5 : le contexte social :

L'environnement social joue un rôle déterminant dans la perception. Notre perception en effet s'effectue au sein d'un système de valeurs morales, éthiques et politiques. L'approche systémique a largement démontrée que même l'École (dans laquelle le maître est amené à percevoir des comportements de ses élèves) est un système. Par exemple, au sein d'un système de valeurs, on peut obéir et répondre aux informations que l'on rencontre d'une manière fortuite. Toute chose qui s'impose à nous comme un fait déjà-là, est notre chose et nulle autre, disait déjà Heidegger. Le groupe social est une composante de toute perception mondaine. Car lorsqu'on observe et on aperçoit une chose, celle-ci n'est pas une feuille d'automne qui tombe sous les effets du “ hasard naturel ”, elle est au contraire mise en forme partout un groupe qui l'a conservé et qui s'apprête à la mettre en mouvement et en évidence. La chose perçue ne vaut rien si elle n'est pas appréhendée par des sujets qui se donnent le temps de la contempler ou de la mettre en mouvement. Voilà la raison pour laquelle Paul Fraïsse note ouvertement que: “ Cette influence du milieu social est particulièrement importante dans les perception a valeur affective ou esthétique. Elle s'exerce, certes, par l'intermédiaire des attitudes plus ou moins permanente du sujet 1074  ”.

Après avoir évoqué les travaux de Paul Fraïsse quant au sens de la relation entre perception et la sensation, voyons maintenant si du point de vue pédagogique ce sens a t-il était maintenue ou a t-il était voué à des altérations voulues par Maurice Reuchlin ? Pour se faire, nous allons donc nous référer au chapitre IV intitulé : Les grands domaines de recherche et d'application de l'ouvrage : Guide pratique de l'étudiant en psychologie. Parmi ces grandes fonctions, Maurice Reuchlin cite la perception et la sensation. L'auteur traite de ces grands domaines de recherche et d'application d'une manière simpliste et concise. Pourquoi alors cela fut-il ainsi ? Qu'en est-il du sens que l'auteur du Guide pratique de l'étudiant en psychologie attribue t-il à ces deux domaines de recherche et d'application ?

Après avoir affirmé la difficulté qu'ont les psychologues à trouver un classement aux diverses activités de recherches en psychologie y compris la sensation et la perception, Maurice Reuchlin pense que toutes les activités de recherches en psychologie peuvent être regroupées en une méthodologie de recherche qui sera l'oeuvre de deux grandes classes : la psychologie expérimentale, basées sur l'expérimentation et la psychologie clinique basée sur l'étude approfondie des cas individuels. Ces deux grandes classes incarnent deux domaines de recherches possibles où sensation et perception sont amenées à coïncider. Pour Maurice Reuchlin, le champs perceptif est déjà organisé d'avance puisqu'il se structure spontanément à fur et à mesure que le sujet l'observe d'une manière fortuite sans pour autant chercher à l'arraisonner pour en extraire des modèles perceptifs. Cela est un retour à l'organisation fortuite du monde sensible dont Merleau-Ponty et Husserl n'ont pas cessé de rappeler l'autonomie organisationnelle. Le monde est là présent organisé à partir des liaisons logiques reconnues dans les choses de son apparence. La référence de Maurice Reuchlin à la Gestaltthéorie (psychologie de la forme), sans pour autant expliquer à un grand public large ce qu'elle signifie, n'est pas un hasard. D'ailleurs Merleau-Ponty et Paul Fraïsse avaient déjà avancé que la psychologie de la forme témoigne fort bien de l'organisation du monde de l'apparence car lorsqu'on observe le monde, on aperçoit d'abord son organisation totale avant d'en distinguer les différentes séries possibles. La totalité organisationnelle crée en effet un monde d'absolue-liberté où l'on s'astreignent à une taxonomisation des différents états de faits qu'incarne le monde qui est déjà-là, auquel on se heurte comme on se heurte à un étant. Bien que la phrase du vulgarisateur (Maurice Reuchlin) soit si courte, il n'empêche que son sens est lourd de signification. En effet, lorsque l'auteur du Guide pratique de l'étudiant en psychologie souligne : “ ‘Le caractère structuré et organisé de la perception a été fortement souligné par la psychologie de la forme (Gestltthéorie), théorie selon laquelle le champs perceptif se structure spontanément’ 1075  ”, il voulait par là même mettre l'accent (sans l'affirmer explicitement) sur la notion du monde définie par Heidegger en terme de tâche. De la même manière que Merleau-Ponty vient de le faire, Maurice Reuchlin nous invite à assumer le monde en terme de tâche puisque son organisation en séries combinées créant des domaines de possibilités nous interpellent à l'arraisonnement et à l'exploitation de ce monde. L'organisation intrinsèque inhérente à ce monde, témoigne de son autonomie à l'égard des sentiments de jouissance du sujet pensant. Les lois qui expliquent cette organisation fortuite sont celles de l'organisation du champ perceptif. En effet dans sa référence aux gestaltistes, Maurice Reuchlin évoque la loi de proximité et de similitude, une loi qui montre la possibilité de la comparaison des stimuli semblables et proches les uns des autres. Si la ressemblance est une identité dans la différence, alors cette loi (comparaison c'est raison) peut être validée lorsqu'on s'astreint à l'ouverture aux choses du monde les mieux réparties et les mieux organisés. C'est la raison pour laquelle Maurice Reuchlin souligne : “ ‘Les gestaltistes ont énuméré toute une séries de lois concernant les règles d'organisation du champ perceptif, par exemple la loi de proximité et de similitude : les stimuli semblables ou proches ont tendance à se regrouper pour constituer des formes. La forme est renforcée par toute une série de facteurs : clôture et continuité (d'une courbe ou d'un ensemble de points), simplicité géométrique, symétrie. Les formes sont perçues sur un fond relativement indifférencié, et figure et fond s'influencent mutuellement. Ces lois ne s'appliquent pas seulement aux perceptions visuelles, on les a mises également en évidence dans le domaine auditif. Dans la perspective de la théorie de la forme, les illusions sont expliquées en faisant appel au principe de la "bonne forme" : un groupe de stimuli s'organisera selon la meilleure forme possible’ 1076  ”.

Ce passage, témoigne de la vieille conception : l'organisation intrinsèque du monde sensible, dont Aristote pensait déjà l'illustration des formes vivantes au lieu d'en prouver l'existence par rapport à un sentiment arbitraire ou conventionnel. Cette organisation, qui témoigne de l'autonomie du monde, sera aussi la conception de Husserl, de Heidegger et de Merleau-Ponty. Sur ce point on peut donc affirmer la réussite de la transposition didactique de l'organisation mondaine, qui surgit du texte de la vulgarisation qui a choisit l'argument de l'illustration par l'exemple pour expliquer et affirmer l'autonomie organisationnelle du monde du champ perceptif. Dire avec Maurice Reuchlin que "‘la forme est renforcée par toute une série de facteurs’", revient enfin de compte à penser que le monde est d'une part formel : il se donne comme un fait à la raison spéculative qui doit se donner le temps pour son arraisonnement ; et d'autre part ce même monde est organisé en série : qu'il incarne un principe logique à savoir le principe de la combinatoire au sujet duquel nous avons déjà fait remarquer avec Roland Barthes 1077 l'extension organisationnelle en séries incommensurables. L'organisation du monde nous force à admettre avec Maurice Reuchlin le principe cartésien : l'harmonie du monde, que nous avons déjà avancé avec Descartes dans la règle VI des Règles pour la direction de l'esprit. Pour Descartes en effet, l'ouverture sur le monde des choses organisées est une méthode que le chercheur doit se tracer “ ‘Pour distinguer les choses les plus simples de celles qui sont compliquées et pour les chercher avec ordre, il faut, dans chaque série de choses où nous avons déduit directement quelques vérités d'autres vérités, voir quelle est la chose la plus simple, et comment toutes les autres en sont plus, ou moins, ou également éloignées’ 1078  ”. A en croire Descartes, il existe une relation de connexion réciproque entre les choses simples et les choses composées. L'égalité entre le tout et la partie est fondée sur l'incommensurabilité de l'une et de l'autre. Cette même idée sera soutenue par le vulgarisateur Maurice Reuchlin qui soutient aussi la relation de connexion réciproque entre forme et fond. C'est ainsi qu'il note : “ ‘Les formes sont perçues sur un fond relativement indifférencié, et figure et fond s'influencent mutuellement’ ”. Cela veut dire aussi qu'il existe un lieu commun où la forme et le fond s'organisent mutuellement pour fonder un monde incommensurable et indifférencié. Au sujet de ce monde les expérimentalistes pensent que rien n'est donné, tout est objet de construction sur la base de l'appréciation de l'organisation en séries des illusions apparentes. La bonne forme n'a pas besoin d'être construite arbitrairement, elle est un déjà-là susceptible d'être appréciée, repensée et mise en mouvement puisqu'elle s'organise automatiquement d'une manière autonome et imprévisible. Dans le monde des choses, les imprévus formels se multiplient à l'infini. Le monde n'est pas une sphère close, il est infini. C'est ce que le texte pédagogique laisse entendre tout en témoignant de l'extension des possibilités pédagogiques lorsqu'il est question de la refomulation des expressions et de l'organisation des formes visuelles ou auditives 1079 . Dire avec Reuchlin que toute chose est organisée selon la meilleure forme possible, revient enfin de compte à penser l'organisation en séries, qui émerge des liaisons logiques que l'on peut reconnaître dans les choses du monde de l'apparence. Par conséquent, l'apparence est une réalité factice susceptible d'être arraisonnée et appréciée.

La cohérence et l'harmonie du monde réel sur lesquelles Aristote (pour la pensée antique) Husserl, Heidegger et Merleau-Ponty (pour la pensée moderne) ont largement insisté, est une conception qui est chère au texte pédagogique de Maurice Reuchlin. Ce dernier le souligne fort bien tout en laissant entendre la possibilité d'une étude classificatoire et taxonomique des différentes niveaux de la cohérence et de l'harmonie mondaine. C'est la raison pour laquelle il note : “ ‘L'univers dans lequel nous nous mouvons et agissons est perçu comme étant stable et relativement cohérent. On étudie la mise en place de cette cohérence en analysons la coordination des informations provenant des diverses modalités sensorielles, les mécanismes correcteurs à l'oeuvre lorsque certaines informations sont biaisées, les conditions permettant de concevoir l'existence des objets alors qu'ils sont physiquement absents (permanence de l'objet), la constitution d'un système de coordonnées spatiales’ 1080  ”. Cela veut dire – et si l'on se réfère aux textes de Paul Fraïsse dans son Que sais-je ? – que tous ce qui est éprouvé, peut être prouvé par l'expérience qu'on en fait dans le monde sensible. Par contre si l'on se réfère aux systèmes philosophiques que nous venons d'exposer, on peut dire avec Aristote, Husserl, Heidegger et Merleau-Ponty, que le monde est animé par une organisation, que Chaïm Perelman et Lucie Olbrechts-Tyteca dans le Traité de l'argumentation qualifient de relations organisées, fondées sur la présence inaltérable, des liaisons logiques reconnues dans les choses du monde sensibles les mieux réparties. Mais ce qui fait problème dans le texte du vulgarisateur : Maurice Reuchlin c'est l'expression : “ stable et relativement cohérent ”. Cette expression est avancée pour désigner la place de la perception de l'univers par le sujet. Autrement dit : la stabilité, l'harmonie et la cohérence de l'univers n'ont de sens que pour le sujet qui les aperçoit. C'est ainsi que le texte pédagogique humaniste dépasse les autres textes philosophiques empiristes, qui mettent l'accent sur le principe de l'effacement de la pensée humaine devant les choses qu'elle aperçoit. C'est à partir de là que l'on passe maintenant avec le texte pédagogique d'une argumentation fondée sur la structure du réel à une autre qui la fonde. L'auteur-vulgarisateur note : “ ‘Les réponses perceptives sont fonction des attentes du sujet. Le temps nécessaire à la reconnaissance des mots présentés pendant des temps très brefs au tachistoscope est d'autant plus court que ces mots sont plus fréquents dans la langue et plus probable pour le sujet en fonction de la situation. Le sujet utilise dans la perception, outre les données actuelles, son expérience antérieure. La non-concordance entre les données présentes et l'expérience antérieure peut être une source de distorsions : en vision rapide une carte de trèfle réalisée en rouge est perçue comme étant gris-rouge ; des petites figures, un coureur est perçu comme se déplaçant plus rapidement que l'étoile. Les facteurs motivationnels peuvent faciliter ou, au contraire, inhiber la perception ; la durée nécessaire à la reconnaissance des mots au tachistoscope est réduite lorsqu'on donne des récompenses ; elle est plus longue pour des mots "tabous" (en rapport avec les activités sexuelles par exemple) que pour des mots ordinaires dont la référence d'emploi est identique’ 1081  ”.

Pourquoi donc l'auteur du Guide pratique de l'étudiant en psychologie introduit-il (à cet endroit précis) la perception dans sa relation avec les attentes du sujet ? Il le fait pour se démarquer en fait de l'attitude empiriste dogmatique et pragmatique de l'ontologie existential dont Heidegger pense qu'elle doit être l'objet de l'analyse et de l'explication de tous les faits de l'apparence. L'auteur du Guide... veut donc mettre l'accent (tout en s'orientant d'une manière implicite et indirecte) vers le principe husserlien à savoir l'acte de la visée autopositionnelle, un acte qui vise en direction des choses à travers une manière d'être et de montrer les choses tout en les nommant. En notant que : ‘“ Le sujet utilise dans la perception, outre les données actuelles, son expérience antérieure ’”, Maurice Reuchlin est donc plus du côté de la logique de la psychologie de la recherche scientifique (Thomas Kuhn), que du côté de la logique de la découverte scientifique (Karl Popper). Faire intervenir le sujet comme étant responsable de toute réponse perceptive, revient en fait à rappeler le principe de l'épreuve dont Paul Fraïsse pense que la détection d'un stimulus repose sur le mode de réaction du sujet qui s'apprête à percevoir ou à ne pas percevoir. C'est ainsi qu'il vient de souligner que : “ ‘le mode de réaction est simple : je perçois ou je ne perçois pas ’”. Le Je-sujet (si l'on en croit le texte pédagogique de Maurice Reuchlin), médiatise le stimulus qui se donne à détecter, et les réponses perceptives, qui se donnent sous formes de réactions. Cependant, si le schéma de Paul Fraïsse repose sur la médiatisation de deux composantes : le stimulus et la réponse, par la variable personnalité dont témoigne le schéma (SPR), alors dans le texte pédagogique de Maurice Reuchlin ce schéma subit un autre traitement qui est différent puisque pour l'auteur l'accent est mis sur les particularités subjectives de chaque sujet pensant. C'est ainsi qu'on passe du précédant schéma, à un autre qui est d'une autre nature à savoir le sujet qui médiatise le stimulus et la réponse. Nous proposons de traduire ce schéma par : Stimulus
Sujet
Réponse perceptive (S
S
R).

Introduire le sujet en tant que facteur déterminant de toute réponse perceptive, n'est donc pas un hasard. Car tout l'effort pédagogique repose sur l'intervention permanente d'un autre Je, sujet de la formation permanente, pour éduquer, former et réifier les opinions admises en les insérant dans un système éducatif. Celui-ci peut être l'objet d'un effort interactif entre ce qui se passe dans la tête des sujets dès lors qu'ils sont en situation, et l'effort pédagogique qu'un système de formation soumet à leurs acquisitions. Voilà la raison pour laquelle le texte pédagogique du vulgarisateur Maurice Reuchlin est plus du côté de l'historicité que du côté de l'historialité, car comme il le note fort bien : le sujet utilise dans la perception, outre les données actuelles, son expérience antérieure. Mais qu'en est-il donc de cette expérience antérieure ? Est-elle un fait historique ou historial ? Est-elle un toujours-déjà ou un déjà-là ? La réponse à ces questions ressort d'un exemple bien choisi (qui se transforme en illustration), à travers lequel l'auteur se force à démontrer l'aspect historique de l'expérience antérieure de tout sujet raisonnable et pensant. L'exemple dont il est question ici est celui de la perception des mots dans un langage articulé. D'abord l'auteur rejette la similitude entre les données qui se présentent comme des déjà-là présentes, actuelles, et les expériences antérieures réalisées par un sujet donné à un moment donné de son histoire. Ce rejet est fondé sur l'incommensurabilité du temps de la perception d'un mot dans un langage articulé par des sujets interprétant des situations vécues dans le passé. Pour apercevoir il faut donc (si l'on en croit le texte de la vulgarisation pédagogique) nous tracer la technique de la critique de la provenance des mots qui se transforment et se réactualisent dans le rapport avec le sujet qui parle avec ses propres signes tout en les interprétant dans son rapport avec l'autre et est le processus qui l'accompagne. Ce temps n'est pas rapide. Il est long. A son sujet on doit donc rappeler ce que Rousseau et Nietzsche ont en pensé. Le premier disait en effet que le temps en éducation il vaut mieux en perdre que d'en gager, alors que le second a laissé entendre la possibilité d'une lente lecture pour pouvoir comprendre le sens des mots dont use chaque sujet particulier, cultivant son propre caractère exceptionnel comme étant la loi de sa propre liberté. Il existe donc deux sortes de perceptions : l'une qui est rapide (comme par exemple la perception d'un objet : carte de trèfle), l'autre qui est longue comme par exemple la perception de certaines mots tabous, que l'on ose même pas parfois prononcer rapidement. Cela peut-il donc correspondre à ce que Husserl disait de la perception lorsqu'il a tenu à la classer selon deux niveaux différents ? Pour répondre rappelons d'abord ce que Husserl pensait de cette classification. Pour lui en effet, il existe deux niveaux de perceptions :

  1. la constitution originaire de l'objet empirique.
  2. la manifestation de l'objectité empirique dans l'expérience inférieure.

Evidemment ce que Husserl prononce d'une manière philosophique à haute densité discursive, le texte pédagogique se donne l'effort de l'exprimer d'une manière simpliste. Si pour Husserl les deux niveaux de perception peuvent faire l'objet d'une saisie empiriquement valable, alors pour le texte pédagogique du vulgarisateur Maurice Reuchlin, les deux niveaux existent bel et bien. L'auteur se force simplement à les décrire sans pour autant opter pour valider l'intérêt de l'un ou de l'autre. Cependant, le texte pédagogique est descriptif, alors que le texte philosophique de Husserl est presciptif, de la même manière que le texte scientifique de Paul Fraïsse, qui s'est forcé dans le Traité, à valider la possibilité de la détection objective d'un stimulus, dès lors que la variable personnalité d'un sujet est préparée à ce but. Avec le texte pédagogique de Maurice Reuchlin, il ne s'agit pas de la détection (d'une même manière) d'un stimulus de la perception et de la réponse perceptive, car les deux temps sont différents. Le temps de la didactique et de la pédagogie est un temps long puisqu'il s'astreint à la recherche et à la donation du temps de la perception, alors que le temps de la réponse perceptive est court puisque le sujet répond immédiatement à toute appréhension. L'auteur ne fait que remarquer et constater la perception de la durée, qui se divise à ses yeux en la perception des mots tabous et des mots ordinaires. Le temps de la compréhension et plus long que celui de l'appréhension. L'auteur du Manuel introduit une nouvelle dimension de la perception à savoir la possibilité de la mesure des deux temps. Cela n'existe pas chez les auteurs des textes philosophiques et scientifiques. L'outil : le tachistoscope, comme instrument de mesure de la perception n'est pas un outil fiable bien que le temps qu'il se donne à la perception d'un mot soit plus court que celui que l'on réalise dès lors qu'on est en situation interactive d'homme à homme. L'auteur du texte pédagogique laisse entendre d'une manière implicite la possibilité de soutenir l'argument de Rousseau : le temps en éducation il vaut mieux en perdre que d'en gagner. D'ailleurs cela va se préciser dans les paragraphes que l'auteur Maurice Reuchlin pédagogue et vulgarisateur va faire suivre lorsqu'il a consacré l'étude expérimentale de la perception à des domaines divers des activités intellectuelles comme l'apprentissage, la mémoire, le langage et la motivation.

La remarque générale que l'on peut faire à propos de ces textes que Maurice Reuchlin a consacré à l'étude des domaines de recherches et d'applications est que l'auteur-vulgarisateur substitue dans son texte pédagogique l'étude de la perception à d'autres domaines de recherche et d'application : l'apprentissage, la mémoire, le langage et la motivation. Alors que l'auteur (Paul Fraïsse) du texte scientifique a tenu à leur consacré une étude indépendante puisqu'il les considère comme étant des domaines de recherche exhaustifs et indépendants. De l'autonomie conceptuelle (qui fut l'objet d'étude de Paul Fraïsse), on glisse donc (avec le texte pédagogique de Maurice Reuchlin), à la substitution notionnelle qui surgit d'un effort classificatoire, à caractère taxinomique des différents sujets propres à la psychopédagogie expérimentale. Car le but de l'auteur est d'agir en qualité de formateur et de vulgarisateur des notions qu'il insère sous forme d'un Guide pratique. Sa tâche n'est pas celle qui s'astreint à fournir un effort réflexif et synthétique. Elle est au contraire celle qui se force à décrire phénoménologiquement des états et des situations psychopédagogiques sans pour autant chercher à défendre un courant de pensée donnée. L'auteur expose des faits sans y poser des avis autopositionnels. Il s'efface devant les faits. Il est acteur de situations.

L'important pour nous dans cette exposition, est le sens que Maurice Reuchlin attribue à ‘l'étude expérimentale de la perception’  ”, qui recouvre à ses yeux divers domaines de recherches, qu'il propose d'étudier d'une manière concise et réduite de la même manière qu'il le fait pour ce qu'il appelle : l'étude expérimentale de la perception. Pour une question de méthodologie seulement, nous allons nous restreindre au sens que Maurice Reuchlin donne à la perception, et ce pour nous faciliter sa comparaison avec les autres sens qu'en donnent les textes philosophiques et scientifiques que nous venons d'exposer et d'expliquer.

Le chapitre à travers lequel Maurice Reuchlin s'astreint à "expliquer" le sens de la perception commence par : ‘L'étude expérimentale de la perception recouvre divers domaines qui seront abordés par la suite. La perception est en partie sous la dépendance de l'environnement social. Bon nombre d'études sont conduites sur des enfants dans une perspective génétique. Les études sur l'animal élargissent les possibilités expérimentales, On a, par exemple mis en évidence le rôle fondamental des apprentissages précoces en élevant des chimpanzés jusqu'à seize mois dans l'obscurité complète. Amenés ensuite à la lumière du jour, ces animaux ne possèdent aucun des comportements liés à la perception visuelle et la préhension de la nourriture nécessite un contact tactile. Ces recouvrements entre psychologie expérimentale d'une part et psychologie de l'enfant, psychologie sociale et psychologie animale d'autre part ne sont nullement caractéristiques des études sur la perception, on les retrouve dans l'étude de toutes les fonctions psychologiques’ 1082  ”.

De prime abord, ce chapitre qui se veut explicatif d'une grande notion : la perception, à caractère exhaustif et complexe, n'est pas à nos yeux à la hauteur des textes philosophiques et scientifiques que nous venons d'exposer, qui ont consacré des développements considérables pour cette même notion. Dans ce passage – comme on peut le constater – il y a du renvoi (divers domaines..., nombre d'étude etc..), qui, d'une part affaibli l'analyse explicative des notions, et d'autre part, métamorphose les résultats. Ce renvoi bien qu'il soit une provocation intellectuelle qui incite l'étudiant à fournir un effort de recherche, ne convient pas à l'attente de l'effort pédagogique recherché par l'instruction et la formation. Si “ la perception est en partie sous la dépendance de l'environnement social ” comme Maurice Reuchlin le laisse penser, alors cela est un retour à ce que Paul Fraïsse a déjà pensé de l'impact de l'environnement social sur la perception. Mais dans ce même retour, cette affirmation dépourvue de toute démonstration et explication, suspend le sens de la perception. Ce sens peut se prendre en plusieurs acceptions contradictoires. L'environnement social des animaux est-il par exemple déterminant de leur propre perception ? Si l'on en croit le texte de la vulgarisation pédagogique, la perception animale ne diffère en rien de la perception humaine, puisque l'exemple (des chimpanzés) que reprend Maurice Reuchlin légitime ce propos. L'auteur ne détermine en aucun cas l'objet d'étude de la perception. Il ne la définie même pas. Il nous renvoie à d'autres champs conceptuels comme si le vrai sens de la perception est à chercher par nous-mêmes dans l'étude et la maîtrise des différents champs disciplinaires. Soit ! Mais cela ne suffit pas pour parler ici de l'étude expérimentale de la perception surtout lorsque l'auteur se veut pédagogue et didacticien ayant le souci de former et d'informer un grand public large tout en le guidant vers le sens adéquat des propositions notionnelles. On peut d'emblée nous poser la question suivante :

La reformulation : “ grandes fonctions ” évoquée par le texte de la vulgarisation pédagogique de Maurice Reuchlin, signifie t-elle la même chose que la formulation : “ les processus supérieurs de la personnalité ”, du texte pseudo-scientifique de Paul Fraïsse ? La réponse est négative, car si la formulation de Fraïsse a pour but de décrire des processus particuliers propres à la sphère humaine, alors celle de Reuchlin est générale. Elle est d'une autre nature : elle décrit d'autres processus qui ne sont pas simplement propres à l'homme mais aussi, à l'animal et à la nature au sens le plus large du terme. On constate en cette formulation de Maurice Reuchlin un mélange entre la psychophysique, la physiologie, la psychophysique-subjective et bien d'autres disciplines, comme si le sujet est en relation avec un système plus général. Parmi les conséquences de ce mélange, il y a d'abord l'incapacité pour l'apprenant à distinguer des notions diverses, et ensuite l'impossibilité qui l'anime pour avoir une idée centrale, claire, qui sera le fil conducteur pour sa maîtrise de l'objet de savoir. Du moment que cette transposition didactique ne prenne pas en compte les particularités propres à chaque domaine de recherche, elle est par là-même illégitime.

Les changements des répertoires lexicaux d'un texte à l'autre, reflètent un changement de modèle de référence. On peut constater cela surtout lorsqu'on cherche à déterminer réellement les objets d'étude de chaque auteur. On ne comprend pas la différence que l'auteur (Paul Fraïsse) du texte du Que sais-je ? (un texte de la vulgarisation scientifique), établit entre : psychologie du laboratoire et psychologie expérimentale. Comme on ne comprend pas non plus la substitution de la psychologie expérimentale à la psychologie du laboratoire et à la psychologie appliquée, par l'auteur (Maurice Reuchlin) du texte de la vulgarisation pédagogique. Dans les deux textes il y a donc une évacuation des objets de savoir sous un silence absolu, dont le lien entre signification et explication est gommé. Cela rend illégitime les deux transpositions didactiques. Cette illégitimité est due au fait que les deux textes incarnent le processus de la vulgarisation en tant que mal nécessaire pour la mise en mouvement des connaissances et des savoirs.

En réalité puisqu'il s'agit de transposer, il aurait fallu que les auteurs des textes de la vulgarisation donnent la priorité à l'explication plus qu'à la signification, car cette dernière tendance fait partie intégrante d'un domaine bien complexe : celui de la sémiologie de la scolarité, branche dont on rêve la naissance pour enrichir le domaine de l'esthétique de l'éducation. Parmi les erreurs dans lesquelles glisse le texte pédagogique de Maurice Reuchlin, en disant que l'hypothèse doit être éprouvée, on peut mentionner la substitution de l'hypothèse à l'opinion, une substitution qui nous transporte dans le domaine de l'information, dans le domaine du sens commun qui est aux yeux de Descartes une déformation.

Ces changements des modèles de référence et des répertoires lexicaux reflètent une décontextualisation dont témoigne la terminologie complexe du texte pédagogique de Maurice Reuchlin. Reprenons par exemple la reformulation : "psychophysique subjective" qui se propose comme une traduction de l'équation : R= f(s.p) du texte pseudo-scientifique. Dire que la réponse est en fonction du stimulus et de la personnalité du sujet, ou encore que le sujet médiatise le stimulus et la réponse perceptive (StimulusSujetRéponse perceptive) (SSR), témoigne fort bien de l'écart sémantique qui réside entre la personnalité qui médiatise le stimulus et la réponse dont le schéma de Paul Fraïsse était : SPR. Car la notion de personnalité a attrait à la personne et que la subjectivité du sujet est une notion globale qui renvoie à l'extension de l'objet de savoir, et à d'autres domaines qui ne sont pas simplement ceux de l'homme, mais aussi ceux de l'environnement.

La totalité de ces changements donne naissance à un phénomène épistémologique : la vulgarisation scientifique, très fréquente lors de toute transposition didactique. Dans les textes du Que sais-je ?de Paul Fraïsse, et dans ceux de Maurice Reuchlin dans le Guide... les aspects de ce phénomène sont largement présents. La vulgarisation scientifique se transforme dans la plupart des cas en la vulgarisation de la vulgarisation. Pour ce qui est du premier aspect, on peut le relever dans le texte de P. Fraïsse, en attribuant à son objet de savoir une expression courante : “ La fantasmagorie expérimentale en pédagogie ”, employée par M. Tardy. Et puisque c'est la transposition didactique de la psychologie expérimentale qui est ici mise en oeuvre, alors la pédagogie va subir le même sort que la psychologie, car le fait psychologique comme le fait pédagogique n'est pas une chose parmi les choses. Il ne saurait se placer dans la juridiction du modèle expérimental sans faire valoir ses droits et sans en négocier la prise en compte. Le texte psudo-scientifique de P. Fraïsse, en se faisant naturaliser, change par là-même de statut. En effet, bien que la spécificité de l'expérimentation soit reconnue dans le texte descriptif de Fraïsse, elle lui manque une légitimité, qui lui permettra d'emprunter et sans lacune, des démarches aux modèles des sciences exactes. Ainsi la vulgarisation scientifique est née donc d'une incompatibilité entre l'objet de savoir et son modèle de référence. Cette incompatibilité traduit la fantasmagorie expérimentaliste, qui consiste à s'installer dans le leur, à rêver la science plutôt que de la produire, à faire de l'expérimentation en trompe l'oeil, non pas dans le dessein d'abuser, mais par inconséquence ou pusillanimité.

La vulgarisation scientifique émane de la ressemblance des concepts. A en croire G. Bachelard, elle est une illusion. Car d'après lui : “  ‘A une époque, sous un même mot, il y a des concepts si différents! Ce qui nous trompe, c'est que le même concept à la fois désigne et explique. La désignation est la même, l'explication est différente’  ” 1083  

Si l'on en croît donc G. Bachelard, on peut alors relever les caractéristiques propres au concept de la vulgarisation scientifique dont témoignent nos deux textes (celui de Reuchlin et celui de Fraïsse). On vient de remarquer que dans les deux textes il y a une ressemblance des concepts, mais la différence au niveau du sens est remarquable. Cela est d'ailleurs frappant à partir de leurs exposés portant sur les étapes de la méthodologie scientifique, notamment lorsqu'ils traitent de “ la vérification ”. La vulgarisation scientifique de cette étape, émane de la falsification du concept. Dans le texte de Maurice Reuchlin, l'auteur ne mentionne pas l'étape de la reproduction. Il nous renvoie à une autre étape à savoir la manipulation. Cela signifie qu'un résultat ne peut être reproduit qu'à partir d'une manipulation d'un fait. Le texte emploie cette formule en vue des attentes et des tâches pédagogiques qu'il assigne à résoudre ou à surmonter. Les situations problèmes sont ici évoquées à titre de pratique des doctrines pédagogiques. Le texte organise le sens suivant le paradigme nomothétique : un paradigme qui s'astreint à nommer les problèmes en vue de les surmonter. Mais cette manipulation des faits garantit-elle la reproduction d'un résultat sans altérer et modifier le résultat initial de base ? On peut répondre affirmativement, car si l'on prend un simple exemple fort amusant : celui des jeux des plis, on constatera bien que le plis de chaque apprenant diffère du modèle-type dont on a annoncé dès le départ les étapes l'une après l'autre. Par conséquent, la reproduction d'un résultat ne garanti en rien sa vérification. On ne peut rien vérifier dans le domaine pédagogique, qui est un domaine humain où les imprévus comme le disait déjà Marx – ne cessent de se multiplier.

La vulgarisation de la vulgarisation, dont témoigne le texte pédagogique de Maurice Reuchlin, est un phénomène due (dans la plupart des cas) à une double transposition didactique. Ici ce phénomène est fortement ressenti et cela pour deux raisons.

D'un côté, il y a Paul Fraïsse qui vulgarise Paul Fraïsse. C'est-à-dire l'auteur se soucie de la mise en mouvement de son propre savoir. D'ailleurs c'est la raison pour laquelle nous avons tenu à exposer la quasi-totalité de ses travaux concernant l'étude des processus supérieurs de la personnalité dans ses différents ouvrages. Il existe donc une auto-vulgarisation, car on voit mal comment discerner le sens de l'objet de savoir : la psychologie expérimentale à travers la publication d'un Que-sais-je ? Et d'un autre côté, les résultats expérimentaux réalisés en matière de biologie et en sciences exactes ne sont pas évalués et interprétés de la même manière, d'un texte à un autre et d'un champs épistémologique à un autre. La notion de mesure des sensations et des perceptions (seuil différentiel) que citent les deux textes (celui de Paul Fraïsse et celui de Maurice Reuchlin) est un exemple qui témoigne d'une double vulgarisation. Cependant, on voit mal comment on peut mesurer les grandes fonctions et les processus supérieurs de la personnalité. Cela dépend d'innombrables facteurs, et je dirais même que ces deux grandes notions échappent aux méthodes quantitatives.

Pour mieux comprendre cela, tenons à analyser et à présenter les différentes formulations et reformulations de tous les textes que nous avons jusqu’alors exposés et expliqués, et qui traitent d'un même objet de savoir : La sensation et la perception. Pour répondre à la question : transposition didactique, transposition pédagogique ou transmission et mise en forme et en mouvement des connaissances et des savoirs notionnels ? un tableau récapitulatif des différentes transformations et reformulations, désormais s'impose. Avant de dresser ce tableau, le lecteur de notre travail peut s'apercevoir de l'évacuation de notre part d'un autre texte : celui d'Antoine Léon, qui traite dans le chapitre VI de Méthodes et techniques de collecte des données 1084 . Cette évacuation est voulue d'une manière conscience de notre part, car après avoir pris connaissance du contenu de tout ce chapitre nous le considérons désormais comme étant un complément des techniques expérimentales que nous venons d'évoquer lors de l'étude de la transposition didactique des différentes étapes de cette méthodologie. En plus, il ne traite pas ouvertement de la relation entre perception et sensation qui est l'objet de notre étude dans ce chapitre dans lequel nous tenons à confronter les efforts des textes ésotériques des philosophes et des textes exotériques des pédagogues et des didacticiens. D'ailleurs, des expressions comme : perception ou sensation, ne sont guère prononcées dans cet ouvrage pédagogique d'Antoine Léon. Ce chapitre en tous cas ne peut être compris que par des chercheurs confrontés à des situations pédagogiques d'ordre pratique. Il est un chapitre qui incarne le paradigme nomothétique organisé en didactique autour de la preuve qu'apporte tout chercheur en situation.

Le tableau qui va suivre traduira les rapports entre transposition didactique, transposition pédagogique et la transmission et la mise en forme et en mouvement des connaissances et des savoirs notionnels.

Tableau récapitulatif des différentes formes de formulation en phénoménologie descriptive et leur reformulation en psychologie expérimentale.
I : Husserl et le problème de la relation entre la chose et l'espace. II : Maurice Merleau-Ponty et le but de la phénoménologie de la perception. III : Paul Fraïsse et le problème du processus perceptif. IV : Maurice Reuchlin et le Guide pratique de l'étudiant en psychologie
1) L'objet de la connaissance est constitué dans la connaissance qui signifie la possibilité d'une observation organisée du monde constitué par “ Les premiers immédiats et par les premiers éléments. ” 1085 1) “ La phénoménologie, c'est l'étude des essences, et tous les problèmes, selon elle, reviennent à définir les essences, l'essence de la perception, l'essence de la conscience par exemple. ” 1086 1) “ La capacité d'appréhension dite aussi mémoire immédiate, champ d'attention, etc. se définit par le nombre d'unités discrètes que nous pouvons percevoir sans faire appel à la numération, et sans répétition. Elle varie évidemment avec la nature du matériel à appréhender, le mode et le temps de présentation, mais s'inscrit toujours environs dans les mêmes limites. (de 5 à 8 éléments environ) ” 1087 1) “ L'univers dans lequel nous nous mouvons et agissons est perçu comme étant stable et relativement cohérent. On étudie la mise en place de cette cohérence en analysons la coordination des informations provenant des diverses modalités sensorielles, les mécanismes correcteurs à l'œuvre lorsque certaines informations sont biaisées, les conditions permettant de concevoir l'existence des objets alors qu'ils sont physiquement absents (permanence de l'objet), la constitution d'un système de coordonnées spatiales. ” 1088
2) L'expérience phénoménologique repose sur “ une élucidation future de l'essence de la donation empirique, au moins dans ses formes et à ses niveaux inférieurs, commençant par les immédiats et premiers éléments. ” 1089 2) “ Ainsi s'expose le monde à l'appréhension naturelle, de prime abord, avant la science. Et c'est à ce mode que se rapportent ensuite toutes les sciences empiriques. Les sciences physiques de la nature s'occupent des choses sous le rapport de leur constitution physique, tandis que la psychologie et la psychophysique ont affaire aux phénomènes dits psychiques, aux vécus et aux êtres vivants, en considération du fait qu'ils vivent. ” 1090 2) La capacité d'appréhension peut être déterminée dans le cas d'une présentation simultanée des stimuli (vision) ou dans le cas d'une présentation successive (visuelle ou auditive) 1091 2) “ Toutes les activités de recherches en psychologie peuvent être regroupées en une méthodologie de recherche qui sera l'œuvre de deux grandes classes : la psychologie expérimentale, basées sur l'expérimentation et la psychologie clinique basée sur l'étude approfondie des cas individuels. ”
“ Le caractère structuré et organisé de la perception a été fortement souligné par la psychologie de la forme (Gestltthéorie), théorie selon laquelle le champs perceptif se structure spontanément. ” 1092
3) “ L'attitude de l'esprit naturel, un monde existant se tient devant nos yeux, un monde qui s'étend sans fin dans l'espace, est à présent, a été auparavant, et sera à l'avenir ; il se compose d'une inépuisable profusion de choses, qui tantôt durent et tantôt changent, se rattachent les unes aux autres et se séparent à nouveau, produisent des effets les unes sur les autres, et en subissent les unes de part et d'autres. ” 1093 3) “ Nous ne trouvons dans les textes que ce que nous y avons mis (...), tous ce que je sais du monde, même par la science, je le sais à partir d'une vue mienne ou d'une expérience du monde sans laquelle les symboles de la science ne voudraient rien dire. Tout l'univers de la science est construit sur le monde vécu et si nous voulons penser la science elle-même avec rigueur, en apprécier exactement le sens et la portée, il nous faut réveiller d'abord cette expérience du monde dont elle est l'expression seconde. ” 1094 3) On rattache à la capacité d'appréhension et d'identification des éléments, la capacité de dénombrement immédiats des stimuli, dont les limites sont voisines de celles de l'appréhension. 1095 3) “ Les formes sont perçues sur un fond relativement indifférencié, et figure et fond s'influencent mutuellement. ” 1096
4) “ Les objets environnants, avec leurs propriétés, changements, rapports, sont ce qu'ils sont, en eux-mêmes, mais ils ont par rapport à nous une position, tout d'abord spatio-temporelle, puis aussi “ spirituelle. ” 1097 4) “ Dans chaque civilisation, il s'agit de retrouver l'idée au sens hégélien c'est-à-dire non pas une loi du type physico-mathématique, accessible à la pensée objective, mais la formule d'un unique comportement à l'égard d'autrui, de la Nature du temps et de la mort, une certaine manière de mettre en forme le monde que l'historien doit être capable de reprendre et d'assumer. Ce sont là les dimensions de l'histoire. Par rapport à elles, il n'y a pas une parole, pas un geste humain, même habituels ou distraits, qui n'ait une signification. ” 1098 4) “ Il nous est facile d'évoquer l'ordre des événements de notre vie qui appartiennent à une même série naturelle comme ceux de notre vie privée, ceux de notre carrière, ceux des événements politiques, vécues à la même époque par exemple, mais nous ne sommes capables d'ordonner des événements de séries différentes que par une construction mentale où nous utilisons des repères et où nous tenons compte simultanément de l'ordre et des intervalles entre événements. ” 1099 4) “ Le sujet utilise dans la perception, outre les données actuelles, son expérience antérieure. ” 1100
5) “ Or la conscience, tout ce qu'enveloppe ce terme, perception, intuition en général, jugement et choses semblables, est aussi, au sens large, quelque chose d'objectif et est soumis à la même loi que prescrit le sens d'objectité. Mais cet objet a un privilège qui justifie d'opposer, de manière fondamentale, conscience et objet au sens strict, à savoir dans la mesure où toute objectité transcendante a son fondement originaire et support dans l'objectité au sens large que nous nommons conscience. La chose se constitue dans la conscience ; c'est par une intentionnalité qui se fait jour selon une loi d'essence dans des enchaînements de conscience d'espèce déterminée, ou qui leur est essentiellement propre, que cette chose et son être effectif prennent sens. ” 1101 5) “ Nous croyons très bien savoir ce c'est que "voir", "entendre", "sentir" parce que depuis longtemps la perception nous a donnée des objets colorés ou sonores. Quand nous voulons l'analyser nous transportons ces objets dans la conscience. Nous commettons ce que les psychologues appellent "l'expérience error". C'est-à-dire que nous supposons d'emblée dans notre conscience des choses ce que nous savons être dans les choses. Nous faisons de la perception avec du perçu. Et comme le perçu lui-même n'est évidemment accessible qu'à travers la perception, nous ne comprenons finalement ni l'un ni l'autre. Nous sommes pris dans le monde et nous n'arrivons pas à nous en détacher pour passer à la conscience du monde. Si nous le faisons, nous verrions que la qualité n'est jamais éprouvée immédiatement et que toute conscience est conscience de quelque chose. Ce "quelque chose" n'est d'ailleurs pas nécessairement un objet identifiable. ” 1102 5) “ la simple perception qui est une simple sensation signifie un simple avoir, un avoir de conscience d'un contenu dans une "perception" immanente. ” “ Le stimulus vers lequel on porte son attention est perçu plus rapidement que celui qui est inattendu. Il en résulte que de deux stimuli qui agissent dans les mêmes conditions sur l'organisme, celui vers lequel on porte son attention apparaît comme antérieur à l'autre. ” 1103 5) “ Les gestaltistes ont énuméré toute une séries de lois concernant les règles d'organisation du champ perceptif, par exemple la loi de proximité et de similitude : les stimuli semblables ou proches ont tendance à se regrouper pour constituer des formes. La forme est renforcée par toute une série de facteurs : clôture et continuité (d'une courbe ou d'un ensemble de points), simplicité géométrique, symétrie. Les formes sont perçues sur un fond relativement indifférencié, et figure et fond s'influencent mutuellement. Ces lois ne s'appliquent pas seulement aux perceptions visuelles, on les a mises également en évidence dans le domaine auditif. Dans la perspective de la théorie de la forme, les illusions sont expliquées en faisant appel au principe de la "bonne forme" : un groupe de stimuli s'organisera selon la meilleure forme possible. ” 1104
6) “ Des perceptions effectives se trouvent là en connexion avec des possibilités de perception, avec des intuitions présentifiantes.... ”
“ Le souvenir ressemble en outre, en tant que ressouvenir prolongé, à un fil conducteur ; il nous conduit en arrière dans le temps pas à pas, et ainsi des lignes toujours nouvelles de l'effectivité spatio-temporelle , de l'effectivité passée s'entend, entrent en relation avec nous dans cette relation particulière du souvenir et de l'avoir-été-perçu. L'avenir du monde entre en relation avec nous à travers l'attente prospective ” 1105
6) “ Je suis non pas "un être vivant" ou même un "homme" ou même "une conscience", avec tous les caractères que la zoologie, l'anatomie sociale ou la psychologie inductive reconnaissent à tous ces produits de la nature ou de l'histoire, – je suis la source absolue, mon existence ne vient pas de mes antécédents, de mon entourage physique et social, elle va vers eux et les soutient, car c'est moi qui fais être pour moi (et donc être au seul sens que le mot puisse avoir pour moi) cette tradition que je choisis de reprendre ou cet horizon dont la distance à moi s'effondrerait, puisqu'elle ne lui appartient pas comme une propriété, si je n'étais là pour la parcourir du regard” 1106
“ Nous prenons en main notre sort, nous devenons responsables de notre histoire par la réflexion, mais aussi bien par une décision où nous engageons notre vie, et dans les deux cas il s'agit d'un acte violent qui se vérifie en s'exerçant” 1107
6) “ Nos perceptions ne sont pas de simples "copies" d'un monde extérieur. Les expériences sur les illusions perceptives ou les constances contribueront à le mettre en évidence. Le phénomène d'oscillation de la perception, quand on fixe une figure ambiguë ou une perspective réversible, est en apparence banal, mais il a cependant l'avantage de mettre en évidence:
a) L'existence de structurations primaires du champ perceptif ;
b) Les modifications spontanées de la structuration à la suite d'une inspection prolongée ;
c) Le rôle efficace mais limité de nos attitudes sur ces oscillations de perception. ” 1108
6) “ Les réponses perceptives sont fonction des attentes du sujet. Le temps nécessaire à la reconnaissance des mots présentés pendant des temps très brefs au tachistoscope est d'autant plus court que ces mots sont plus fréquents dans la langue et plus probable pour le sujet en fonction de la situation. Le sujet utilise dans la perception, outre les données actuelles, son expérience antérieure. La non-concordance entre les données présentes et l'expérience antérieure peut être une source de distorsions : en vision rapide une carte de trèfle réalisée en rouge est perçue comme étant gris-rouge ; des petites figures, un coureur est perçu comme se déplaçant plus rapidement que l'étoile. Les facteurs motivationnels peuvent faciliter ou, au contraire, inhiber la perception ; la durée nécessaire à la reconnaissance des mots au tachistoscope est réduite lorsqu'on donne des récompenses ; elle est plus longue pour des mots "tabous" (en rapport avec les activités sexuelles par exemple) que pour des mots ordinaires dont la référence d'emploi est identique ” 1109
7) “ Nous ne pouvons pas dire en voyant simplement la face avant de la chose, nous ne voyons en propre qu'un fragment de celle-ci, à savoir, le fragment de la chose qui est tourné vers nous. Les autres fragments nous ne les voyons pas. La face antérieure, peut par principe, être face antérieure eu égard à des fragments aussi nombreux qu'on voudra, selon que nous accomplissons la démarcation. Mais ces démarcations sont quelque chose d'ajouté après-coup, d'introduit par la pensée, potentialité fondée dans l'essence non articulé. La face antérieure est bien plutôt l'unité globale des déterminations de la chose qui tombent dans l'apparition en propre ; avec elle c'est la chose qui apparaît, et non un fragment antérieur de la chose arbitrairement déterminable. ” 1110 7) “ En tant que je suis conscience, c'est-à-dire en tant que quelque chose a sens pour moi, je ne suis ni ici, ni là, ni Pierre, ni Paul, je ne me distingue en rien d'une "autre" conscience, puisque nous sommes tous des présences immédiates au monde et que ce monde est par définition unique, étant le système des vérités. Un idéalisme transcendantal conséquent dépouille le monde de son opacité et de sa transcendance. Le monde est cela même que nous nous représentons, non pas comme hommes ou comme sujets empiriques, mais en tant que nous sommes tous une seule lumière et que nous participons à l'Un sans le diviser” 1111 7) “ Les illusions des sens ne sont que des cas limites qui montrent que notre perception n'est jamais un simple décalque de la réalité physique. La perception a ses propres lois qui expriment des décalages, qualifiés d'illusions, entre l'objet tel qu'il peut être connu par un procédé de mesure et tel qu'il nous apparaît dans la perception.
Toutes les illusions ne s'expliquent pas par les mêmes processus comme en témoigne le fait que les unes diminuent légèrement avec l'âge (exemple : l'illusion de Müller-Lyer) et que d'autres augmentent beaucoup avec l'âge (exemple : l'illusion de Demoor)” 1112
7) “ La forme est renforcée par toute une série de facteurs ” 1113
“ Le monde n'est pas une sphère close, il est infini. Toute chose est organisée selon la meilleure forme possible. ” 1114
“ Le mode de réaction est simple : je perçois ou je ne perçois pas. ” 1115
“ Le sujet utilise dans la perception, outre les données actuelles, son expérience antérieure ” 1116
8) “ Ainsi s'expose le monde à l'appréhension naturelle, de prime abord, avant la science. Et c'est à ce mode que se rapportent ensuite toutes les sciences empiriques.
Les sciences physiques de la nature s'occupent des choses sous le rapport de leur constitution physique, tandis que la psychologie et la psychophysique ont affaire aux phénomènes dits psychiques, aux vécus et aux êtres vivants, en considération du fait qu'ils vivent. ” 1117
“ Tous les jugements d'effectivité que fonde le scientifique en étudiant la nature se réfère à de simples perceptions et souvenirs, et se rapportent au monde qui accède à une première donation dans cette simple expérience. ” 1118
8) “ Le réel est à décrire et non pas à construire ou à constituer. Cela veut dire que je ne peux pas assimiler la perception aux synthèses qui sont de l'ordre du jugement, des actes ou de la prédication. ” 1119
“ La vérité n'habite seulement l'homme intérieur, ou plus tôt il n'y a pas d'homme intérieur, l'homme est au monde, c'est dans le monde qu'il se connaît. Quand je reviens à moi à partir du dogmatisme de la science, je trouve non pas un foyer de vérité intrinsèque, mais un sujet voué au monde. ” 1120
8) “ Aucun sujet éventuel ne doit lire ce texte avant l'expérience. ” 1121
Lorsqu'il 's'agit de “ La capacité de dénombrement immédiat des stimuli, la capacité d'appréhension, varie évidemment avec la nature du matériel à appréhender, le mode et le temps de présentation ” 1122
“ On rattache, à la capacité de d'appréhension et d'identification des éléments, la capacité de dénombrement immédiats des stimuli.” 1123
8) “ L'étude expérimentale de la perception recouvre divers domaines qui seront abordés par la suite. La perception est en partie sous la dépendance de l'environnement social. Bon nombre d'études sont conduites sur des enfants dans une perspective génétique. Les études sur l'animal élargissent les possibilités expérimentales, On a, par exemple mis en évidence le rôle fondamental des apprentissages précoces en élevant des chimpanzés jusqu'à seize mois dans l'obscurité complète. Amenés ensuite à la lumière du jours, ces animaux ne possèdent aucun des comportements liés à la perception visuelle et la préhension de la nourriture nécessite un contact tactile. Ces recouvrements entre psychologie expérimentale d'une part et psychologie de l'enfant, psychologie sociale et psychologie animale d'autre part ne sont nullement caractéristiques des études sur la perception, on les retrouve dans l'étude de toutes les fonctions psychologiques. ” 1124
9) “ Dans ce monde nous trouvons aussi d'autres Je, qui comme nous ont leur environnement dans ce même monde, qui eux aussi tirent des données plus éloignées, et qui se comportent, en tant qu'êtres sentant et voulant, d'une façon semblable à la nôtre. ” 1125
“ D'autres Je ont dans le monde une autre position que nous, et conformément à cela un autre environnement immédiat et d'autres liaisons de la médiateté. Qu'ils échangent avec nous, ou nous avec eux, cette position, et voilà échangés environnement proche, perceptions et possibilités de perception, pour parler en général. ” 1126
“ Il n'y a pas de difficulté à comprendre comment Je puis penser autrui parce que le Je et par conséquent l'Autre ne sont pas pris dans le tissu des phénomènes et valent plutôt qu'ils n'existent ” 1127
9 Il n'y a rien de caché derrière ces visages ou ces gestes, aucun paysage pour moi inaccessible, juste un peu d'ombre qui n'est que par la lumière. Pour Husserl, au contraire, on sait qu'il y a un problème d'autrui... ” 1128
“ Le Cogito jusqu'à présent dévalorisait la perception d'autrui, il m'enseignait que le Je n'est accessible qu'à lui-même, puisqu'il me définissait par la pensée que j'ai de moi même et que je suis évidemment seul à en avoir au moins dans ce sens ultime. Pour qu'autrui ne soit pas un vain mot, il faut que jamais mon existence ne se réduise à la conscience que j'ai d'exister, qu'elle enveloppe aussi la conscience qu'on peut en avoir et donc mon incarnation dans une nature et la possibilité au moins d'une situation historique” 1129
9) “ Il y a un moment où l'objet qui s'approche commence absolument d'être vu, simplement nous ne le "remarquons" pas ” “ (...), une classe comme telle n'est pas perceptible, de telle sorte qu'entre l'objet singulier seul perçu dans le champ perceptif et la classe abstraite et générale relevant de l'intelligence, s'intercalent une série d'intermédiaires (...) que l'on peut réunir sous le non de schématisme perceptif ”. 1130
“ Les objets sont perçus comme relativement identiques (en grandeur, forme, couleur, luminosité), quoique les stimulations périphériques correspondantes varient suivant les conditions de présentation. Ce fait est appelé la loi de constance. ” 1131
9) “ L'univers dans lequel nous nous mouvons et agissons est perçu comme étant sable et relativement cohérent. ” 1132
“ La perception est en partie sous la dépendance de l'environnement social. ” 1133
“ La perception n'est pas une science du monde, ce n'est même pas un acte, une prise de position délibérée, elle est le fond sur lequel tous les actes se détachent et elle est présupposée par eux. Le monde n'est pas un objet dont je possède par dévers moi la loi de construction, il est le milieu naturel et le champ de toutes mes perceptions explicites ” 1134
I : Husserl et le problème de la relation entre la chose et l'espace. II : Maurice Merleau-Ponty et le but de la phénoménologie de la perception. III : Paul Fraïsse et le problème du processus perceptif.
10) “ On ne peut pas dire a priori qu'un datum physique exige une appréhension, qu'il doit par conséquent fonctionner comme contenu exposant. Pareillement, c'est une question qu'on ne doit pas décider sans plus ample examen, que celle de savoir si dans la perception l'appréhension qui fournit l'interprétation ne fait qu'un immédiatement avec le contenu physique, ou seulement si ce dernier a premièrement sa conscience immanente, et si c'est seulement sur cette base que s'édifie, comme un mode de conscience nouveau, l'“ appréhender ” transcendant. ” 1135
“ Sur les vécus ou les simples intuitions ou saisies sensibles s'édifient les actes supérieurs de la sphère spécifiquement logique et par là seulement amènent l'objectité scientifique à se constituer dans ce que l'on appelle le traitement du matériau sensible sous-jacent.” 1136
10) “ Nous ne pouvons pas soumettre au regard philosophique notre perception du monde sans cesser de faire un avec cette thèse du monde, avec cet intérêt pour le monde qui nous définit, sans reculer en deçà de notre engagement pour le faire apparaître lui-même comme spectacle, sans passer du fait de notre existence à la nature de notre existence, du Dasein au Wesen. ” 1137
“ Le cogito doit me découvrir en situation, et à cette condition seulement que la subjectivité transcendantale pourra, comme le dit Husserl, être une intersubjectivité ” 1138
“ Le véritable Cogito ne définit pas l'existence du sujet par la pensée qu'il a d'exister, ne convertit pas la certitude du monde en certitude de la pensée du monde, et enfin ne remplace pas le monde même par la signification monde. Il reconnaît au contraire ma pensée même comme un fait inaliénable et il élimine toute espèce d'idéalisme en me découvrant comme "être au monde". ” 1139
10) “ Dans le monde pris en soi tout est déterminé. ”
“ La perception de quelque chose d'objectif repose sur la constitution originaire de l'objet empirique. exemple si l'on sur “ une plage elliptique, ou circulaire des lettres au hasard. On constitue ainsi des plages avec deux lettres, trois lettres et ainsi de suite . Cette série de plage est présentée dans un ordre au hasard plusieurs fois de suite. On détermine la capacité d'appréhension comme précédemment ”
“ L'expérience, présente deux situations classiques qui peuvent être étudiées sans matériels coûteux et, en variante, la technique tachistoscopique propre à ce genre de mesure ” 1140
“ Constituer des plages avec 3 ponts, 4 points, etc, en prenant les précautions indiquées plus haut. On présente la série des plages dans un ordre au hasard plusieurs fois de suite. Le S. indique chaque fois oralement (ou par écrit si l'expérience est collective) son estimation du nombre de points et on détermine le seuil d'appréhension comme précédemment. ” 1141
11) “ L'étude de la perception pour elle-même ” repose sur :
“ L'étude de la perception dans sa relation de connexion nécessaire avec tous les phénomènes objectivant voisins. ” 1142
“ L'étude de la perception dans sa relation de connexion nécessaire avec tous les phénomènes objectivant de même niveau. ” 1143
“ Retourner aux phénomènes eux-mêmes sous la conduite de cette vague signification, les étudier intuitivement, puis forger des concepts fixes, exprimant avec pureté des données phénoménologiques, telle sera la tâche ” 1144
“ En tous cas écartons d'emblée cette vision psychique ” 1145
“ La perception séparée est regardée en tant que donnée absolue, et elle est le fondement d'énoncés destinés à exprimer purement ce qui est donnée en elle, ou ce qu'on en peut tirer sur le mode génétique. ” 1146
11) “ La simple perception qui est une simple sensation signifie un simple avoir, un avoir conscience d'un contenu dans une "perception" immanente. ” 1147
Il faut instaurer le “ retour à la conscience transcendantale qui réalise l'aperception du déploiement du monde en vue de sa reconstruction. ” 1148
“ Tout le malentendu de Husserl avec ses interprètes, avec les "dissidents" existentiels et finalement avec lui-même vient de ce que, justement pour voir le monde et le saisir comme paradoxe, il faut rompre notre familiarité avec lui, et que cette rupture ne peut rien nous apprendre que le jaillissement immotivé du monde. ” 1149
“ L'acte de la perception n'est pas le résultat d'un caractère contingent de la perception de fait. ” L'expérience perceptive est liée à notre expérience mentale de la perception. ” 1150
11) “ L'effet consécutif figural, dit plus simplement effet Köhler, est la mise en évidence de la dépendance de nos perceptions présentes par rapport aux perceptions juste antérieures. Il peut se définir ainsi : la perception prolongée d'une figure ou d'un objet dans une aire sensorielle donnée entraîne un “ déplacement ” ou une déformation de la figure (ou l'objet) perçue en succession immédiate dans les mêmes conditions.
Les effets consécutifs avaient été mis en évidence surtout pour les qualités sensorielles. Gibson, puis Köhler, ont montré qu'il existait aussi une relation dynamique entre nos perceptions.
Dans toute perception il s'agit de “ Percevoir la série de l'intervalle et non pas l'intervalle de la série. ” 1151
12.) “ Peut être ce qui aura été acquis ne saurait-il pas définitif dans la mesure où cela réclame maint approfondissement et entraîne avec soi des problèmes insoupçonnés qui devront être ensuite résolus. ” 1152

“ Des produits d'une première analyse ont besoin d'une nouvelle distillation purificatrice, les nouveaux produits à leur tour jusqu'à ce que l'on ait obtenu le dernier, tout à fait pur et clair. ” 1153

“ Il peut bien se faire que nous prenions nos exemples sous formes de perceptions actuelles. ” 1154 , etc.
“ L'objectité se constitue dans les vécus. ” 1155
“L'abstraction et la généralisation qui se fondent intuitivement sur des intuitions individuelles de maisons, clarifient pour nous l'essence de la maison, l'exposent comme donnée. ” 1156
12) “ Le philosophe est un commencement perpétuel. Cela veut dire qu'il ne tient rien pour acquis de ce que les hommes ou les savants croient savoir. Cela veut dire aussi que la philosophie ne doit pas elle-même se tenir pour acquise dans ce qu'elle a pu dire de vrai, qu'elle est une expérience renouvelée de son propre commencement qu'elle consiste tout entière à décrire ce commencement et enfin que la réflexion radicale est conscience de sa propre dépendance à l'égard d'une vie irréfléchie qui est sa situation initiale, constante et finale… ” 1157
“ Il est clair que l'essence n'est pas ici le but, qu'elle est un moyen, que notre engagement effectif dans le monde est justement ce qu'il faut comprendre et amener au concept et polarise toutes nos fixations conceptuelles. La nécessité de passer par les essences ne signifie pas que la philosophie les prenne pour objet, mais au contraire que notre existence est trop étroitement prise dans le monde pour se connaître comme telle au moment où elle s'y jette, et qu'elle a besoin du champ de l'idéalité pour connaître et conquérir sa facticité. ” 1158
12) “ Mesurer l'importance de l'illusion de Demoor qui manifeste l'interdépendance que l'expérience crée entre nos impressions Kinesthésiques et visuelles. Plus un objet est gros et plus nous nous “ attendons ” à le trouver lourd. Si deux objets de même matière mais de tailles différentes ont le même poids, par un effet de contraste le plus petit apparaît comme plus lourd. ” 1159

“ Un segment oblique (dans un plan vertical) apparaît plus grand qu'un segment horizontal de même longueur. On dit qu'il est surestimé. Plus l'oblique se rapproche de la verticale, est plus la surestimation est grande. ” 1160
“ A égalité de longueur, un segment divisant apparaît plus grand qu'un segment divisé. Cet effet est d'autant plus grand que la division est plus proche du milieu du segment divise. ” 1161
13) “ Cet essence est ici objet du regard (des Schauens) et s'expose pour ainsi dire en chair et en os dans l'acte du regarder. ” 1162
“ l'auto-position est une action de perception où l'acte du regarder est fidèle à la notion de principe auto-positionnel. ” 1163
13) “ Chercher l'essence du monde, ce n'est pas chercher ce qu'il est en idée, une fois que nous l'avons réduit en thème de discours, c'est chercher ce qu'il est en fait pour nous avant toute thématisation. ” 1164 13) “ Quand une personne s'éloigne de nous, elle ne nous paraît pas se rapetisser et cependant son image sur la rétine diminue. D'autres indices interviennent donc et en particulier la perception de la distance, sinon notre perception serait proportionnelle à la grandeur de l'image rétinienne ” 1165 .
14) “ les différentes perceptions viennent de la même chose ou exposent la même chose. Une conscience d'identité, un phénomène spécifique, donné dans une auto-position, rattache perception à perception... ” 1166 14) “ Si nos évidences sont bien des vérités, ou, si par un vice de notre esprit, ce qui est évident pour nous ne saurait pas illusoire à l'égard de quelque vérité en soi : car si nous partons d'illusion, c'est que nous avons reconnu des illusions, et nous n'avons pu le faire qu'au nom de quelque perception qui, dans le même moment, s'attestât comme vraie, de sorte que le doute, ou la crainte de se tromper affirme en même temps notre pouvoir de dévoiler l'erreur et ne saurait donc nous déraciner de la vérité. Nous sommes dans la vérité et l'évidence est "l'expérience de la vérité". ” 1167 14) “ En réalité, la constance est en général relative et la perception est intermédiaire entre une constance absolue et une perception proportionnelle à la grandeur de l'image rétinienne. On observe aussi, il est vrai des cas de surconstance. ” 1168
15) “ Dans les perceptions auto-positionnelles, identité de l'objet et identité de la perception ne font qu'un, et que des perceptions différentes ont des objets différents. ” 1169 15) “ Le monde phénoménologique c'est non pas de l'être pur, mais le sens qui transparaît à l'intersection de mes expériences et de celles d'autrui, par l'engrenage des unes sur les autres, il est donc inséparable de la subjectivité et de l'intersubjectivité qui font leur unité par la reprise de mes expériences passées dans mes expériences présentes, de l'expérience d'autrui dans la mienne. ” 1170 15) “ L'identification des stimulus peut se faire d'après leur qualités mais aussi d'après leur intensité. Les réponses perceptives doivent être appropriées aux stimulus présentés : Les réponses d'identification dépendent du répertoire relatif et des réponses que celles-ci soient verbales ou motrices. ” 1171
16) “ Des perceptions que nous nommons perceptions du même objet se signalent comme telles dans l'unité de la conscience d'identité qu'elles fondent, et fondent par leur essence. ” 1172 16) “ La vraie philosophie est de rapprendre à voir le monde, et en ce sens une histoire racontée peut signifier le monde avec autant de "profondeur" qu'un traité de philosophie. ” 1173 16) “ La réponse perceptive est unique, mais elle doit tenir compte de plusieurs stimulus. Ainsi, dans la mesure du seuil différentiel le sujet doit décider quel est le stimulus le plus grand, le plus lourd, le plus lumineux...etc. Il apparaît que d'une manière ou d'une autre, la réponse perceptive dépend bien entendu des stimulus mais aussi du répertoire de réponse du sujet : Cette dépendance est d'autant moins sensible que la nature de la réponse est plus simple. L'identification est beaucoup plus complexe. ” 1174
17) “ Les actions des discours expressifs, sont portés à l'expression par le rattachement de l'identité donnée absolument dans l'auto-position. ” 1175
“ En fait, nous pouvons transposer sans réserve l'expression et son sens. ” 1176
“ Des parties données sont données d'abord dans l'identification partielle et ensuite d'une manière absolue. ” “ La différence des mots signifie déjà que dans cette conscience d'identité les représentations rattachées ne sont pas interchangeables, à la différence du cas de l'identification totale, qui consiste en la conscience uniforme le même. ” 1177
17) “ Le mot n'est alors pas distinct de l'attitude qu'il induit et c'est seulement quand sa présence se prolonge qu'il apparaît comme image extérieure et sa signification comme pensée. ” 1178
“ Les mots ont une physionomie parce que nous avons à leur égard comme à l'égard de chaque personne une certaine conduite qui apparaît d'un seul coup dès qu'ils sont donnés ”) “ le mot lu n'est pas une structure géométrique dans un segment d'espace visuel, c'est la présentation d'un comportement et d'un mouvement linguistique dans sa plénitude. ” 1179
17) “ Les excitations visuelles sont organisées entre elles de même que les excitations sonores. ” 1180 “ La perception de mots rares dans la langue est plus lente que celle des mots fréquents. ” 1181
L'étude scientifique de la perception demande un contrôle rigoureux des conditions de production des stimulations
“ L'important dans l'étude physique d'un fait est la précision de toutes les conditions de présentation. ” 1182
18) “ Toute la connaissance acquise ici s'effectuait dans la sphère de la pure auto-position et de l'intuition d'essence qui s'y conforme, et qui est aussi d'une certaine manière auto-position pure. ” 1183 18) “ La pure impression n'est donc pas seulement introuvable, mais imperceptible et donc impensable comme moment de la perception. Si on l'introduit, c'est qu'au lieu d'être attentif à l'expérience perceptive, on l'oublie en faveur de l'objet perçu. ” 1184 18) “ Il n'y a changement et donc temps qu'à partir du moment où il y a succession de phases ou d'états. Qu'elles sont les conditions de la perception de la succession ? Tel est le premier problème que pose le changement, à la naissance même de l'expérience du temps. ” 1185
19) “ Une auto-position livre le tout comme être absolu, une auto-position fait ressortir une partie; mais elle ne devient partie du tout que dans l'identification partielle qui amène l'un et l'autre objet à coïncider partiellement, donc les amène à coïncider sur un mode que nous désignons par les mots de “ partie ” et de “ tout. ” 1186 19) “ On sait depuis longtemps qu'il y a un "accompagnement moteur" des sensations, que les stimuli déclenchent des "mouvements naissants" qui s'associent à la sensation ou à la qualité et forment un halo autour d'elle, que le "côté perceptif" et le "côté moteur "du comportement communiquent”. 1187 19) “ Nous pouvons poser, en premier analyse, qu'à des excitations simultanées et qu'à des excitations successives correspond la perception de la succession. Ce raisonnement implique que la perception de la succession ne dépend pas seulement de la succession des événements physiques mais aussi des conditions de la perception. Si l'intervalle entre deux événements est très net, cette manière d'envisager le problème a peu d'intérêt et l'important est alors la perception de la durée de l'intervalle. Le problème de la succession n'est intéressant qu'au seuil du passage de la simultanéité à la succession. ” 1188
20) “ De même l'identification partielle est aussi une forme fondamentale de la conscience. C'est une conscience de coïncidence, mais telle qu'un excèdent de non coïncident peut être dégagé. ” 1189 20) “ L'objet ne se détermine que comme un être identifiable à travers une série ouverte d'expériences possibles et n'existe que pour un sujet qui opère cette identification. ” 1190 20) “ la perfection de la succession ne dépend pas seulement de la succession des événements physiques mais aussi des conditions de la perception. ” 1191
21) “ L'identification s'exprime dans des formes a priori d'énoncés possibles. ” 1192 21) “ l'existence d'un champs visuel n'est pas fait de visions locales, mais il est l'ensemble des fragments de matière et des points de l'espace qui sont extérieurs les uns aux autres. ” 1193 21) “ Le mode de réaction le plus simple est "je perçois" ou je "ne perçois pas". ” 1194
22) “ Le tout est partagé, ce n'est que dans l'acte de partition, dans l'acte de mettre en évidence à part si l'on peut dire de prendre garde à à part que la partie devient objective. ” 1195 22 ) “ Quand la grandeur apparente d'un objet varie avec sa distance apparente, ou sa couleur apparente avec les souvenirs que nous en avons, on reconnaît que "les processus sensoriels ne sont pas inaccessibles à des influences centrales. ” “ Dans ce cas donc le "sensible" ne peut plus être défini comme l'effet immédiat d'un stimulus extérieur. ” 1196 22) “ Les réponses perceptives doivent être appropriées aux stimulus présentés. ” 1197
“ L'intensification des stimulus peut se faire d'après leurs qualités mais aussi d'après leur intensité relative. ” 1198
“ Toute stimulation est influencée par celle qui l'a précédée. ” “ Il faut non seulement préciser les conditions de la perception mais encore pouvoir les faire varier. ” 1199
23) “ Mêler ce qui est fait de la conscience constituant la donnée, et ce qui est le fait de l'objectité même. ” 1200
“ C'est dans ce monde que nous nous inscrivons nous-mêmes. ” 1201
“ Ce que nous faisons ici c'est d'étudier la donation de la choséité dans la sphère de l'intuition, plus précisément de la perception, de telle sorte que nous amenions cette donation à l'auto-position. ” 1202
Travailler au service de “ La liaison d'unité de deux parties d'un tout qui doivent s'assembler en un tout de propriétés et de relations qui doivent advenir à un sujet. ” 1203
“ La parenté eidétique constante réside dans le est. ” 1204
23) “ C'est à partir du liée que j'ai secondairement conscience d'une activité de liaison, lorsque, prenant l'attitude analytique, je décompose la perception en qualités et en sensations et que, pour rejoindre à partir d'elles l'objet où j'étais d'abord jeté, je suis obligé de supposer un acte de synthèse qui n'est que contre-partie de mon analyse. Mon acte de perception, pris dans sa naïveté, n'effectue pas lui-même cette synthèse, il profite d'un travail déjà fait, d'une synthèse générale constituée une fois pour toutes, c'est ce que j'exprime en disant que je perçois avec mon corps ou avec mes sens, mon corps mes sens étaient justement ce savoir habituel du monde, cette science implicite ou sédimentée. ” 1205 23) “ Les méthodes pour l'étude des sensations et des perceptions ont eu une valeur exemplaire pour l'étude des phénomènes en apparence plus complexes. ” 1206
“ Dans la mesure du seuil différentiel, le sujet doit décider quel est le stimulus le plus grands, le plus lourd, le plus lumineux etc. Les recherches appartiennent au pouvoir de décision, qui est soit verbal ou motrice. ” 1207
“ Le visiteur d'un jardin botanique peut distinguer que deux plantes voisines sont différentes sans être capable de les identifier individuellement. ” 1208
“ Toute réponse perceptive, dépend de la nature de la stimulation et des conditions de son action sur le sujet. ” 1209
24) “ Les perceptions sont sous la forme d'une adaptation dans une conscience de l'identité. ” 1210

“ Nous ne nous occupons donc que des identifications et différenciations qui appartiennent à la donation de l'objet-chose lui-même et non de celles qui appartiennent à l'énoncer expressif. ” 1211

“ L'identité de la marque distinctive objective ne signifie en aucune façon identité de la sensation correspondante. La sensation n'offre pas une réduplication de la marque distinctive. Par conséquent la perception ne contient ni une répétition de la chose entière, ni celle de marques distinctives individuelles. La théorie des images comporte, par bien des côtés, ses contresens. Nous avons ici l'un de ces côtés. ” 1212
24) “ Toute conscience est conscience de quelque chose. ” 1213
“ Le sensible a non seulement une signification motrice et vitale, mais n'est pas autre choses qu'une certaine manière d'être au monde qui se propose à nous d'un point de vue de l'espace, que notre corps reprend et assume s'il en est capable, et la sensation est à la lettre une communion. ” 1214

“ Le rouge et le vert ne sont pas des sensations, ce sont des sensibles, et la qualité n'est pas un élément de la conscience, c'est une propriété de l'objet. ” 1215

“ La prétendue évidence du sentir n'est pas fondée sur un témoignage de la conscience, mais sur le préjugé du monde. ” 1216
24) “ Cette influence du milieu social est particulièrement importante dans les perception a valeur affective ou esthétique. Elle s'exerce, certes, par l'intermédiaire des attitudes plus ou moins permanente du sujet. ” 1217

Suivant notre caractère, ou la forme de notre intelligence, nous percevons de préférence certains aspects des stimulations qui nous entourent. ” 1218

“ Les affections des centres peuvent entraîner des modifications de la perceptions. ” 1219

“ Nos perceptions visuelles ou auditives dépendent de nos récepteurs dont l'efficacité diminue avec l'âge. ” 1220
“ Certains ne perçoivent pas des couleurs, d'autres des fréquences du spectre sonores, etc. ” 1221
I : Husserl et le problème de la relation entre la chose et l'espace
II : Maurice Merleau-Ponty et le but de la phénoménologie de la perception.
25) “ Les contenus sentis sont ceux qui sont de nature à fonctionner comme contenus exposants. ” 1222 “ On appelle contenus sentis, par opposition à perçu, ceux qui sont de nature à fonctionner comme contenus exposants. ” 1223
“ Le contenu de sensation ne peut fonctionner comme appréhension, que l'appréhension ne peut fonctionner comme contenu de sensation.. ” 1224
“ Les contenus de sensation ne contiennent encore, à eux seuls, rien du caractère de la perception, rien de son orientation sur l'unique objet perçu ; il ne sont pas encore ce qui fait qu'une chose objective se tient là dans la présence en chair et en os. Nous nommons ce surplus le caractère de l'appréhension, et disons que les contenus de sensation subissent une appréhension. C'est par l'appréhension qu'ils acquièrent, eux qui en soi seraient comme un matériau mort, une signification qui les anime, de telle sorte qu'avec eux un objet accède à l'exposition. Eu égard à cela, nous nommons les contenus contenus exposant, par opposition aux exposés, à savoir, aux détérminités objectives. ” 1225
25) “ Et si nous essayons de saisir la "sensation" dans la perspective des phénomènes corporels qui la préparent, nous trouvons non pas un individu psychique, fonction de certaines variables connues, mais une formation déjà liée à un ensemble et déjà douée d'un sens, qui ne se distingue qu'en degré des perceptions plus complexes et qui donc ne nous avance à rien dans notre délimitation du sensible pur. Il n'y a pas de définition physiologique de la sensation et plus généralement il n'y a pas de psychologie physiologique autonome parce que l'événement physiologique lui-même obéit à des lois biologiques et psychologiques. ” 1226 “ L'expérience sensible est un processus vital, aussi bien que la procréation, la respiration ou la croissance ” “ Le savant lui aussi doit apprendre à critiquer l'idée d'un monde extérieur en soi, puisque même les faits lui suggèrent de quitter celle du corps comme transmetteur de messages. Le sensible est ce qu'on saisit avec les sens, mais nous savons maintenant que cet "avec" n'est pas simplement instrumental, que l'appareil sensoriel n'est pas un conducteur, que même à la périphérie l'impression physiologique se trouve engagée dans des relations considérées autrefois comme centrales. ” 1227
26) “ Ce sont la donation et la donation absolue de l'objectité et de ses parties qui font (ausmacht) la conscience que nous nommons la première conscience d'évidence. ” 1228
“ C'est donc dans de tels enchaînements (du fait de la conscience) que se légitime tout sens des mots de “ sujet connaissant ”, de “ je pensant ” et autres semblables, ce qui est bel et bien, encore une fois objectité. ” 1229
“ Objectité – avec ce mot l'on pense ici à l'objectité chosique, choses, propriétés, états-de-choses chosiques, et semblables. ” 1230
“ Mais la conscience elle-même est être absolu, et pour cette raison précisément, n'est pas être chosique. La stricte auto-position la fait accéder en tant qu'absolue à la donation, elle est ce qui est donné dans le pur regarder ; elle est un terme identifiable, et pour cette raison, aussi objet, mais elle n'a pas à se constituer dans des enchaînements de la conscience et dans le sens qui les relie synthétiquement ; elle est simplement et se trouve regardée. ” 1231
26) “ Le philosophe décrit les sensations et leur substrat comme on décrit la faune d'un pays lointain, sans s'apercevoir qu'il perçoit lui-même, qu'il est sujet percevant et que la perception telle qu'il la vit dément tous ce qu'il dit de la perception en général. ” 1232
“ Le sujet de la perception restera ignoré tant que nous ne saurons pas éviter l'alternative du naturé et du naturant, de la sensation comme état de conscience et comme conscience d'un état, de l'existence en soi et de l'existence pour soi. ” 1233
“ Les sensations, les qualités sensibles sont donc loin de se réduire à l'épreuve d'un certain état ou d'un certain quale indicibles, elles s'offrent avec une physionomie motrice, elles sont enveloppées d'une signification vitale. ” 1234
“ L'être n'est que pour quelqu'un qui soit capable de prendre recul à son égard et soit donc lui-même absolument hors de l'être. ” 1235
“ Si je considère les actes de la conscience de l'intérieur, je trouve une unique connaissance sans lieu, une âme sans parties, et il n'y a aucune différence entre penser et percevoir comme entre voir et entendre. ” 1236
27) “ La réduction phénoménologique n'est assurément pas la réduction solipsiste, et le Je est bien lui-même un objet chosique, qui ne se constitue que dans le complexe intentionnel et ses formes essentielles, et qui ne se légitime que par là. ” 1237
“ La chose n'est pas une donnée qui, dans une simple perception, puisse être donnée de façon immanente. ” 1238
“ Il y a toujours lieu de séparer contenu global senti et objet perçu, des contenus de sensation individuels et des marques distinctives qui leur correspondent. ” 1239 . “ les data physique sont en règle générale liés à une appréhension animatrice. ” 1240
27) “ La réduction eidétique c'est au contraire la résolution de faire apparaître le monde tel qu'il est avant tout retour sur nous mêmes. ” 1241
“ C'est ainsi que l'esprit devient le sujet de la perception et que la notion de "sens" devient impensable. Si voir ou entendre c'est se détacher de l'impression pour l'investir en pensée et cesser d'être pour connaître, il serait absurde de dire que je vois de mes yeux ou que j'entends avec mes oreilles, car mes yeux, mes oreilles sont encore des êtres du monde bien incapables à ce titre de ménager en avant de lui la zone de subjectivité d'où il sera vu ou entendu. ” 1242
28) “ Les contenus de sensation ne contiennent encore, à eux seuls, rien du caractère de la perception, rien de son orientation sur l'unique objet perçu. ” 1243
“ Le contenu de sensation ne peut fonctionner comme appréhension, que l'appréhension ne peut fonctionner comme contenu de sensation. ” 1244
28) “ Le spectacle perçu n'est pas de l'être pur. Pris exactement tel que je le vois, il est un moment de mon histoire individuelle, et, puisque la sensation est une reconstitution, elle suppose en moi les sédiments d'une constitution préalable, je suis, comme sujet sentant, tout plein de pouvoirs naturels dont je m'étonne le premier. Je ne suis donc pas, selon le mot de Hegel “ un trou dans l'être ”, mais un creux, un pli qui s'est fait et qui peut se faire. ” 1245
29) “ Identité de la marque distinctive objective ne signifie en aucune façon identité de la sensation correspondante (...), Par conséquent, la perception ne contient en soi nulle image de l'objet. ” 1246 29) “ Si les qualités rayonnent autour d'elles un certain mode d'existence, si elles ont un pouvoir d'envoûtement et ce que nous appelons tout à l'heure une valeur sacramentelle, c'est parce que le sujet sentant ne les pose pas comme des objets, mais sympathise avec elles, les faits siennes et trouve en elles sa loi momentanée. ” 1247
30) Il existe “ une conscience d'unité qui embarrasse encore une autre objet. ” Elle est une “ unité du sujet et la propriété du sujet et de la détermination relative. ” 1248 30) “ Entre ma sensation et moi, il y a toujours l'épaisseur d'un acquis originaire qui empêche mon expérience d'être claire pour elle-même. ” 1249
31) “ L'esquisse continue d'une couleur ne peut être sentie que si l'on admet l'existence dans le cas présent d'une connexion nécessaire qui indique l'exposition d'une sphère uniformément coloré. ” 1250 31) “ Tous sujet éprouve une sensation comme modalité d'une existence générale déjà vouée à un monde physique et qui fuse à travers son Moi, sans qu'il en soi l'auteur. ” 1251
Notes
1074.

Ibid p : 35.

1075.

Reuchlin (M.) , Guide pratique de l'Etudiant en psychologie P.U.F 1973 p : 108.

1076.

Ibid.

1077.

La phrase qui résume cela nous l'avons déjà évoqué. Roland Barthes y pense que Bien que toute création soit nécessairement une combinatoire, la société en vertu du vieux mythe romantique ne supporte pas qu'on le lui dise ” !

1078.

Descartes op cit.

1079.

A ce sujet Maurice Reuchlin rappelle que : “ Dans la perspective de la théorie de la forme, les illusions sont expliquées en faisant appel au principe de la "bonne forme" : un groupe de stimuli s'organisera selon la meilleure forme possible ”.

1080.

Reuchlin (M.) , Guide pratique de l'Etudiant en psychologie , op, cit. p : 108.

1081.

Ibid.

1082.

Ibid. p : 109.

1083.

Bachelard (G.), La formation de l'esprit scientifique op. cit. p : 17.

1084.

Voir à ce propos ce que Antoine Léon en souligne à partir de le page 149 à la page 204 de son ouvrage Manuel de psychopédagogie expérimentale , publié par toute une équipe de pédagogues et de chercheurs en Éducation, dirigée par Antoine Léon. L'ouvrage est aussi édité chez P.U.F en 1977.

1085.

Husserl (E.), Chose et espace , op. cit., p : 24 et 25

1086.

Merleau-Ponty (M.), Phénoménologie de la perception , op. cit., Avant propos p : I

1087.

Fraïsse (P.), Manuel pratique de psychologie expérimentale , p : 145 et suiv.

1088.

Reuchlin (M.), Guide pratique de l'Etudiant en psychologie , op. cit. p : 108.

1089.

Husserl (E.), Chose et espace , op. cit.

1090.

Merleau-Ponty (M.), op. cit.

1091.

Fraïsse (P.),op cit

1092.

Reuchlin (M.), op. cit.

1093.

Husserl (E.), op. cit.

1094.

Merleau-Ponty (M.), op. cit.

1095.

Fraïsse (P.), op. cit.

1096.

Reuchlin (M.), op. cit.

1097.

Husserl (E.), op. cit..

1098.

Merleau-Ponty (M.), op. cit.

1099.

Fraïsse (P.), op. cit.

1100.

Reuchlin (M.), op. cit.

1101.

Husserl (E.), Chose et espace , op. cit.

1102.

Merleau-Ponty (M.), op. cit.

1103.

Fraïsse (P.), op. cit., p : 154.

1104.

Reuchlin (M.), op. cit.

1105.

Husserl (E.), Chose et espace , op. cit., p : 24 et 25.

1106.

Merleau-Ponty (M.), Phénoménologie de la perception , op. cit., Avant propos p : I.

1107.

Ibid.

1108.

Fraïsse (P.), op. cit.

1109.

Reuchlin (M.), Guide pratique de l'Etudiant en psychologie , op. cit., p : 108.

1110.

Husserl (E.), op. cit.

1111.

Merleau-Ponty (M.), op. cit.

1112.

Fraïsse (P.), op. cit.

1113.

Reuchlin (M.), op. cit.

1114.

Ibid.

1115.

Ibid.

1116.

Ibid.

1117.

Husserl (E.), op. cit.

1118.

Ibid.

1119.

Merleau-Ponty (M.), op. cit.

1120.

Ibid.

1121.

Fraïsse (P.), op. cit.

1122.

Ibid.

1123.

Ibid.

1124.

Reuchlin, op. cit.

1125.

Husserl (E.), Chose et espace, op. cit.

1126.

Ibid.

1127.

Ibid.

1128.

Merleau-Ponty (M.), Phénoménologie de la perception, op. cit.

1129.

Ibid.

1130.

Fraïsse (P.), op cit.

1131.

Ibid.

1132.

Reuchlin (M.), op. cit.

1133.

Ibid.

1134.

Ibid.

1135.

Husserl (E.), op. cit.

1136.

Ibid.

1137.

Merleau-Ponty (M.), op. cit.

1138.

Ibid.

1139.

Ibid.

1140.

Fraïsse (P.), op. cit.

1141.

Ibid.

1142.

Husserl (E.), Chose et espace, op. cit.

1143.

Ibid.

1144.

Ibid.

1145.

Ibid.

1146.

Ibid.

1147.

Merleau-Ponty (M.), op. cit.

1148.

Ibid.

1149.

Ibid.

1150.

Ibid.

1151.

Fraïsse (P.), op. cit.

1152.

Husserl (E.), op. cit.

1153.

Ibid.

1154.

Ibid.

1155.

Ibid.

1156.

Ibid.

1157.

Merleau-Ponty (M.), op. cit.

1158.

Ibid.

1159.

Fraïsse (P.), op. cit.

1160.

Ibid.

1161.

Ibid.

1162.

Husserl (E.), Chose et espace , op. cit.

1163.

Ibid.

1164.

Merleau-Ponty (M.), Phénoménologie de la perception , op. cit.

1165.

Paul Fraïsse, op cit.

1166.

Husserl, op cit.

1167.

Merleau-Ponty, op cit..

1168.

Fraïsse (P.), Manuel pratique de psychologie expérimentale , op. cit.

1169.

Husserl (E.), op. cit.

1170.

Merleau-Ponty (M.), op. cit.

1171.

Fraïsse (P.), op. cit.

1172.

Husserl, op cit.

1173.

Merleau-Ponty, op cit.

1174.

Fraîsse (P.), op cit

1175.

Husserl (E.), op. cit.

1176.

Ibid.

1177.

Ibid.

1178.

Merleau-Ponty (M.), op. cit.

1179.

Ibid.

1180.

Fraïsse (P.), op. cit.

1181.

Ibid.

1182.

Ibid.

1183.

Husserl, op cit.

1184.

Merleau-Ponty, op cit.

1185.

Fraisse (P.), op cit

1186.

Husserl (E.), Chose et espace , op. cit.

1187.

Merleau-Ponty (M.), op. cit.

1188.

Fraïsse (P.), op. cit.

1189.

Husserl, op cit.

1190.

Merleau-Ponty, op cit..

1191.

Fraîsse (P.), op cit.

1192.

Husserl (E.), op. cit.

1193.

Merleau-Ponty (M.), op. cit.

1194.

Fraïsse (P.), op. cit.

1195.

Husserl, op cit.

1196.

Merleau-Ponty, op cit.

1197.

Fraîsse (P.), op cit.

1198.

Ibid.

1199.

Ibid.

1200.

Husserl (E.), Chose et espace , op. cit.

1201.

Ibid.

1202.

Ibid.

1203.

Ibid.

1204.

Ibid.

1205.

Merleau-Ponty (M.), op. cit.

1206.

Fraïsse (P.), Manuel pratique de psychologie expérimentale, op. cit.

1207.

Ibid.

1208.

Ibid.

1209.

Ibid. p : 149

1210.

Husserl, op. cit.

1211.

Ibid.

1212.

Ibid.

1213.

Merleau-Ponty (M.), op. cit.

1214.

Ibid.

1215.

Ibid.

1216.

Ibid.

1217.

Fraïsse (P.), Manuel pratique de psychologie expérimentale , op. cit.

1218.

Ibid.

1219.

Ibid.

1220.

Ibid.

1221.

Ibid.

1222.

Husserl (E.), 1907, op. cit.

1223.

Ibid.

1224.

Ibid.

1225.

Ibid.

1226.

Merleau-Ponty (M.), 1954.

1227.

Ibid.

1228.

Husserl 1907, op. cit.

1229.

Ibid.

1230.

Ibid.

1231.

Ibid.

1232.

Merleau-Ponty (M.), op. cit.

1233.

Ibid.

1234.

Ibid.

1235.

Merleau-Ponty (M.), op. cit. p : 273. voir aussi la note n°2 à la même page, là où il pense que le sens d'une phrase puise son fondement dans une totalité de chose sur laquelle on doit s'ouvrir pour comprendre son sens qui est produit dans un contexte bien déterminé. Cela explique fort bien la relation entre le texte et contexte, entre le système de pensée d'une époque et la production des phrases, des hypothèses qui s'y mettent en mouvement.

1236.

Ibid.

1237.

Husserl 1907, op. cit.

1238.

Ibid.

1239.

Ibid.

1240.

Ibid.

1241.

Merleau-Ponty (M.), op. cit.

1242.

Ibid.

1243.

Husserl 1907, op. cit.

1244.

Ibid.

1245.

Merleau-Ponty (M.), op. cit.

1246.

Husserl 1907, op. cit.

1247.

Merleau-Ponty (M.), op. cit.

1248.

Husserl, op cit..

1249.

Mertleau-Ponty, op cit.

1250.

Husserl, op cit.

1251.

Merleau-Ponty, op cit.