Les régions avoisinant le massif du Pilat, situées près de la limite entre le francoprovençal et l’occitan, ont donné lieu à de nombreuses études dialectologiques.
A l’Est, S. Escoffier a décrit la situation linguistique d’un domaine où l’occitan et le francoprovençal sont en contact avec les parlers d’oïl (Escoffier 1958a et 1958b). P. Gardette avait initié l’étude de cette région en décrivant les parlers occitans et francoprovençaux du Forez (Gardette 1941a et 1941b). P. Nauton a poursuivi cette série d’études sur la limite entre occitan et francoprovençal en décrivant la géographie linguistique du département de la Haute-Loire (Nauton 1974).
Si le département de l’Ardèche n’a pas donné lieu à une description linguistique d’ensemble, P. Nauton a tracé quelques-unes des principales isoglosses qui traversent l’Ardèche (Nauton 1966). Dans "Le Vivarais linguistique", G. Massot dresse un bref tableau des différentes aires linguistiques de l’Ardèche (Massot 1991). P. Simiand présente également, dans "L’Ardèche dialectale", les "zones sous-dialectales" qui se partagent l’essentiel du territoire de l’Ardèche (Simiand 1991). J. Dufaud a plus particulièrement décrit les parlers du nord du département, dans une aire autour de La Louvesc, région située au sud de la région du Pilat (Dufaud 1986 et 1998).
J.-Cl. Bouvier a étudié les caractéristiques phonétiques des parlers de la Drôme à l'extrémité nord de ce département, région qui borde le sud-est du domaine de cette étude, débute le domaine francoprovençal (Bouvier 1976).
Les parlers de la partie de l'Isère qui longe la région du Pilat à l'Est nous sont connus par les travaux de A. Devaux : ces données correspondent à la situation linguistique dans la région des "Terres Froides" au début du XXe siècle (Devaux 1892 et 1935).
La vallée du Gier et les monts du Lyonnais n'ont pour l'instant pas fait l'objet d'étude de géographie linguistique. Les parlers vernaculaires des localités situées le long du Gier, axe de communication entre Saint-Etienne (n° 1) et la vallée du Rhône, sont aujourd'hui pratiquement oubliés, mais les écrits en dialecte francoprovençal de G. Roquille, poète né et ayant vécu à Rive-de-Gier, permettent de connaître les principales caractéristiques du parler riparégien de la première moitié du XIXe siècle. Anne-Marie Vurpas a édité ces textes et elle a consacré un chapitre de son ouvrage à une analyse linguistique de la langue de G. Roquille (Vurpas 1995, abréviation Roquille).
A Saint-Etienne, le parler local a également disparu : dans son article "Vie et mort du dialecte stéphanois aux XIXe et XXe siècles, Approche bibliographique", M. Achard indique que "le dialecte était encore naturellement utilisé dans certains quartiers vers 1930" (Achard 1973, p. 193)5. Mais plusieurs ouvrages permettent de bien connaître le parler stéphanois, parmi lesquels on peut citer Le dialecte de Saint-Etienne au XVII e siècle de E. Veÿ (Veÿ 1911)ou le Dictionnaire du patois forézien de L.-P. Gras (qui concerne le département de la Loire dans son ensemble, mais fournit des précisions sur le parler stéphanois ; Gras 1863). Quelques écrits stéphanois en langue vernaculaire témoignent de la langue parlée à Saint-Etienne : les oeuvres de la lignée des Chapelon, Jacques, Antoine son fils et surtout Jean son petit-fils, éditées par A. Elsass (Elsass 1985), des textes des XVIIIe et XIXe siècles étudiés par G. Straka (Straka 1954 et 1964)ou les chansons et poésies de Jacques Vacher, auteur stéphanois du XIXe siècle, que J. Lorcin, A.-M. Vurpas et J.-B. Martin ont récemment éditées6. On notera que les seuls documents anciens concernant notre domaine proviennent de la ville de Saint-Etienne, en marge de la région du Pilat.
Pour la région du Pilat elle-même, les études sont peu nombreuses : outre l'article de J.-B. Martin qui précise la limite entre occitan et francoprovençal dans le Pilat (n° 4) (Martin 1979a), on dispose d’un mémoire de maîtrise portant sur le patois de Pélussin (Forest 1971) et de la description du parler de Pélussin dans Marius Champailler, paysan de Pélussin (Charpigny - Grenouiller - Martin 1986, abréviation Champailler). L'édition par J.-B. Martin d'un conte en patois recueilli à Véranne (n° 12) donne quelques indications sur le parler de ce village proche de Pélussin (Martin 1983). L'article de Cl. Fréchet, "Les contes "le loup et l’escargot" et "Moitié de coq" en patois d’Annonay (Ardèche)" définit certaines caractéristiques du parler d'Annonay (Fréchet 1995).
Plusieurs atlas linguistiques concernent la région du Pilat : deux points de l'ALF sont situés sur les franges du domaine de cette étude : Riotord (n° 33, ALF 817) et Clonas-sur-Varèze (n° 5, ALF 829). Les localités enquêtées pour l'Atlas linguistique et ethnographique du Lyonnais forment un maillage serré : neuf villages de la région du Pilat ont fait l'objet d'une enquête (la plupart de ces points d’enquêtes se trouvent en bordure de la région du Pilat ; cf. ci-dessous Introduction, 4.3. Les points d’enquêtes). En plus des données linguistiques, l'ALLy fournit quelques indications sociolinguistiques : nombre et niveau de compétence des témoins interrogés, évaluation de la vitalité du parler local à l'époque des enquêtes...
En 1995, j'ai enregistré auprès d'un patoisant de Tarentaise (n° 10) une chanson en patois que ce locuteur de plus de 80 ans disait tenir de sa mère, qui était née et avait vécu à Saint-Etienne avant son mariage avec un habitant de Tarentaise. Comme souvent dans les situations de disparition de langues, la langue réputée disparue subsiste encore, parfois en n'étant plus comprise, dans des productions figées : chansons, formules de salutation, nombres (cf. par exemple Vendryes 1952, p. 40-41 ; Campbell - Muntzel 1989, p. 181-182...).
Lorcin - Martin - Vurpas 1999, abréviation Vacher.