§ 13 : Rejet d'une interprétation erronée : L'articulation de la conscience donatrice n'est pas articulation de l'objet.

Husserl va montrer dans ce paragraphe, la différence entre l'identification partielle évidente qui est une conscience constituant la donnée, et le fait de l'objectité. Dire que le fait de la conscience fortuite et immédiate se distingue de celui de l'objectité, est une approche que Husserl utilise pour distinguer les limites entre le tout et la partie. Bien que l'on puisse parfois réduire le tout à l'ensemble de ses parties tout en intégrant une partie dans l'ensemble qui la constitue, on n'a pas le droit malgré tout cela dit Husserl “‘ de mêler ce qui est fait de la conscience constituant la donnée, et ce qui est le fait de l'objectité même’ 818  ”. Cela veut dire que l'articulation de la conscience donatrice de sens n'est pas l'articulation de l'objet. Husserl réfute l'idée de penser que la partie est égale au tout, une idée familière et largement répandue chez des philosophes. Cependant, lorsqu'on affirme que la partie est dans le tout, cela doit être compris du point de vue phénoménologique sous l'idée du sens originaire. C'est-à-dire, que la partie réside déjà dans le tout avant toute analyse. L'égalité entre la partie et le tout est fondée phénoménologiquement non pas sur le principe de la calculabilité de leurs propriétés, mais au contraire sur celui de leur incommensurabilité incompréhensible, inaccessible, nécessaire à mettre en forme et en évidence. L'important pour Husserl est de maintenir le sens originaire de la partie qui est déjà dans le tout. Car si l'on s'astreint à chercher le sens de la partie après l'analyse, celle-ci peut devenir autre chose dans son rapport avec son autre et est le processus qui l'accompagne. L'identification évidente doit arraisonner les totalités partielles pour en extraire la partie évidente cachée sous les partitions des différentes parties de la totalité.

L'effort fournit par Husserl consiste à prendre garde, à mettre à part l'exception de la partie qui fera la règle de l'appréciation objective de l'identification évidente. C'est ainsi qu'il souligne : “ ‘Le tout est partagé, ce n'est que dans l'acte de partition, dans l'acte de mettre en évidence à part, si l'on peut dire de prendre-garde-à à part que la partie devient objective’ 819  ”. Il est donc claire à partir de là que l'exception partielle fait la règle. La partie, du fait qu'elle soit déjà présente dans le tout, elle fut donc en relation de connexion nécessaire avec lui. Par conséquent, la partie est de ce fait égale au tout. L'égalité est fondée sur la critique de la provenance, une méthode qui nous montre fort bien que le retour à l'étude de la genèse de la partie est un enseignement pédagogique qui nous permet d'être en relation directe avec la question de l'origine. L'originalité originaire est donc toujours une partie que nous devons – à en croire Husserl – identifier partiellement. En parlant de l'originalité originaire de la partie, Husserl souligne : “ ‘(...), auparavant, elle doit avoir été déjà "contenue" dans le tout, et nous parlons comme si elle y avait été déjà "contenue" dans le tout, et nous parlons comme si elle y avait été déjà contenue auparavant précisément de la même façon qu'après, après l'appréhension séparée ou dégagement’ 820  ”. La question de l'origine de la partie est ici avancée. Cette origine est une sorte d'essence à l'instar “ ‘de la première strate d'un sol sur laquelle – comme Heidegger le laisse entendre – chaque couche suivante s'érige et s'écroule dès qu'elle est ébranlée’ 821  ”. Mais Husserl a été conscient des conséquences néfastes que cette conception peut engendrer. C'est ainsi qu'il n'a pas hésité aussitôt à se poser la question du devenir de la partie sous le travail de la décomposition partielle, sous le travail de l'arraisonnement a priori et a posteriori de la partie et du tout. C'est ainsi que Hussel s'interroge dans ses cours portant sur la relation entre Chose et espace, sur le résultat de ce qui reste à la partie avant et après l'analyse. Ce qui reste est-il donc de la partie du tout ? Ce qui reste n'est-il pas quelque chose d'autre étranger à la fois à la partie et au tout ? Car après tout, l'analyse modifie et introduit un moment subjectif, falsificateur des objets à arraisonner. C'est ainsi que Husserl va s'aligner sur les propos qui seront ceux d'Adorno. Pour ce dernier en effet, l'origine n'est pas un état, elle est un processus. C'est ainsi qu'il souligne : “ ‘L'art’ ‘ 822 ’ ‘ acquiert sa spécificité en se séparant de ce dont il est issue. La loi de son mouvement constitue sa loi formelle. Il n'existe que dans le rapport à son autre et est le processus qui l'accompagne’ 823  ”.

Evidement, Husserl ne nie pas la définition d'un fait en terme de processus. Ce qui l'intéresse en primer lieu, est le sens de la partie extraite avant et après l'analyse. Husserl s'oppose à la mise en mouvement d'une partie parfaite d'un tout. Il préfère sauvegarder la partie d'une manière relique pour la conserver. Il pense que la perception adéquate des objets n'est pas du côté de la reformulation, du côté de la restauration, mais elle est du côté de la conservation et de la collection. C'est ainsi qu'il souligne dans Chose et espace et plus précisément à la fin du dernier alinéa de ce § 13 : “ ‘L'analyse modifie, elle introduit un moment subjectif, falsificateur, nous n'avons pas un phénomène global qui contient le phénomène partiel, mais nous avons une fois le phénomène dit global, que nous nommons tout avant l'analyse, et après tout quelque chose de tout autre, que nous n'avons pas du tout le droit de faire entrer dans le phénomène global, ou dans nous n'y pouvons faire entrer le contenu sous le nom de phénomène partiel mis en relief’ 824  ”. Qu'est-ce que cela veut dire clairement ? Il y a ici à vrai dire une préparation à la théorie de l'effacement – théorie qui sera reprise par Heidegger dans Qu'est-ce qu'une chose ? Le contenu de cette idée, est que l'historialité de la chose est la seule possible à instaurer le vrai sens de l'acte de penser. Car l'extension du pouvoir cognitif trouve son fondement dans l'extension du pouvoir physique. L'objet est dit historial parce qu'il ouvre un domaine des possibilités non pas qui sont déjà-acquises, mais qui restent en réalité à acquérir. Autrement dit, Heidegger comme Husserl s'opposent au processus analytique élaboré par la pensée imaginaire, qui analyse, qui commente à travers des mots et des avis particuliers tout en procédant par le processus de la critique de la provenance qui se retourne vers l'historicité des faits objectifs. D'ailleurs, François Guéry qui prolonge aujourd'hui ce débat, a bien vue – dès ses premiers travaux – que “ tout travail intellectuel n'est que de la merde et ne fait accoucher que de la merde 825  ”. Car plus on pense plus on se fatigue, l'important est – à l'en croire – serait peut être d'arrêter de penser : d'apprécier les choses comme elles se présentent. Du point de vue de la connaissance il y a ici en vérité une mise en forme d'une épistémologie sans le sujet pensant qui fut déjà chère à Karl Popper.

L'important sont donc les analyses des phénomènes en propres qui se donnent à la connaissance humaine, qui est elle-même analytique. En réalité “ nous analysons le processus de l'analyse ”, dit Husserl. Nous procédons ainsi pour dégager la partie du tout lorsque nous y désignons la perception globale au commencement de l'analyse. Car rien ne distingue la partie avant et après l'analyse. Elle est une totalité absolue, que l'identification auto-positionnelle s'astreint à poser d'une manière directe puisque la partie et le tout sont amenées à coïncider sous le processus analytique. Cependant, la partie est égale au tout, car les deux sont soumises au processus synthétique. Voilà la raison pour laquelle Husserl souligne : “ ‘Dans l'identification auto-positionnelle, la perception d'un tout et la perception de la partie sont amenées à la synthèse’ 826  ”.

Du côté de la conscience définie en terme d'objectité : en terme d'état de fait, factice, possible à mettre en forme, il se passe “ bien des choses ”, dit Husserl. La conscience s'écoule dans le temps et dans l'espace selon des manières tout à fait apparentes. Puisqu'elle est ainsi, alors toute partie de la totalité de la conscience est définie dans l'évidence de l'apparition. Cette évidence ressort d'ailleurs de l'affirmation fortuite et habituelle qui consiste à dire que “ le tout possède la partie ”. Dans cette affirmation, on entend guère dire que le tout possède la partie après ou avant l'analyse : même le langage ordinaire témoigne de la totalité de la partie sans chercher à la prouver après ou avant l'analyse. L'auto-position doit cependant prendre en considération et pour objet, la conscience d'évidence. Mais qu'est-ce que la conscience d'évidence ? Elle est répond Husserl celle qui nous permet d'accéder à l'objectité qui affirme que le tout possède la partie. Elle est la vraie existence que Husserl propose de nommer : “ Dasein ”. Ce dernier est donc la conscience-de-donation du tout avec laquelle débute un sujet objectivant. Car la conscience auto-positionnelle malgré les différentes transformations qu'elle peut subir, demeure inaltérée. Le regard auto-positionnel prend conscience de tout ce qui l'entoure, de tout ce qui est immédiat. Il se donne comme objet, la conscience-de-la-donation. Cette dernière prend forme dans le processus de la taxonomisation des faits objectivant, une technique qui distingue, qui classe, et qui arraisonne les faits en les nommant.

De ce processus de la taxonomisation comme science des classifications, Husserl arrive pourtant à celui de la taxinomisation comme science des objectifs. C'est ainsi qu'il pense que “ Ce sont la donation et la donation absolue de l'objectité et de ses parties qui font (ausmacht) la conscience que nous nommons la première conscience d'évidence 827  ”. Cependant, le phénomène ne doit pas s'altérer lorsqu'on se donne la possibilité de ne pas mélanger la conscience et l'objet. La conscience qui est toujours conscience de quelque chose, permet la donation de l'objet. Elle est aux yeux de Husserl une conscience auto-positionnelle.

Mais si l'on s'astreint à déterminer le genre de relation qui existe entre la conscience et l'objectité dans son être, alors on s'aperçoit d'abord que la conscience n'aborde jamais d'une manière fortuite l'objectité de l'être de toute espèce ; et ensuite, cette même objectité opère avec l'objet d'une manière tout à fait naturelle et objective selon des changements précis. L'opération objectivante en direction des objets est première par rapport au travail spéculatif de la pensée. C'est ainsi que le “ JE ” sujet arrive enfin à opérer aussi bien avec la conscience qu'avec l'objet. Ce “ Je ” est une chose nouvelle qui effectue et réalise quelque chose avec la chose. Si pour Heidegger le "Je" sujet (en tant que chose parmi les choses), doit s'effacer devant ce qu'il aperçoit, alors pour Husserl sa chosiété se manifeste dans le travail de l'accomplissement, de la réalisation de quelque chose avec la chose. Il accompagne la chose sans pour autant la quitter. Il accomplit avec elle des actes de penser. La chose n'est chose que par la forme que “ Je ” sujet lui impose. La technique de l'arraisonnement de la chose par la pensée, est une approche de la phénoménologie méthodologique, qui s'astreint (par le travail de la pensée dans les choses) à intuitionner, à mettre en relation, à rattacher des éléments, des notions, des états de faits etc. Par conséquent, la chose n'est donnée au “ Je-sujet ” que sous la forme qui lui est imposée.

Husserl se heurte à partir de là, à la définition de l'acte de penser du “ Je ” sujet. Celle-ci trouve son sens dans la réduction phénoménologique à travers laquelle l'attitude de l'esprit naturel est en relation de connexion nécessaire avec des vérités allant de soi. L'esprit découvre dans son ouverture à l'égard des choses, quelques liaisons logiques qu'il reconnait en elles. De ce fait, tout propos portant sur un objet et sur un être objectif, est un phénomène qui a son propre fait singulier. La singularité s'explique enfin de compte par l'enchaînement des états de fait de la conscience, qui à travers le processus de l'auto-position accède à la donation absolue. C'est donc le fait de la conscience qui prime sur la pensée. Ce fait est un fait pratique, objectif et objectivant.

Husserl nous rappelle ici la définition Kantienne du fait de la raison (factum), un fait qui pénètre de l'intérieur la causalité phénoménale pour y poser des états d'âmes, des facultés de juger ou de désirer. Ce fait qui est – si l'on en croit Kant – insaisissable, incompréhensible, mais nécessaire, est aussi aux yeux de Husserl marqué par un enchaînement, qui fait de lui un processus et non pas un état. Voilà la raison pour laquelle Husserl souligne : “ C'est donc dans de tels enchaînements que se légitime tout sens des mots de “ sujet connaissant ”, de “ je pensant ” et autres semblables, ce qui est bel et bien, encore une fois objectité 828  ”. Qu'est-ce que cela signifie t-il ?

Il y a là du point de vue philosophique un rappel du sens de l'acte de position. Si les objets – comme disait Aristote sont posés – alors leurs sens peut être déduit concrètement de notre attitude à les questionner. En effet, le questionneur dans sa relation à l'égard du répondant en tant qu'objet, ne fait que de penser dans l'extension du pouvoir physique de la chose. Voilà la raison pour laquelle Husserl laisse penser le “ Je ”en terme de chose pensante. Dans cette perspective, il nous fait rappeler le débat quant à l'acte de penser, un débat qui fut entre Descartes et Gassendi. Le dernier reprochait en effet au premier d'avoir négligé le sens de l'acte de penser. Car pour Gassendi le Je sujet est d'abord une chose pensante. Cependant, Descartes aurait pu dire : “ je suis pensée ”, au lieu de “ je pense donc je suis ”. Le sens de l'objectité est donc proche de la chose qui palpite de la vie et du sens à caractère paradigmatique et syntagmatique. C'est ainsi que Husserl souligne :”‘ Objectité – avec ce mot l'on pense ici à l'objectité chosique, choses, propriétés, états-de-choses chosiques, et semblables’ 829  ”. Cette définition, va servir à Husserl de principe pour donner un sens nouveau à la conscience. Cette dernière qui est toujours conscience de quelque chose est aussi quelque chose d'objectif : une chose originaire qui se constitue dans la conscience. C'est pour cette même raison que Husserl commence dans le dernier alinéa de ce paragraphe 13 par une précision qu'il juge capitale en disant : “ ‘Or la conscience, tout ce qu'enveloppe ce terme, perception, intuition en général, jugement et choses semblables, est aussi, au sens large, quelque chose d'objectif et est soumis à la même loi que prescrit le sens d'objectité. Mais cet objet a un privilège qui justifie d'opposer, de manière fondamentale, conscience et objet au sens strict, à savoir dans la mesure où toute objectité transcendante a son fondement originaire et support dans l'objectité au sens large que nous nommons conscience. La chose se constitue dans la conscience ; c'est par une intentionnalité qui se fait jour selon une loi d'essence dans des enchaînements de conscience d'espèce déterminée, ou qui leur est essentiellement propre, que cette chose et son être effectif prennent sens’ 830  ”.

Husserl veut dire à partir de là que les lois d'objectité (qu'il vient de mentionner et de définir comme étant des états de choses chosiques), sont aussi celles de la conscience. Mais il précise – tout en employant la terminologie : “ Objectité transcendante ”, héritée de Kant – que ces lois sont objectives. C'est-à-dire, d'une part, elles s'imposent à nous comme un fait pour la raison, et d'autre part elles pénètrent la causalité sensible de l'intérieur tout en arraisonnant les faits factices. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle Husserl précise que toute causalité, que toute conscience qui est conscience de quelque chose, doit “ faire jour ” : elle doit se manifester concrètement. Et pour qu'elle puisse faire (ausmacht) la donation et la donation absolue de l'objectité et de ses parties, que nous nommons la première conscience de l'évidence, la conscience doit dès lors être effective dans tous ses enchaînements spéciaux et déterminés. Car toute conscience présuppose une intention indissociable des enchaînements causales, qui sont par essence insaisissable, incommensurables, mais calculables. Husserl ne s'arrête pas là. Il précise que la conscience en tant qu'être absolu n'est pas être chosique, du moment qu'elle est indissociable des enchaînements intentionnels qui la fondent. C'est ainsi que Hussel souligne : “ ‘Mais la conscience elle-même est être absolu, et pour cette raison précisément, n'est pas être chosique. La stricte auto-position la fait accéder en tant qu'absolue à la donation, elle est ce qui est donné dans le pur regarder ; elle est un terme identifiable, et pour cette raison, aussi objet, mais elle n'a pas à se constituer dans des enchaînements de la conscience et dans le sens qui les relie synthétiquement ; elle est simplement et se trouve regardée’ 831  ”.

Husserl veut mettre l'accent ici sur une esthétique du comportement cognitif, surtout lorsqu'il fait allusion d'une manière implicite à la physiognomonie de Lavater pour qui l'homme ne peut être reconnue qu'à son visage. Dire que la conscience se trouve regardée, est en soi une approche comportementaliste. On sait que les sciences du comportement et de l'environnement mettent l'accent sur l'être-apparent-réalité, et ce pour comprendre les actes véritables qui se manifestent à travers le regarder. Car l'homme a l'oeil : une manière de mettre en forme le réel, de l'énoncer. Tout énoncé présuppose aussi une énonciation qui se manifeste à travers des actes. Et même l'oeuvre d'art – comme le disait Adorno – est en elle-même un comportement. Cependant, l'homme qui a l'oeil doit montrer, car il possède cette capacité qui lui est propre comme un être en puissance. D'ailleurs, cette puissance sera cultivée par Heidegger, qui laissera entendre que l'homme est un “ mons-tre ”, c'est-à-dire, qu'il possède une capacité d'apporter les mots aux faits et de démontrer. Car comme Hegel l'avait déjà laissé penser, “ la parole est d'abord aux faits ”. Si pour Hegel les faits sont autonomes, s'ils n'ont pas besoin de la conscience pour les faire apparaître et les faire valoir, alors il n'en va pas de même pour Husserl, pour qui le monde est porté par la conscience, qui, elle, n'a pas besoin de support. Car elle est autonome et autosuffisante. Il y a ici un dépassement de Hegel par Husserl. Si le premier a laissé entendre que la conscience, l'intention, la certitude sensible sont des faits qui ont besoin de l'objet pour se manifester 832 , alors il n'en va pas de même pour le second, qui pense que la visée intentionnelle peut être à son tour objet de visée qu'elle n'est pas toujours une constitution d'enchaînements causales à caractère combiné. Les enchaînements de la visée ne sont pas des enchaînements de faits. Car les premiers à l'opposé des seconds sont infiniment incommensurables, insaisissables dans leurs enchaînements à l'infini.

La conclusion de ce paragraphe, qui annonce l'achèvement de la deuxième section de Chose et Espace , porte sur une critique à l'égard du psychologisme. Cette critique porte sur le rejet par Husserl de certaines opinions déjà admises comme “ vraies ”. Celles-ci sont propres au solipsisme psychologique qui pense la chose en terme d'enchaînement d'actes psychiques inhérents aux représentations, aux perceptions et aux jugements a priori qui s'opèrent dans le Je pensant. Par conséquent toute information n'est pas toujours une formation. Le solipsisme psychologique met l'accent sur la présentation des actes sous des formes enchaînées dans la conscience a priori. Ces actes témoignent des différents degrés d'implications du Je-sujet dans des situations concrètes. Mais le solipsisme psychologique ignore l'incommensurabilité de l'acte, qui rend impossible l'accès directe à l'intention auto-positionnelle. Car – comme nous venons de le voir dans la critique de Gassendi dirigée à l'encontre de Descartes – le je pensant n'est pas une pensée proprement dite, mais une chose pensante. C'est pour cette même raison que Husserl note :

‘“ La réduction phénoménologique n'est assurément pas la réduction solipsiste, et le Je est bien lui-même un objet chosique, qui ne se constitue que dans le complexe intentionnel et ses formes essentielles, et qui ne se légitime que par là’ 833  ”. La légitimation du "La" de la chose" passe donc par la reconnaissance de la forme de l'intention qui se manifeste à travers l'apparence-réalité de la conscience auto-positionnelle. La conscience pure qui est l'objet de la connaissance phénoménologique est celle qui est déjà-là, constituée dans les enchaînements des états connaissants. La pensée du Je-sujet n'est pas un simple état mais un processus complexe que l'on doit arraisonner pour en discerner les différents sens.

Notes
818.

Ibid.

819.

Ibid.

820.

Ibid.

821.

Voir la reprise critique par Adorno, de ce propos de Heidegger in Théorie esthétique, op. cit. p : 16.

822.

Toute oeuvre peut être considérée comme une partie du grand Art.

823.

Ibid.

824.

Husserl 1907, op. cit.

825.

Guéry (F.), Lou Salomé, génie de la vie , op cit.

826.

Husserl 1907, op cit.

827.

Ibid.

828.

Ibid.

829.

Ibid.

830.

Ibid.

831.

Ibid.

832.

Hegel a laissé entendre que c'est dans l'art que le peuple a déposé ses idées les plus hautes.

833.

Husserl 1907, op. cit.