1.2.2.2. C intervocalique

1.2.2.2.1. C intervocalique suivi de O, U (carte 24)

L'étude du traitement de C intervocalique suivi de O, U, qui donne -g- en occitan alors qu'il s'amuït en francoprovençal, entraîne, dans la région du Pilat, les mêmes difficultés que celles rencontrées par les dialectologues qui ont décrit les régions voisines (cf. Nauton 1974, p. 147 ; Gardette 1941a, p. 30...) : les mots qui pourraient illustrer ce traitement présentent souvent des formes francisées et celles qui n'ont pas été influencées par le français connaissent chacune des extensions différentes :

  • SECURU "sûr" : les formes (r), šü(r)... relevées dans la région du Pilat montrent que le C intervocalique s'est amuï.

  • ACUTIARE "aiguiser" : il n'a rien donné dans notre domaine. La partie francoprovençale de la région du Pilat utilise le verbe amula et la partie occitane le verbe afyala / afyara (cf. Etude lexicale). La forme égiza de Champagne (n° 32) résulte d'un emprunt au français.

  • SECUTA "suite" : c'est presque toujours la forme française qui est utilisée. Les formes qui semblent autochtones (syoe to, sy a uto, sy o to) montrent toutes que le C a disparu.

  • CUCURBITA "courge" : la forme k u rdzo est sans doute le mot français, ce qui est normal pour une plante qui, dans la région du haut plateau tout au moins, n'est pratiquement pas cultivée. La forme k u rlo qui occupe le reste de la région du Pilat (cf. Etude lexicale) est, quant à elle, une forme refaite (cf. ALLy 261).

  • SECUNDU "second" : il se présente sous la forme segõ dans tout le domaine. Il peut s'agir du mot français.

  • *BICORNA "petite enclume" : partout où il existe encore, ce mot apparaît sous la forme big o rna, même dans la partie francoprovençale du Pilat. Les données de l'ALLy (1167*) révèlent que cette forme est attestée bien au nord de notre domaine.

  • ACUCULA "aiguille", ACULEATA "aiguillon", ACULEONE "pointe de l'aiguillon" : le traitement francoprovençal s'étend au-delà de la limite du domaine francoprovençal : on trouve la forme oe ya o "aiguille" jusqu'à Vanosc (n° 34), par exemple. Seuls quelques villages des franges ouest et sud de la région du Pilat connaissent la forme occitane ag ü lo ou ady ü yo "aiguille", et plus rares encore sont les villages qui présentent le traitement occitan pour "aiguillon" : la forme aguya n'est attestée qu'à Riotord (n° 33) et Ardoix (n° 37) (voir carte 24).

  • NEC-UNU "personne" : si P. Gardette n'a pu se baser sur ce mot dans le Forez (cf. Gardette 1941a, p. 28-30), J.-Cl. Bouvier a montré que dans la Drôme, les formes de , le dyü semblaient illustrer "le traitement régulier de -K- + voyelle vélaire" (Bouvier 1976, p. 160 ; voir aussi carte 23). Dans la région du Pilat, "personne" est le dyü ou de dyü dans tout le sud du domaine. Par contre, en domaine francoprovençal, on ne trouve que le type pèrson : la forme francoprovençale nyõ n'apparaît en aucun point d'enquête de la région du Pilat (cf. ALLy 1241, ALF 1665, Gardette 1983, p. 536-541). La carte 24 montre que la limite entre le type le dyü et le type pèrson correspond à peu près à celle qui sépare les parlers occitans des parlers francoprovençaux : le Bessat (n° 11) et Tarentaise (n° 10), francoprovençaux par le traitement de A atone final précédé de palatale, emploient la forme de dyü.

Le traitement de C intervocalique suivi de O ou U dans la région du Pilat s'apparente à d'autres traitements phonétiques basés sur des séries peu nombreuses (par exemple la diphtongaison de O bref) : chacun des mots de ces séries semble connaître une extension différente.