4. Objectifs et méthodes

Comme dans de nombreuses autres régions françaises, les parlers vernaculaires de la région du Pilat sont en voie de régression. C’est, a priori, un constat neutre et évident. Ce déclin est signalé par les dialectologues depuis au moins un siècle. En 1973, dans son article "Les atlas linguistiques de la France par régions", P. Gardette évoquait l’urgence de l’élaboration des atlas régionaux en ajoutant : "les patois de l’Europe romane, et tout particulièrement ceux de la France sont condamnés à mort à brève échéance : dans peu d’années toute cette richesse aura disparu" (Gardette 1983, p. 760). Pour la situation des parlers lyonnais, P. Gardette affirmait en 1968, à propos de l’ALLy : "Notre enquête a été faite à temps. La recommencer aujourd’hui serait, je crois, décevant" (ALLy t. 4, p. 26). Pourtant, une quarantaine d’années après les enquêtes de l’ALLy, J.-B. Martin et ses collaborateurs ont effectué une seconde enquête, dans 22 localités avec un questionnaire réduit, et dans quatre autres avec le questionnaire complet de l’ALLy (Martin 1995). Certaines localités enquêtées n’étaient pas les mêmes que celles qui avaient été choisies pour l’ALLy, mais il a toujours été possible de trouver des témoins.

Par ses contrastes linguistiques, qu’il était intéressant de décrire plus en détail, mais aussi ses contrastes géographiques, économiques et culturels, la région du Pilat pouvait offrir un terrain de recherches particulièrement adapté pour essayer de décrire les étapes de cette mort annoncée, les caractéristiques linguistiques et sociolinguistiques d’un processus de substitution de langue.