3.2.3. La confirmation : pistis.

Dans un discours, elle est une étape de la preuve et de la réfutation. Dans le texte scientifique du Traité, elle se traduit au niveau de l'ordre des arguments et des faits. On peut remarquer en effet cette étape dans le texte du Traité comme dans celui du Que sais-je ? là où l'ordre des arguments est le même du commencement du chapitre consacré à l'étude et l'explication du sens de la méthodologie expérimentale en psychologie, jusqu'à sa fin. La priorité et l'importance y sont en effet accordées à l'argument d'autorité. Mais l'ordre de l'exposé des faits est en revanche si diffèrent. On remarque qu'au début du texte du Que sais-je ? l'importance est donnée (de la part de Paul Fraïsse), à l'expérimentation et ce tout en signalant sa possibilité et son omniprésence. Mais à force d'avancer dans les analyses et les explications, on constate que le texte procède par l'argumentation du distinguo. A partir de là, il dépasse le texte scientifique de Claude Bernard, puisque pour ce dernier il existe une connexion nécessaire entre les faits et la méthode expérimentale, qui, elle, peut être appliquée à tous les phénomènes de la vie. L'argumentation du distinguo (qui commence à surgir), peut s'expliquer par une distinction (rapportée par Paul Fraïsse) entre psychologie expérimentale et psychologie du laboratoire, entre expérience et expérimentation, entre méthode expérimentale, techniques d'expérimentation et raisonnement expérimental. L'argument du distinguo se traduit par une dissociation des notions et non pas par une substitution de celles-ci. Par conséquent, la dissociation des réalités est largement avancée par l'auteur: C'est ainsi qu'il laisse entendre que l'on ne peut pas vérifier, ni même observer dans le champs des sciences humaines de la même manière qu’on peut le faire dans les sciences exactes et les sciences de la nature.

Cette étape de la confirmation des faits est marquée par quelques digressions à travers lesquelles l'auteur tente d'apporter une élucidation à son objet de savoir. En effet, Paul Fraïsse nous incite à sortir de la psychologie expérimentale pour bien comprendre le sens de celle-ci. A partir de ce propos, il pratique le slogan des Alchimistes : “ Toute chose n'étant égale que par ailleurs ”. Ce slogan, nous le rencontrerons aussi dans le texte de Maurice Reuchlin, un texte de vulgarisation de la vulgarisation de la transposition didactique. Cette conception des Alchimistes incite (dans le domaine des relations humaines), à une pédagogie de la rencontre et du rendez-vous. Elle permet au sujet pensant de se perdre, car plus il se perd plus il se retrouve.

Comme on peut le remarquer, la digression philosophique des textes du Traité et de ceux du Que sais-je ? porte sur le recours à des visions philosophiques et scientifiques différentes. Ces visions sont en général des exemples d'illustration en vue de faciliter l'accès au sens authentique de l'objet de savoir à être enseigné. On y assiste à autant d'explications que de significations. Par cette référence à des auteurs incarnant des disciplines différentes, on peut penser que la maîtrise du sens de l'objet de savoir est devenue une chose possible. L'extension du pouvoir cognitif, qui trouve son fondement aussi bien dans le texte scientifique de Claude Bernard, que dans le texte didactique-scientifique de Paul Fraïsse ou encore dans celui de la vulgarisation de la transposition didactique, est une expérience nécessaire pour la compréhension du sens des propositions. Car une proposition ou un concept s'ils sont uniquement explorés dans un seul domaine particulier ils n'auront aucun sens, par rapport à d'autres notions mises en oeuvre et en mouvement d'un domaine à un autre.

Cette digression, est légitime voire importante pour la compréhension et l'explication de l'objet de savoir à être enseigné. Car pour comprendre le phénomène humain qui est d'une complexité considérable, on doit faire appel à toutes les disciplines ayant l'homme comme objet d'étude. On sait que jadis combien même l'homme a été l'objet d'étude que partageaient diverses disciplines. Cette clarté discursive des textes du Que sais-je ? et ceux du Traité, traduit la fonction incitative du discours. Celle-ci n'est rien d'autre qu'un appel à l'instruction et à la formation. Cet appel puise son sens dans l'ouverture sur l'approche pluridisciplinaire en vue de comprendre l'objet d'étude qui est la méthodologie de l'ouverture et de l'achèvement en psychologie expérimentale.

Les textes de Paul Fraïsce sont des textes de transposition didactique du sens de la méthode. Le discours méthodique emprunte quelques figures rhétoriques pour renforcer son argumentation de l'illustration. C'est ainsi qu'on y rencontre des formulations comme : par exemple : “ débrouiller un écheveau ”, “ pêcher dans l'eau trouble ”. Ces métaphores (qui consistent en un transfert du sens) sont des figures de pensées. Comme on peut aussi relever ce procédé synecdotique à travers lequel les actions de “ voir et de ne pas voir ”, sont dans un rapport de nécessité. C'est ainsi que Paul Fraïsse souligne : “ voir toujours sans être vu ”.

Les travaux de Paul Fraïsse dans son Traité , se veulent un discours militant dans la direction d'un travail de groupe. Cela ressort à partir de sa fonction incitative qui s'achève dans le dernier alinéa du texte du Que sais-je ? par un appel principal : un appel qui explique fort bien l'aspect didactique et pédagogique du discours de cet ouvrage. L'auteur y traite du sens de la psychologie du Baccalauréat et d'une psychologie Universitaire. Cet appel, traduit une dernière étape de la disposition à savoir la péroraison.