Pour Husserl, l'objet d'étude de la perception comprend deux niveaux :
Ces deux niveaux, seront repris par Paul Fraïsse qui les repensera en terme d'étude des processus supérieurs de la personnalité. Cependant, l'écart va porter sur les effets de la reformulation. En effet, ce que Husserl a pensé en terme d'étude de l'expérience inférieure de l'objectité empirique, Paul Fraïsse le pensera en terme d'étude des processus supérieurs de la personnalité. Ces effets de la reformulation sont dûs aux présupposés théoriques de chacun. Car là où Husserl considère les désirs, l'auto-position, les manières d'être, de dire et de faire, comme étant des choses susceptibles d'être arraisonnées et étudiées, Paul Fraïsse considère cela comme étant de l'ordre du psychologique qui parfois – sinon dans la plupart des cas – échappe à l'étude rigoureuse. C'est la raison pour laquelle son étude scientifique des faits psychologiques se fonde sur des hypothèses que formule le savant pour l'étude d'un phénomène. Ces avis hypothético-déductifs, ne sont pas toujours saisissables et vérifiables. Cela n'est pas en tous cas l'avis de Husserl qui parle de la sûreté de la méthode phénoménologique qui expose les faits.
Ce qui nous pose problème avec Husserl, est sa définition de la perception externe, c’est-à-dire de ce qui y est supérieur et ou inférieur, car Husserl parle d’ :
Pour lui, les premiers fondent les seconds. C'est ainsi qu'il souligne :
‘“ Sur les vécus ou les simples intuitions ou saisies sensibles s'édifient les actes supérieurs de la sphère spécifiquement logique et par là seulement amènent l'objectité scientifique à se constituer dans ce que l'on appelle le traitement du matériau sensible sous-jacent ” 774 . ’L'étude de la perception repose pour Husserl sur :
Ce problème relationnel nous rappelle le débat quant à la question de la définition de la perception entre l'état et le processus. Si l'on croit la correspondance suivante :
La réponse de Husserl repose sur une taxonomisation des choses au moins en trois niveaux :
Si pour Husserl le “ je propre ” et le “ je étranger ”, sont des choses prises en relation avec l'environnement de chose, dans la mesure où la perception et par suite la simple expérience, prétendent faire fonction de phénomène constituant un mouvement à l'égard de l'environnement externe, alors la réponse à la question : Qu'est-ce que la perception ? n'est pas donnée par Husserl d'une manière précipitée. Car Husserl dit simplement qu'elle est “ vague de signification 775 ”.
Sur ce point précis, Paul Fraïsse le reprendra pour dire que la perception est incommensurable et insaisissable 776 . Pour définir la perception, Husserl va se tracer une tâche : “ le retour aux choses même ”. C'est ainsi qu'il souligne : “ ‘Retourner aux phénomènes eux-mêmes sous la conduite de cette vague signification, les étudier intuitivement, puis forger des concepts fixes, exprimant avec pureté des données phénoménologiques, telle sera la tâche’ ” 777 . Le but pour Husserl est de :
Pour cela il faut donc un commencement que Husserl pense en deux étapes :
Pour désigner la perception, Husserl reste fidèle à la classification des faits perceptifs observés. C'est ainsi qu'il laisse entendre que la perception est :
Cependant, la perception peut se subdiviser en deux niveaux :
in Chose et espace, op. cit.
Ibid. p : 30.
Voir le débat évoqué par Husserl entre psychologie et phénoménologie, divergences et convergences, dans les notes n°1 pages 436 à 438 et note n°1 page 443 de Chose et espace, là où l'opposition entre science de la fondation-explication (ErKlärung) et science de la clarification du sens (AufKlärung) est explicité par Husserl. Voir aussi Paul Fraïsse, in la psychologie expérimentale, Histoire et méthode , op cit.
Husserl, op. cit.