9.3. Une "vraie" langue ?

9.3.1. Pas de relation étroite avec le français

Le parler ancestral est donc unanimement appelé patois. Mais qu’est-ce que le patois ? Il n’est jamais considéré par les locuteurs de la région du Pilat comme une "déformation" du français, contrairement à certains parlers d’oïl et même du nord du domaine francoprovençal177 que leurs locuteurs désignent parfois par des expressions comme mauvais français (gallo, Haute-Bretagne, Walter 1991, p. 535), français écorché (domaine d’oïl, Saintonge, Walter 1984, p. 186), reste de vieux français (domaine d’oïl, Saône-et-Loire, Châtenet 2000, p. 37), français écorché (francoprovençal francisé, Beaujolais, A.-M. Vurpas, communication personnelle).... Par contre, pour les quelques locuteurs qui savent que leur parler appartient au domaine occitan, ou qui le pensent à tort pour ceux qui habitent en domaine francoprovençal, le patois peut être une variante "aberrante" d’un occitan standard imaginaire. La distance avec le français, qui se manifeste, d’après les patoisants mais aussi les francophones, par une intercompréhension impossible entre patois et langue nationale, oblige à considérer le patois comme indépendant du français alors qu’il peut être apparenté à un pseudo occitan : ne connaissant pas cette "langue", les locuteurs ne peuvent pas mesurer le degré d’intercompréhension entre elle et leur patois.

Notes
177.

Cette perception de la langue locale comme étant une altération du français existe apparemment également en domaine occitan : R. Eucher mentionne que des dialectophones d’une région située aux confins de l’Allier, de la Creuse et du Puy-de-Dôme estiment que leur parler est "du francès escorjat" (Eucher 1990, p. 92). Mais une telle représentation du parler local par les occitanophones semble moins fréquente qu’en domaine d’oïl.