5.1.6. La vie est une pratique de l'homme.

Si en général le rituel nie, alors la tradition didactique en tant que rite nie la notion de service. Elle rejette la continuité avec le monde du ouï-dire et du sens commun. Mais cet esprit négateur peut aussi affirmer. C'est d'ailleurs ce que nous avons vu pour le texte scientifique de Claude Bernard qui à la fois nie et affirme. Il en était de même pour les infirmations des textes de vulgarisation et des textes de la transposition didactique qui infirmaient des faits tout en affirmant des pratiques légitimes.

Ces méthodes controversées sont à la fois antinomiques et contradictoires. A leur propos, Kant en tant que philosophe (qualifié par Marc Richir) de génie, avait soulevé la question de la contradiction tout en pensant que l'homme est le seul être raisonnable à pouvoir obéir à une Loi, le seul être raisonnable à pouvoir se retourner contre sa propre Loi. Quels enseignements peut-on retenir de cette affirmation ? S'il y en un, on peut dire que le langage est un art, une action qui peut soit venir en aide à l'ordre établi, soit au contraire se retourner contre celui-ci. Le sens du langage de la transposition didactique entre ces deux tendances, demeure encore à chercher et à déterminer. C'est en tout cas la question du pouvoir qui détermine le choix d'une relation plutôt que d'une autre. Ce pouvoir est celui de ceux qui savent qui (par rapport à ceux qui ne savent pas encore), sont dans une position privilégiée pour exercer une autorité cognitive dont témoigne “ la vérité ” de leur savoir. Les savants distinguent en transposition didactique plusieurs niveaux :

Toutes ces distinctions marquent la question du pouvoir du rite didactique qui à la fois nie et affirme. En poussant l'analyse plus loin et sans entrer dans les détails, on dira (en terme d'anthropologie politique) que toutes ces distinctions traduisent la question du pouvoir entre gouvernants et gouvernés. Ainsi ce qui est prévu dans le secret d'un homme politique tenant une place de dirigeant au sommet de l'État, est précisément imprévu pour les gouvernés. Il en va de même pour quelques une des situations d'enseignements. Par exemple le jour de l'examen le candidat ne prévoit jamais l'épreuve d'examen : il est soumis et évalué, dans un bref espace de temps. Voilà la raison pour laquelle des réformes en cours portant sur la qualité du savoir à transmettre dans le lycée, prévoient une évaluation permanente tout au long du cursus de la formation.