5.2.2 Le bilinguisme généralisé sur haut plateau du Pilat avant 1914

Les témoins qui ont prétendu avoir appris le français à l’école sont des personnes nées souvent avant 1914, et en tout cas avant la seconde Guerre Mondiale, essentiellement originaires de la région du haut plateau. Les femmes sont aussi nombreuses que les hommes dans cette catégorie particulière de locuteurs patoisants. Qu’est-ce qui explique le conservatisme de cette partie de la région du Pilat, ou, au contraire, la francisation plus précoce des autres régions du domaine, et particulièrement la francisation antérieure du plateau intermédiaire (l’avancée précoce du français dans la vallée du Rhône étant, par contre, assez prévisible) ?

La ville de Saint-Etienne, importante agglomération déjà très industrialisée en 1900, est pourtant proche. Le mode de vie traditionnel d’une région rurale semble avoir perduré, presque intact, jusqu’à la première Guerre Mondiale environ. L’essentiel de la population est alors composé de petits paysans. Les plus riches possèdent trois ou quatre vaches. Une coutume, signalée par un témoin de Marlhes (n° 23 ; témoin B.a. né en 1913) révèle la pauvreté qui sévissait dans cette région, et les conditions de vie très difficiles qui l’accompagnaient : cette coutume voulait qu’à l’époque on ne ratisse pas parfaitement les champs lors de la fenaison. Le foin abandonné sciemment sur place, lé men ü zay é, était destiné à ceux qui ne possédaient pas de terre, afin qu’ils puissent le ramasser pour nourrir leur chèvre pendant l’hiver (il s’agissait surtout de quelques femmes âgées, célibataires ou veuves). Contrairement aux villages en contre-bas, les chevaux sont très rares (la richesse d’une localité semble s’être mesurée, en partie, au nombre de chevaux que les habitants possédaient - du moins en est-il ainsi aujourd’hui, dans l’esprit de nombreux témoins de toute la région du Pilat quand ils comparent l’ancien niveau de vie des villages de leur région).

L’activité agricole est presque entièrement vouée à l’auto-subsistance : l’élevage, de chèvres ou de moutons, mais principalement de bovins, fournit du lait même si la production en est amoindrie par l’utilisation des vaches pour les travaux agricoles. On élève un porc pour les besoins de la maison, et parfois un second destiné à la revente. L’altitude oblige à consacrer une bonne partie des terrains à la production de foin qui permettra de nourrir le bétail durant les longs mois d’hiver. Le reste des terres (les moins pentues car, même si par commodité nous avons nommé cette partie de la région du Pilat "haut plateau", elle est assez accidentée) est cultivé pour la production de céréales et de pommes de terre destinées à la consommation familiale. La culture de légumes complète l'alimentation quotidienne. Peu de paysans possèdent des terrains plantés d'arbres, et le bois de chauffage est rare : tout au plus peut-on ramasser la dépouille, les branches laissées dans les bois quand les bûcherons ont fini leur travail, qui ne permet pas d’alimenter un feu toute une nuit.

Plusieurs générations vivent sous le même toit, et la maisonnée comprend également, dans certaines fermes un peu plus aisées, quelques domestiques (enfant "à maître" qui fait office de berger, valet aidant aux travaux agricoles, et parfois une jeune fille, la "servante" aidant la maîtresse de maison, la "patronne"). La communauté villageoise est pratiquement autarcique. La plupart des outils agricoles est encore fabriquée sur place ; dans pratiquement chaque village, il y a au moins un charron, un maréchal-ferrant, un sabotier, mais également une couturière, un tailleur, un coquetier72... Les marchés locaux, où l'on parle patois, permettent d'acheter les produits de première nécessité et d'écouler les quelques productions destinées à la vente : oeufs, beurre, fromages, légumes, bêtes... ; le coquetier achète certains produits pour les vendre ou les livrer lui-même "en ville".

On ne va que très rarement à Saint-Etienne (de nombreux hommes m’ont affirmé qu’ils ne s’y rendaient qu’une fois par an au maximum)73. Ainsi, par exemple, les vêtements sont confectionnés sur place par le tailleur ou la couturière, qui, l'un et l'autre, possèdent des échantillons de tissus : les clients choisissent l’étoffe qu’ils désirent, et le commerçant fait venir le tissu choisi de Saint-Etienne. Il n'y a pas de médecin à la campagne (c'est le vétérinaire qui s’installera dans la région le premier) et on fait rarement appel à celui de "la ville". Les seules personnes qui effectuent des déplacements importants et fréquents sont les artisans : le dernier charron de Marlhes (n° 23), décédé il y a quelques années à plus de 80 ans, m'avait expliqué qu'il se rendait à Andance (n° 35), village situé dans la vallée du Rhône, pour acheter le bois dont il se servait pour fabriquer les véhicules qu'on lui commandait et qu'il avait "appris" le patois d'Andance : les transactions se faisaient en patois. Les maquignons sillonnent également la région et, là encore, le patois est utilisé dans les échanges. Si peu de paysans quittent la région, des personnes "étrangères" s'y rendent régulièrement ou épisodiquement : on importe le vin et des fruits (cette région est d'une altitude trop élevée pour cultiver la vigne ou les arbres fruitiers, à l'exception de quelques pruniers et poiriers d'un faible rendement et d'une qualité médiocre). Les contacts entre villages du haut plateau sont tout de même fréquents, par le biais des marchés, des fêtes de village, mais se cantonnent en grande partie à cet espace réduit. Certaines localités sont des pôles d’attraction : Saint-Genest-Malifaux (n° 13), Marlhes (n° 23)... Les déplacements sont lents, souvent effectués à pied, parfois peu sûrs et malcommodes : la région est montueuse et la neige, accumulée en congères par la burle (le "vent du nord"), recouvre la campagne pendant plusieurs mois.

Cette autarcie presque totale s'accompagne d'un fort lien communautaire à l'intérieur du village. Dans la vie quotidienne, les femmes se rencontrent au marché, au moment de la lessive, à la rivière ou au lavoir... Certains gros travaux (fenaison, moisson, ou, dans une moindre mesure, l'abattage du kayon, le "porc") associent les membres de plusieurs fermes et les femmes y participent, au moins dans la préparation des repas qui les accompagnent rituellement. La vie culturelle pourrait également être décrite comme autarcique : de nombreuses fêtes locales, religieuses ou profanes scandent l'année. Beaucoup de coutumes traditionnelles, souvent liées aux moments importants de la vie (naissance, mariage, décès...), sont encore vivantes et les veillées réunissent toujours les voisins. La majorité des mariages a lieu entre jeunes gens de la même région : les témoins les plus âgés connaissent encore le mot patois désignant l’intermédiaire qui permettait d’arranger ou de faciliter les mariages, le balandreau 74, ils se souviennent de la personne qui remplissait cet office et des couples qu’elle a formés. Les affaires locales sont le plus souvent gérées en patois (au conseil municipal, on parlera patois jusqu’après la seconde Guerre Mondiale). Par contre, le français est la langue de la religion, depuis longtemps. D’aussi loin que les témoins se souviennent, c’est en français que se tenaient les sermons, les confessions75 ou le catéchisme. Mais l’Eglise, en même temps qu’elle diffuse le français, entretient les liens sociaux à l’intérieur du village et les cultive. Les rares écrits en langue régionale que j’ai pu trouver étaient diffusés par les curés de villages : saynètes à jouer par les enfants ou les adolescents, odes champêtres en l’honneur du village, ou au contraire, mise en garde, assez outrancière, contre les attraits de la ville, ou du travail à la mine, décrits comme l’antichambre de l’enfer. Il n’existe pas, dans les fermes, de livres en patois, ni même en français : on lit peu, les livres ou journaux sont chers.

A l’aube du XXe siècle, le destin de la plupart des enfants semble encore devoir reproduire celui de leurs parents et grands-parents. Dès ses premières années, l’enfant est associé à la vie de la ferme : il participe très tôt aux travaux agricoles, est chargé de la surveillance des bêtes. La fille aînée s’occupe de ses frères et soeurs et parfois des enfants placés dans la famille, aide aux travaux domestiques. Si la garde du troupeau peut être assurée par un enfant de la famille, les autres enfants sont alors souvent placés "à maître". L’école ne commence que vers sept ans, pour quelques années seulement, et les enfants ne s’y rendent que pendant la mauvaise saison, quand les bêtes sont à l’étable (l’écurie en français régional). Ensuite les garçons aident leur père à la ferme ou se placent comme valets de ferme : lors de la lua, la loue, foire annuelle qui se tenait à Marlhes (n° 23) le 26 décembre76, les chefs d’exploitations choisissaient un valet pour l’année, convenaient d’un salaire et faisaient la pache, c’est-à-dire échangeaient avec le valet une poignée de main qui scellait l’accord (on recrutait également les servantes lors de la loue). Les jeunes garçons restés à la ferme familiale louent parfois leurs services lors des fenaisons ou des moissons des régions d’altitude différente, où ces gros travaux, qui requièrent une importante main-d’oeuvre, se déroulent à une autre époque que dans leur propre région (quand arrive le temps des foins ou des moissons dans les fermes de leurs pères, ce sont les jeunes gens des régions voisines qui se loueront ici comme sa i tr é (en patois) ou sètres (en français régional) "faucheurs", appelés aussi blancs 77, ou comme moissonneurs). Malgré l’éloignement d’avec le village natal, le patois est encore utilisé lors de ces migrations annuelles vers le plateau intermédiaire ou la région voisine du Velay, en Haute-Loire. Il est également parlé sur les chantiers des chemins de fer, ou ceux d'édification ou d'amélioration des routes où certains "font des journées". Cette dernière activité est une des seules qui n’existait pas auparavant, toutes les autres étaient déjà exercées par les pères des jeunes paysans de 190078. Le français est bien sûr en usage lors du service national79, mais les hommes retrouvent leur patois à leur retour au village80.

Par contre, le mode de vie traditionnel des jeunes filles a déjà subi des bouleversements. Beaucoup sont encore placées "à maître" puis comme domestiques dans des fermes mais aussi dans les cafés et les hôtels (où le français peut être utilisé), mais quelques-unes s’embauchent comme "bonnes" à "la ville" (certaines épouseront un citadin et s’installeront définitivement à Saint-Etienne). Mais surtout, nombre de jeunes filles vont travailler, dès douze ans, "à l’usine". Il s’agit essentiellement d’ateliers de tissage ou de moulinage de la soie. Certains gros propriétaires terriens ont également créé des ateliers de tissage ou ont développé, pour diversifier leurs activités, des ateliers de transformation des produits de leurs terres ou de leurs bêtes, comme la fabrication pré-industrielle du beurre ou du babeurre. Si, dans ces "usines", on pouvait encore parler patois en 1900, le français s’impose déjà peu à peu. D’autre part, les jeunes filles de la campagne subissent, dans ce cadre ou, plus tôt, à l’école, l’influence du bourg : elles sont l’objet de railleries de la part de leurs congénères81 du bourg, qui les traitent de cagnasse (le régionalisme du français cagnasse, et son masculin, cagnas, plus souvent utilisé, possèdent le sens très péjoratif de "paysan grossier, rustre, péquenot, bouseux) en partie en raison de leur patois.

Car, dès avant 1914, le patois souffre déjà, auprès d’une certaine partie de la population et à l'école, d’une image négative. De nombreuses blagues et anecdotes, datées de cette époque et recueillies auprès des personnes âgées, mettent en scène un personnage qui, soit cherche à parler français dans un contexte inapproprié, mais utilise un français truffé de mots patois, soit prétend ne pas comprendre le patois mais ne peut s’empêcher de réagir à une phrase prononcée devant lui en patois. Ce "patoisant découvert" n’est jamais celui qui raconte l’anecdote : le conteur se place toujours du côté de la loyauté envers le patois. Mais le nombre d’histoires de ce genre indique qu’à l’époque déjà, certains cherchaient à se démarquer de la langue vernaculaire, considérée comme une des caractéristiques du cagnas (on dit fréquemment de ce type de personne qu'il voulait "faire le fier").

A ces signes avant-coureurs de la mutation linguistique qui se profile s’ajoutent d’autres indices du déclin de la société traditionnelle : ainsi, la fabrication du pain à la ferme est déjà presque abandonnée, comme la lessive traditionnelle avec des cendres, et, si la mécanisation n’a pas encore atteint cette région du haut plateau, les jeunes gens qui sont allés faire les moissons dans la région du plateau intermédiaire ont déjà vu fonctionner la faucheuse ou la batteuse. L'exode rural a débuté : dans l'ensemble du canton de Saint-Genest-Malifaux (n° 13), le nombre d'habitants a commencé à décliner à partir de 1876 (cf. Schnetzler 1968, p. 176), mais certains "petits centres textiles" du canton résistent plus longtemps : le nombre d'habitants de Jonzieux (n° 19) ou de Saint-Sauveur-en-Rue (n° 29) atteint son apogée en 1906 (cf. Schnetzler 1971, p. 179, note 26). Une nouvelle catégorie sociale a émergé, celle des passementiers. Beaucoup sont d’origine paysanne et leurs contacts avec la ville sont assez limités : sous-traitants de "gros patrons" installés à Saint-Etienne, ils reçoivent souvent les commandes et la matière première par un intermédiaire, originaire du village ou des alentours (et donc dialectophone lui aussi), qui revient ensuite chercher les pièces produites. Mais l’activité des passementiers, basée sur une technique issue de l’extérieur, suppose une certaine connaissance du français (contrairement à ceux des paysans, leurs outils ne possèdent pas un nom patois traditionnel), et leur mode de vie diffère de celui des paysans : ils achètent la plupart des biens qu’ils consomment, contrairement aux paysans qui les produisent eux-mêmes. Cette catégorie de la population, dont j’ai rencontré peu de membres, est décrite par les témoins comme étant, dès cette époque, plus francisée que le reste des villageois.

A la veille de la première Guerre Mondiale, la situation linguistique de la région du haut plateau du Pilat est donc une situation de "diglossie avec bilinguisme généralisé". Elle correspond assez bien à la conception de la diglossie telle que l'avait présentée C. Ferguson. Le français, langue haute ou dominante, était la langue de l'école, de la religion, de l'état, d'une culture écrite élaborée, et le moyen de communication avec l'extérieur. Quant au patois, c'était la langue locale, du quotidien, pour beaucoup la langue maternelle, langue utilisée le plus souvent et par le plus grand nombre, mais une langue non écrite, bien que support d'une culture orale très riche. Pourtant, malgré la répartition fonctionnelle qui régit l'utilisation des deux langues, des signes précurseurs de déséquilibre montrent que la situation n'est pas, ou n'est plus, stable82.

Notes
72.

Le coquetier était un grossiste à qui les paysans vendaient des oeufs, du beurre, de la volaille ou des légumes, et qui revendait ces produits à Saint-Etienne.

73.

Jusqu'à cette époque, le début du XXe siècle, la région du haut plateau entretient en définitive plus de contact avec les régions rurales voisines, et en particulier le Velay, en Haute-Loire, qu'avec la ville de Saint-Etienne pourtant proche.

74.

Dans la région de Pélussin (n° 4), il était appelé menéron en français. L'habitude d'avoir recours à un intermédiaire de mariage ayant disparu depuis longtemps, le mot est aujourd'hui "très peu vivant" (Martin 1989, p. 163).

75.

A propos de la nécessité, pour les gens d’église, de connaître la langue locale, F. Brunot cite l’exemple d’un évêque du Vivarais, qui, au XVIIe siècle, s’adressant aux ecclésiastiques envoyés par la Cour pour prêcher les "nouveaux-convertis", leur dit : "Si vous ne savez pas le patois, que venez-vous faire ici, sots que vous êtes ?" (Brunot 1966-72, tome 5, p. 49). Dans la tradition orale, de nombreux contes facétieux l'histoire de quiproquo entre le curé d'un village et l'une de ses paroissiens venu se confesser (Martin - Vurpas 1982, p. 80-82 ; Vurpas 1988, p. 197-198...). J'ai essayé de savoir si les témoins avaient eu connaissance de problèmes de ce genre entre le curé du village et certains habitants, mais ils ne s'en souviennent pas. Ils ne se rappellent d'ailleurs souvent pas très bien si tel ou tel curé parlait patois ou le comprenait, ce qui suppose qu'on devait s'adresser à cet éminent personnage du village en français.

76.

Cette foire périclitera peu à peu, au fur et à mesure que les travaux agricoles nécessiteront de moins en moins de main-d’oeuvre. Elle disparaîtra dans les années soixante, alors qu’elle n’était déjà plus qu’un simple marché (à titre de comparaison, la loue s’est pratiquée, dans les monts du lyonnais, jusque dans les années trente seulement, cf. Les Ateliers du Passé, Les autrefois dans les Monts du Lyonnais, 1997, p. 46-47).

77.

Cf. Martin 1989, p. 37 : "ouvrier saisonnier en agriculture... Rem. : l’appellation de blanc tient au fait que ces ouvriers venaient essentiellement de Haute-Loire (région classée politiquement à droite)" ou Parizot 1976-79, p. 317, "habitant de la Haute-Loire. Plus précisément, ouvrier agricole originaire de ce département qui se louait pour les travaux d'été. Les blancs se regroupaient aux foires de Saint-Chamond ou, le dimanche, sur la place Saint-Pierre. Allusion aux idées royalistes qu'on leur attribuait, la vallée du Gier ayant des opinions beaucoup plus avancées.".

78.

Les départs à "la mine" à Saint-Etienne jouent peu sur la vitalité du patois dans la région du haut plateau du Pilat. Les hommes qui partaient ont sans doute abandonné assez vite le patois, mais, de toute façon, "ils ne revenaient pas" m’ont dit les témoins.

79.

Un seul témoin (H. 92 ans, Serrières) m'a dit avoir rencontré, lors du service national, un homme ne parlant que patois, mais ce dialectophone exclusif était du Tarn-et-Garonne. D'autres témoins ont peut être fait de semblables rencontres, mais ils ne m'en ont pas fait part. Ils l'auraient sans doute fait, lors des questions portant sur la connaissance de personnes monolingues en patois, s’il s’était agi de compatriotes de leur région. Par contre, les témoignages de ces témoins montrent que le service national a été une occasion, agréable et nostalgique, de confronter leur patois à celui d'autres régions. Curieusement, beaucoup de mes témoins m'ont dit que le patois qui leur avait paru le plus proche était celui des savoyards.

80.

Cf. P. Nauton à propos de la situation du patois à Saugues au début du XXe siècle : "Depuis longtemps, l’école et la caserne étaient là, comme partout, des facteurs importants de francisation, mais ils demeuraient peu efficaces. ...le français ne devait lui (le jeune homme) servir qu’en de rares occasions de la vie." (Nauton 1948, p. 17).

81.

Aux dires des témoins, ces quolibets provenaient surtout des filles de commerçants ou de passementiers, catégorie professionnelle souvent plus aisées que celle des paysans.

82.

En l'absence de données précises sur l'introduction du français auprès des habitants de la région durant le XIXe siècle - et peut-être même auparavant - il est difficile de savoir si cette région a connu, au moins pendant quelques temps, une période de diglossie stable. L'âge des quelques personnes pratiquement monolingues du début de ce siècle semble indiquer que la francisation a été progressive, et n'a pas connu d'interruption.