7.1. Qui parle patois ?

7.1.2. La typologie des locuteurs de la communauté linguistique occitane selon R. Lafont

Pour décrire les membres de la communauté linguistique occitane dans son ensemble, R. Lafont a proposé, en 1971, une typologie de ses locuteurs. Cette typologie prend en compte plusieurs aspects de la vitalité de l’occitan. En effet, elle associe la compétence des dialectophones, leur usage de l’occitan, mais également leur connaissance et leur usage du français régional. Comme la région du Pilat est située aux confins du domaine occitan et que le français régional du domaine étudié et des régions voisines est bien connu puisqu’il a fait l’objet de nombreuses études153, cette typologie semble indiquée pour décrire à la situation dialectale de la région du Pilat.

R. Lafont propose de distinguer :

  1. Les usagers "à temps plein" d'un parler d'oc, pour qui le français n'est qu'un moyen de relations extra-familiales.

  2. Les usagers partiels, qui connaissent bien la langue mais n'en usent qu'à l'occasion.

  3. Les usagers éventuels, qui ne parlent que le français régional, mais comprennent bien l'occitan et sont capables d'en user.

  4. Les post-usagers [...] qui le comprennent encore avec un minimum d'efforts.

  5. Les non-usagers dont certains, dans la bourgeoisie urbaine, ont même perdu ce substrat." (Lafont 1971, p. 56).

Cette typologie de usagers de l'occitan peut être un guide pour la description de la pratique actuelle du patois ; nous verrons si elle est adaptée pour distinguer les différents types de locuteurs de la région du Pilat.

Notes
153.

Pour la région du Pilat, cf. Martin 1989, Fréchet 1992 ; pour le Velay (Haute-Loire), Fréchet - Martin 1993 ; pour la Drôme, Fréchet 1997, pour Saint-Etienne, Dorna - Lyotard 1953, Plaine - Epalle 1998.