4.1.4. Le niveau d'études

Cette variable s’est avérée moins importante que la variable catégorie professionnelle, à laquelle elle est pourtant liée. Pour les générations les plus âgées, le niveau d’étude distingue peu les personnes entre elles : les membres de la tranche d’âge la plus élevée, issus d’une communauté villageoise encore très homogène à l’époque de leur enfance, ont presque tous connu la même scolarité. En grande majorité enfants de petits exploitants agricoles, ils sont allés à l’école assez tard, et pendant peu de temps. En outre, l’année scolaire était courte : nombre d’enfants étaient chargés de travaux agricoles, comme la surveillance des vaches dans les pâturages par exemple : ils allaient à l’école tard en automne, et la quittaient au printemps. La plupart des personnes très âgées a donc un niveau d’étude primaire ; certaines personnes, le plus souvent les garçons, ont passé et réussi le certificat d’étude, mais cette caractéristique ne joue pas, à cet âge, sur la compétence : ils sont d’aussi bons patoisants que les autres. Ce mode de vie (scolarité courte et travail des enfants, ou au moins participation aux travaux agricoles) perdura après la première guerre mondiale, mais il concernait de moins en moins d’enfants. Le niveau d’études s’élève donc dans les générations suivantes, au fur et à mesure que la connaissance du patois décroît. Mais la relation niveau d’études - niveau de patois semble moins importante que la relation agriculteurs (ou pour les générations plus jeunes, enfants d’agriculteurs) - niveau de patois. Pourtant, tous les non-paysans (ou non fils de paysans) ne partagent pas les mêmes compétences en patois. D’autres paramètres doivent donc exercer une influence. Le niveau d'étude peut toutefois jouer un rôle indirect : certains enfants ont dû quitter leur village natal pour poursuivre des études secondaires. Nous considèrerons l'influence de ce type particulier de mouvement de population, temporaire, dans le chapitre qui traite de la dimension géographique. La poursuite d'études au delà du secondaire, en ville, n'était pas très fréquente dans les classes d'âges où le patois est connu. Un tel cursus a souvent entraîné une émigration hors de la région du Pilat.