4.2.3. Proportion de locuteurs entre bourgs et hameaux

A une échelle plus petite, la dimension géographique joue également un rôle dans la répartition des locuteurs. En de très nombreux endroits de la région du Pilat, il existe un écart entre la vitalité du patois (qu’elle soit définie par le nombre des locuteurs comme nous l’envisageons ici, ou par la pratique de la langue que nous analyserons plus loin) entre les hameaux et le bourg d’une commune. Le constat est évident dans de nombreuses localités : parmi les témoins de l’enquête qui visait à établir la géographie linguistique de la région du Pilat (les meilleurs locuteurs possibles), la proportion de ceux qui habitaient hors du bourg ou qui n’y résidaient que depuis la fin de leur activité professionnelle est très importante. Plusieurs raisons peuvent expliquer cette prédominance : les témoins m’ont peut-être plus facilement orienté vers des personnes habitant des hameaux ou des fermes isolées plutôt que le bourg de la commune (ce qui ne serait pas anodin). Dans le bourg, j'ai essuyé plus de refus de personnes minimisant leurs compétences ou les niant (attitude qui montre que le centre d'un village subit une pression négative sur le patois plus forte que celle qui s'exerce sur la périphérie). Le nombre de bons témoins issus de hameaux plutôt que d’un bourg n’est toutefois pas le seul indice de cette tendance : les enquêtes les plus exhaustives possibles menées dans certains villages l’ont toujours montré, et de façon très nette dans les communes les plus francisées. La proportion de patoisants est de toute façon plus faible dans un bourg, où la population ne travaillant pas dans le secteur agricole est plus importante, que dans les hameaux, principalement habités par des agriculteurs. Mais, dans les fermes situées dans les villages ou dans leurs abords immédiats, les personnes patoisantes sont moins nombreuses que dans les fermes éloignées.