5.1.7. La personnalité de l'homme est incommensurable.

Si l'on en croît Paul Fraïsse, la variable personnalité de l'homme est alors un champs d'investigation qui reste encore ouvert à d'autres explorations. Elle est un domaine de recherche dont les études portant sur les circonstances de son développement, sont loin d'être épuisées. La variable personnalité est incommensurable parce que l'homme parle toujours de façons différentes avec ses signes et dans les signes. L'homme à travers sa personnalité, manifeste deux tendances. Il cherche d'une part à exprimer ce qu'il y a en lui de particulier à savoir son état d'exception. De ce fait, les faits ne sont plus pour lui objectifs mais objectivés puisqu'ils ont un sens particulier différent de celui dans lequel il se trouve en relation avec toutes les autres créatures définissables comme lui d'après l'espèce à laquelle elles appartiennent. Dans sa relation avec son semblable, l'homme ne fait pas simplement que d'imiter (car nous dit-on l'art n'est pas dans l'imitation), mais il délimite et instaure une limite à travers le langage qui n'est rien d'autre que la mise en forme des valeurs les plus hautes de son caractère, de sa liberté et de sa pensée. Malgré l'existence d'une relation d'attention positive inconditionnelle ou conditionnelle d'autrui, cette limitation entre celui qui apprend et celui qui enseigne, est une limitation régie par le principe de l'action réciproque. Ce principe est celui qui puise son fondement dans la détermination des rôles et des tâches à accomplir. Si le maître est enfermé dans la tâche d'enseigner, alors l'apprenant est enfermé dans celle de l'apprendre. Cependant du moment que les tâches ne sont pas partagées, les savoirs deviennent – comme nous l'avons mentionné avec M. Verrêt – animés par une distance et un écart gnosiologique engendrant ce que Ph. Roqueplo pense en terme de l'impossibilité du partage du savoir.

Avant de passer au sens de la Signification, ce dernier point nous permet d'emblée d'entrer dans la discussion de la seconde composante de la Référence, à savoir l'ontologie désamorcée.

A la lumière du schéma méthodologique O.H.E.R.I.C, on s'aperçoit que celui-ci incarne non seulement le souci du pouvoir cognitif, mais il possède aussi un sens proche d’une activité qui a le souci du bien être de l'homme. D'ailleurs on ne doit en aucun cas ignorer la date historique de l'esprit de l'Introduction à l'étude de la méthode expérimentale de Claude Bernard. Celle-ci fut en 1865. Cette date coïncidât avec la publication d'autres ouvrages. Parmi ceux-ci, il y a celui d'Otto Leibmann, qui faisait l'éloge du retour au Kantisme. Cette référence peut nous aider à expliquer le poids de l'ontologique dans les écrits de Claude Bernard. Mais il y a une autre référence à savoir celle de Fechner, qui est antérieure à la fois à celle de Leibmann et à celle de Claude Bernard. Cette référence est d'une importance décisive pour le renversement des rapports existants entre la méthode et la destinée de l'esprit de la recherche expérimentale. Cette référence qui date de 1860 avait pour but la recherche d'une loi qui lie l'extension du pouvoir cognitif à l'extension du pouvoir physique. Cette recherche contribue aussi au bien être de l'homme.

La loi de Fechner était en réalité animée par un souci permanent, qui n'était rien d'autre que celui de la recherche d'une loi reliant les accroissements de l'énergie corporelle aux accroissements de l'énergie mentale. Cette référence a été largement considérée par tous les psychologues comme étant celle qui a directement contribuée à la naissance de la psychologie expérimentale comme discipline autonome. Et d'ailleurs comme le souligne Paul Fraïsse : “ Les psychologues sont d'accord pour reconnaître que le premier ouvrage de psychologie expérimentale est celui de Fechner : Elemente der PsychophysiK (1860) ”. Cela veut dire clairement que ce sont les éléments de la psychophysique qui ont donné naissance à la psychologie expérimentale et non pas ceux de la recherche physiologique qui ont animé les écrits de Claude Bernard, car comme on vient de le remarquer, ces mêmes écrits ont été insuffisants d'autant plus qu'ils ne mentionnaient pas le caractère de ce que Claude Bernard lui-même nommait : la vie intérieure. On peut désormais se poser la question suivante : pour quelle raison les psychologues se sont penchés sur les écrits de Fechner et non pas sur ceux de Claude Bernard ? On peut dire en guise de réponse que ce sont les écrits du premier qui ont eu le souci de la compréhension de tout ce qui se passe dans la mentalité du sujet. A travers les écrits de Fechner, on peut comprendre la manière dont laquelle l'énergie mentale évolue dans sa relation avec les l'extensions de l'espace. Dans le langage des comportementalistes, cela se traduit par la recherche de la compréhension de l'espace perceptif. Il est vrai que dans le sillage de la relation SPR : stimulusPersonnalitéRéponse, qui se lit tout en pensant qu'une réponse n'est pas simplement conditionnée par un stimulus quelconque mais elle est bel et bien conditionnée par l'intention d'un individu en fait. Autrement dit, je ne peux répondre à une stimulation que si j'y suis affecté ou impliqué. Dans ce contexte on est davantage plus dans le domaine de l'anthropologie que dans celui de l'ontologie, car le processus ontologique est désormais désamorcé. On ne s'intéresse qu'à l'être humain et plus précisément à sa variable personnalité qui est incommensurable et calculable.