3.3. Le français régional

Dans une situation linguistique comme celle que connaît la région du Pilat, où le français remplace peu à peu les parlers locaux, il peut être intéressant d'étudier les liens qu'établissent les locuteurs de différents niveaux de compétence entre le lexique régional et le lexique dialectal. On sait que le dialecte est, en partie au moins, à l'origine du français régional7, et qu'en tout cas, la proportion de types lexicaux communs au dialecte et au français régional est plus importante que celle qui existe entre le dialecte et le français "moyen"8. La région du Pilat et les régions environnantes ont fait l'objet de nombreuses enquêtes : le Dictionnaire du français régional du Pilat de J.-B. Martin porte sur "l'ensemble du canton de Pélussin. Celui-ci s'étend depuis les sommets du Pilat jusqu'au Rhône" (Martin 1989, p. 6). Dans ce canton, les parlers locaux sont des parlers francoprovençaux. Quelques années plus tard, Cl. Fréchet a étudié le lexique régional d'Annonay, en domaine occitan, dans sa thèse Collecte et étude des régionalisme du français parlé dans la région d’Annonay (Haut-Vivarais) (Fréchet 1992). Ces deux auteurs ont également enquêté dans la région de la Haute-Loire limitrophe de notre domaine d'enquête, le Velay (Fréchet - Martin 1993). La Drôme, dont l'extrémité nord, francoprovençale, borde notre domaine à l'Est, a fait l'objet d'une étude de Cl. Fréchet (Fréchet 1997). Pour la partie de l'Isère proche de la région du Pilat, on dispose des enquêtes faites à Villeneuve-de-Marc (Blanc-Rouat 1992), Meyrieu-les-Etangs (Martin - Pellet 1987) et des relevés effectués à Vienne (Armanet 1984, Armanet - Dufroid 1989). Au nord du Pilat, J. Serme et F. Matteucci ont enquêté sur le vocabulaire régional de la viticulture (Serme - Matteucci 1996), les régionalismes du Jarez sont connus grâce aux relevés de J. Parizot parus entre 1976 et 1979 (Parizot 1976-79) et l'ouvrage de A.-M. Vurpas, Le parler lyonnais (Vurpas 1993a), fournit des indications sur le lexique régional d'une région située au delà de la vallée du Gier, tandis que deux ouvrages traitent des régionalismes de la ville de Saint-Etienne (Dorna - Lyotard 1953 ; Plaine - Epalle 1998).

L'abondance de ces données9, auxquelles on pourrait en ajouter de nombreuses autres portant sur des localités ou de petites régions un peu plus éloignées (la région Rhône-Alpes est sans doute la région où les données, issues d’enquêtes ou de relevés anciens, sont les plus nombreuses), peut être très utile dans une région comme celle du Pilat, où, à la rencontre entre occitan et francoprovençal, se superpose les influences stéphanoises, lyonnaises, dauphinoises...

Notes
7.

La part plus ou moins grande du substrat dialectal à l’origine du français régional est très discutée.

8.

ou français commun, standard, de référence...

9.

Voir carte 57 pour la localisation des principaux domaines d'enquêtes sur les régionalismes dans les régions proches du Pilat.