I : Les réponses perceptives.

1 : la détection d'un stimulus :

Pour détecter un stimulus, Paul Fraïsse pense que le sujet doit être prêt à en affirmer l'existence, soit verbalement, soit d'une manière motrice. C'est ainsi qu'il souligne : “‘Le mode de réaction le plus simple est "je perçois" ou je "ne perçois pas" ’” 1059 . Cela correspond en effet à l'affirmation phénoménologique, qui considère les choses du monde comme étant d'une part mieux réparties, et d'autre part, présentes comme déjà-là, qu'elles s'imposent à nous, à notre raison comme un fait dont on ne peut guère douter. Si toute conscience est conscience de quelque chose, alors on peut dire aussi avec Paul Fraïsse, que toute aperception est perception de quelque chose. Sur ce point précis il ne peut donc y avoir d'altération entre phénoménologie et psychologie expérimentale. Voilà la raison pour laquelle nous considérons que la phénoménologie est à l'étude des phénomènes physiques, ce que la psychologie expérimentale est à l'étude des processus psychique expérimentaux. La ressemblance des rapports est fondée sur la possibilité de la mise en forme des différentes formes d'acquisitions des savoirs dans le monde. Toute réponse à une stimulation peut avoir lieu soit d'une manière directe et fortuite (comme l'est le cas pour une réponse à une stimulation ordinaire), soit d'une manière organisée (comme par exemple le cas d'une réponse issue de l'organisation de nos réflexes), soit enfin d'une manière systématique (comme cela arrive souvent par conditionnement).

Cette manière de concevoir l'organisation des différents modes de détection d'un stimulus correspond en effet à ce que Merleau-Pont a déjà pensé en terme de possibilité de l'organisation du monde, sur lequel on doit s'ouvrir, pour y poser nos manières d'être et de voir, qui sont des faits factices. Si le je sujet-pensant, – comme Husserl, Heidegger et Merleau-Ponty l'ont laissé penser – possède un pouvoir de décision lorsqu'il est en relation de connexion nécessaire et réciproque avec des phénomènes, alors il en va de même pour Paul Fraïsse qui pense que la chose du monde la mieux partagée et la mieux répartie est la réponse perceptive qui est à ses yeux unique, qui prend en compte les divergences qui existent entre les phénomènes apparents. Cela veut dire aussi que l'être des choses – comme Aristote l'avait déjà pensé – se prend en plusieurs acceptions, qu'il n'est pas une simple homonymie. Si l'acte de la visée, – comme le pense Husserl – organise les choses du monde de l'apparence, alors il en va de même pour l'acte perceptif qui (aux yeux de Paul Fraïsse) possède un pouvoir organisationnel. Voilà ce qui nous amène au second aspect : l'organisation de la réponse perceptive.

Notes
1059.

Ibid p : 23.