10.2. Evaluation des compétences d’autrui

Dès les premières enquêtes, réalisées en vue d'établir la géographie linguistique de la région du Pilat, alors que je cherchais des locuteurs traditionnels - les dialectophones les plus à même de fournir les données permettant de décrire la rencontre entre occitan et francoprovençal -, j'ai pu me rendre compte qu'il n'existait pas de réponse univoque, ni parmi les habitants de la région du Pilat, ni même parmi les dialectophones - quelles que soient leurs compétences -, à une question qui, pourtant, paraissait simple à première vue : "qui sait parler patois ?". Un locuteur pouvait par exemple passer pour un bon témoin auprès de certains, alors que d'autres pensaient qu'il n'était pas très compétent. Le taux très faible d'utilisation du patois aujourd'hui ne permet pas aux dialectophones de savoir qui le parle effectivement, et avec quelle dextérité, et qui le comprend. Pour essayer de découvrir ce que chacun entendait par "savoir parler patois" et "pouvoir le comprendre", j'ai donc demandé à certains locuteurs qui connaissaient les compétences d'autres dialectophones de les évaluer. D'autre part, j'ai questionné différents types de locuteurs, en leur demandant d’essayer d’estimer le nombre de personnes de leur village ou de leur hameau qui, selon eux, savaient parler patois ou pouvaient le comprendre.