4.2.6.4. Migrations entre partie occitane et partie francoprovençale du Pilat

La région du Pilat, cadre de la rencontre entre parlers occitans et parlers francoprovençaux, est traversée, selon un axe Est / Ouest, par plusieurs isoglosses basés sur des caractéristiques phonétiques ou morphologiques (cf. Etude linguistique). Pourtant, ces différences linguistiques entre la partie sud et la partie nord du Pilat ne semblent pas jouer de rôle prépondérant dans les compétences des locuteurs qui ont quitté une localité occitane pour s'installer dans un village francoprovençal ou inversement. L'époque du changement de lieu de résidence et la distance entre la localité d'origine et le village d'adoption suffisent à expliquer les variations de compétence, sans qu'il soit nécessaire d'invoquer le rôle éventuel de la distance linguistique entre les parlers locaux60. A l'échelle de la région du Pilat, les différences linguistiques entre parlers occitans et parlers francoprovençaux ne semblent pas avoir été suffisantes pour provoquer, à date ancienne (avant 1939), un abandon de la langue régionale, dont une baisse notable des compétences serait la manifestation. Etant donné qu'à partir de la seconde Guerre Mondiale, un changement de résidence se manifeste presque automatiquement par une baisse des compétences (indice de l'abandon de la langue vernaculaire), que le changement se passe à l'intérieur de la même aire linguistique ou entre aire francoprovençale et aire occitane, l'importance de la distance typologique entre les parlers n'a pu être mesurée. Nous n'avons pas tenté de tester les compétences linguistiques des personnes originaires d'autres régions que celle du Pilat : les personnes âgées issues de régions relativement éloignées, auprès de qui ce facteur aurait pu jouer, sont de toute façon des témoins potentiels assez rares (les mariages avaient le plus souvent lieu entre personnes habitant des villages assez voisins).

Notes
60.

L’intercompréhension est un phénomène difficile à mesurer (cf. Gardette 1983, p. 349-361 ou Ravier 1973 par exemple). Différents types lexicaux se rencontrent dans la région du Pilat et les isoglosses que la rencontre de ces types lexicaux dessine ne suivent pas systématiquement l’axe Est / Ouest (cf. Etude lexicale et les cartes lexicales).