§ 7 : Explication préalable au sujet de la méthode de l'étude ultérieure.

De prime abord, ce paragraphe porte deux remarques que Husserl avait l'intention de présenter sous forme d'esquisse préliminaire à son chapitre II. Ces deux grandes remarques qui témoignent de l'achèvement du premier chapitre de sa première section portant sur les fondement d'une théorie phénoménologique de la perception, est un chapitre explicatif, introduisant à l'étude d'autres problèmes perceptifs. L'auteur reste scolaire dans son exposé puisque dans son cours, il voulait rendre ses auditeurs dociles et bienveillants à quelques autres fondements de la perception. Parmi ces deux fondements il y a donc :

  1. Des évidences essentielles de la perception dans lesquelles nous trouvons :
  • Les analyses de tous ce qui apparaît à l'essence de la perception.
  • L'analyse de tous ce que nous trouvons en elle à l'état immanent.
  • L'analyse immanente de la relation à l'objet, du moment qu'elle perçoit telle et telle objectité précisément.
  • L'analyse des évidences qui concernent l'objectité visée en elle comme telle, selon son contenu, selon son espèce propre, selon ses parties et propriétés.
  • L'analyse de la relation qui existe entre le contenu réel de la perception et son contenu intentionnel, c'est-à-dire le contenu de son objet.

C'est à partir de ces analyses que nous pouvons enfin comprendre la manière dont laquelle se dégagent réellement dans la perception, à la fois la sensation, le caractère d'appréhension de l'objet, et le caractère de croyance et ainsi de suite....

  1. Des questionnements à propos de l'évidence perceptive : Husserl commence par s'interroger sur l'énoncé de l'évidence de tout ce qui vient de précéder. Cette évidence ne peut se comprendre que par la suite de la reconnaissance fortuite des domaines de possibilité de ces énoncés évidents. Il est en effet toujours difficile de comprendre l'évidence possible de ces énoncés. Car la difficulté fondamentale est celle de la compréhension de la constitution dans le phénomène de tout ce qui est objectif qui pointe la manière dont sont constitués et possibles les énoncés évidents, portant sur une objectité qui n'est pas donnée effectivement dans le phénomène.

On peut réduire les questions posées par Husserl, à cinq questionnements :

  1. Comment des énoncés évidents portant sur une objectité qui n'est pas donnée effectivement dans le phénomène sont-ils possibles ?
  2. Comment les comparaisons entre une objectité et les moments immanents du phénomène sont-elles possibles ?
  3. Comment deviendra alors, en outre, compréhensible la croyance perceptive qui se rapporte à l'être effectif du perçu et qui tantôt se “ confirme ”, tantôt se “ dément ”, se détermine de façon plus précise, et éventuellement toujours renouvelée, par de nouvelles perceptions qui amènent l'objet à une donation toujours plus complète, et montrent dans des directions toujours nouvelles ce que l'objet est dans son effectivité ?
  4. Comment tout cela doit-il être compris, pour que dans tous le processus de connaissance ne viennent pourtant jamais à se succéder que des enchaînements de vécus ; et pour que, en dépit de toute l'évidence propre (sous réserves des strictions adéquates) aux jugements portés sur l'objectité on ne puisse assigner aucune place où l'objet soit réellement dans le vécu ?
  5. Comment doit-on comprendre le “ se-constituer ” à ses différents niveaux, en tant que donnée visée et se confirmant progressivement ? A quoi ressemble le se constituer ?

Après ces interrogation, Husserl avance une affirmation en disant : “ l'objectité se constitue dans les vécus ”.

Sur le sens conceptuel de ce vécu, Husserl enchaîne sur l'explication de la manière d'être du “ se constituer ”, sur sa légitimation. C'est ainsi qu'il montre que l'évidence ne doit pas être simplement donnée d'une manière fortuite, car l'évidence des jugements ne peut se construire dans la simple reconnaissance des évidences, mais dans la pure donation du temps de la construction de la conscience évidente elle-même, en tous ses moments.

L'important est donc de poursuivre tous les moments de la conscience, ses mutations, et ce pour la soumettre enfin à une analyse qui, par un pur regard, établit ce que l'on a ici effectivement devant soi. Ce pur regard est celui qui comporte l'essence de tels enchaînements de vécus. Si l’on en croit Husserl, on ne doit alors vivre ni dans les évidences, ni dans la considération fortuitement donnée de celles-ci. On doit à vrai dire analyser toutes les évidences, tout en les considérant purement, pour finir par les analyser de façon immanente. Pour parvenir à cela, on doit donc déterminer ce qui est là, donné de façon absolue et indubitable, en vue enfin d'étudier et d'analyser la possibilité de la visée et de la valeur transcendante dans la sphère de la plus pure immanence, dans la sphère où chaque constatation amène sous le regard, une variété de données qui n'enveloppent absolument rien qui manque de clarté.

C'est ainsi que Husserl pense à rassembler les premières données qui font problème pour arriver à déterminer ce qu'il appelle : les couches supérieures, pour enfin faire valoir progressivement les motifs qui conduisent aux nouvelles enquêtes et les difficultés considérables qui sont liées partout à la transcendance au sein de l'évidence, pour que chaque cas puisse être conduit à sa solution.