation d'orientation de la MIFE s'est adaptée à ses besoins. Comme elle le dit, cette relation a été un élément de la reconstruction professionnelle, "un maillon de la chaîne", qu'elle n'hésitait pas à utiliser, venant à chaque fois chercher et trouver ce dont elle avait besoin, les informations et le réconfort.

Enfin, pour d'autres, il sera nécessaire d'utiliser l'ensemble des moyens d'action de la relation d'orientation, telle une "panoplie", qu'elles ont besoin de revêtir pour retrouver le lien avec le travail. C'est le cas des neuf personnes, qui ont donné des réponses positives à toutes les composantes de la relation d'orientation, déclarant ainsi avoir bénéficié de leur ensemble. Mathilde, dont le projet est en cours d'élaboration et Judith, dont le projet a dépassé le cadre professionnel, pourraient constituer des exceptions, par le fait de n'avoir pas encore élaboré de projet professionnel précis. Mais, sans projet formalisé, elles sont dans une dynamique intérieure qui augure des développements actifs. Les sept autres (Claire, Pauline, Gérard, Léa, Paul, Liliane, Estelle) confirment entièrement l'efficience de la relation qui a rempli toutes ses fonctions d'aide, de dynamisation et de médiation éducative d'élaboration de projet.

De plus, ces personnes, en venant à la MIFE, n'avaient pas d'idée préalable et ont réalisé l'ensemble des étapes d'élaboration de leur projet. En ce qui concerne la mise en œuvre du projet, seuls Paul et Estelle, au moment de notre étude, disposaient d'éléments précis. On peut espérer pour les autres, compte tenu de leur détermination, une concrétisation rapide.

A travers ces exemples, on peut conclure que la relation d'orientation est d'autant plus efficiente qu'elle répond aux besoins de la personne qui, ainsi, a pu suivre les phases du processus d'élaboration de projet.La prestation d'orientation de la MIFE met à disposition une variété de fonctions, qui s'adaptent aux différentes situations. Même si la personne est dans un état de souffrance intérieure, la dimension d'aide et de dynamisation joue un rôle de rééquilibrage, qui permet d'avancer dans le processus, comme pour Fanny, pour qui une solution a pu être appréhendée, répondant à la situation du moment. Une condition est cependant nécessaire, c'est que cet état ne soit pas dominant et que la personne puisse trouver en elle les ressources de mise en mouvement. Pour les sujets en situation de souffrance, par exemple à la suite d’une rupture familiale, professionnelle, la relation d'aide pourra déclencher le processus d'élaboration de projet, parce que la dynamique interne de la personne était déjà présente, tel un souffle qui "couvait", et ne demandait qu'un signal pour se déclencher.