Partie III : De la transposition didactique des processus supérieurs de la personnalité, la sensation et la perception comme modèle.

Dans ce pemier chapitre qui va suive, on ne peut pas prétendre étudier d'une manière exhaustive les différentes transpositions didactiques de tous les processus supérieurs de la personnalité à savoir l'intelligence, la motivation, la mémoire, l'action, le langage, la sensation et la perception etc. Cela peut relever d'une autre recherche tout à fait intéressante qui nécessitera un autre temps des études, plus long que celui que nous avions consacré à la transposition didactique du langage de la méthodologie expérimentale à travers son langage philosophique traduisant la technique de l'ouverture et de l'achèvement à l'égard des choses de la pensée. C'est d'ailleurs pour cette même raison que nous avions pensé à réduire ce chapitre à une étude exhaustive de deux composantes des processus supérieurs de la personnalité, qui englobent toutes les autres. En effet, la relation de connexion nécessaire et réciproque entre sensation et perception traduit un lien qui n'est pas toujours bien élucidé et bien compris. Les études qui ont tenté l'élaboration et l'étude de ce lien, et auxquelles nous nous sommes référé, sont celles de Husserl dans Chose et espace 758 , celles de Merlau-Ponty dans Phénoménologie de la perception 759 , celles de Paul Fraïsse dans son Traité de psychologie expérimentale tome I et II 760 , mais aussi dans son Que sais-je ? intitulé : La psychologie expérimentale, ainsi que dans le chapitre V de son Manuel pratique de psychologie expérimentale. Ces études ne sont pas les seules à avoir traité du lien entre les deux processus supérieurs de la personnalité. Il existe en effet d'autres études qui ont tenté de simplifier l'élucidation de ce lien tout en empruntant les techniques expressives de la vulgarisation. Parmi les travaux que nous avons consultés, il y a le chapitre IV intitulé : Les grands domaines de recherche et d'application, là où Maurice Reuchlin dans son Guide de l'étudiant en psychologie s'astreint à définir ce qu'il appelle les grandes fonctions. Cette reformulation est une traduction des processus supérieurs de la personnalité à savoir la perception, la sensation, l'intelligence, la mémoire dont traitent les psychologues et les philosophes. Toutes les études d'ordre psychologique et philosophique, seront complétées par celles d'Antoine Léon, qui dans son Manuel de psychopédagogie expérimentale va consacré un chapitre pour l'explication des Méthodes et techniques de collecte des données, là où il parlera des différents données à recueillir et du choix des techniques appropriées à tous les données. Ces reformulations sont "adaptées" à un type de perception qui surgit de l'aperception des données connectes. Cet auteur va donner un sens à un type d'observation qui se manifeste à travers ce qu'il appelle : l'observation directe des comportements. Ce sens est celui de la perception consciente du sujet qui, lui, est conscient de ce qui l'anime, à propos du quel Merleau-Ponty disait en paraphrasant Husserl : “ toute conscience est conscience de quelque chose ”. Cela veut dire en fait que la pratique du sujet, n'est pas toujours le fruit d'un hasard fortuit, mais d'une construction nécessaire et consciente du vouloir du sujet, un vouloir traduisant des degrés d'implication dans des situations données, et des modalités de recherches expérimentales données. C'est d'ailleurs ce que Antoine Léon pensera en laissant entendre (d'une manière explicite et en se référant à un psychopédagogue paraphrasant indirectement Merlau-Ponty et Husserl) que “ l'observation considérée en tant que méthode scientifique de recherche est définie par de Landsheere en ces termes : les buts de l'observation pédagogique sont (...) de connaître et de prédire des faits relatifs aux systèmes, aux processus et aux procédées d'éducation ” 761 . Aussitôt Antoine Léon ajoute que : “ ‘l'observation ainsi conçue, constitue le plus souvent une étape exploratoire, préalable à une expérimentation, destinée à découvrir et à délimiter les problèmes, à préciser les hypothèses et les modalités de la recherche’ ” 762 .

Lorsque Antoine Léon propose une observation directe des comportements, cela est une traduction du phénomène psychologique : la sensation. Car l'auteur incite à une ouverture d'altérité radicale à l'égard d'autrui, à un jeu de rôle qui permet de percevoir les comportements des individus sur la base de l'aperception de certaines composantes majeures, spécifiques guidant notre démarche à la compréhension de la totalité d'un tout sur la base de la compréhension de l'une de ses parties.

Après avoir mentionné les lieux spécifiques à travers lesquels des auteurs ont tentés d'élucider le lien entre sensation et perception, dans ce chapitre nous allons étudier la transposition didactique du sens de ces deux composantes tout en montrant que le passage d'un système de pensée à un autre, pose des problèmes épistémologiques à travers des reformulations qui renvoient parfois à l'asémisation : à l'absence du sens des concepts. Puisque nous nous définissons comme “un homme du passage”, alors il nous est possible de de consacrer ce chapitre à l'étude des différentes reformulations lors du passage directe ou indirecte d'un contenu de savoir bien précis à sa version didactique.

Notes
758.

Voir Husserl (E.) Chose et espace. Leçons de 1907 . Introduction, traduction et notes par Jean François Lavigne. Ouvrage publié avec le concours du centre national des lettres. Éditions P. U. F 1989.

759.

Op cit.

760.

Dans le tomme I Paul Fraïsse traite de la perception, alors que dans le Tome II il traite de la sensation et de la motricité. Par contre dans son Que sais-je ? intitulé : La psychologie expérimentale , il traite de la sensation et de la perception.

761.

Antoine Léon, op cit p : 161.

762.

Antoine Léon, op.