Les locuteurs tardifs âgés

Il convient toutefois de distinguer les deux catégories de locuteurs tardifs. Les personnes ayant commencé tardivement le patois sont, aujourd’hui, très majoritairement des personnes âgées. Une longue période s’est donc déroulée entre le début de leur usage de la langue locale et aujourd’hui. Au cours de cette période, leur exposition au patois a souvent été constante, et leurs compétences se sont accrues au point, peut-être, d’atteindre parfois celles des locuteurs traditionnels.

Certaines opinions sur le patois de ces locuteurs tardifs âgés s’apparentent à celles des locuteurs traditionnels. Comme eux, ils sont sensibles à la variation géographique du patois et ils en connaissent les emblèmes. Ils partagent également parfois avec les locuteurs traditionnels, qui font partie de la même génération qu’eux, l’idée selon laquelle le patois ne serait qu’une langue rudimentaire et dépourvue de normes. Mais leurs jugements sur le patois sont moins sévères : ils aiment le parler et ils ne considèrent pas que son usage soit dangereux pour une bonne maîtrise du français. Par contre, certains pensent que son apprentissage peut entraver celui du français. Pourtant, si leur pratique de la langue régionale est postérieure à leur apprentissage du français, leur exposition au patois a en général été précoce : ils ont donc acquis une compétence passive de cette langue dès leur enfance, en même temps qu’ils apprenaient le français.