1.2.3. Palatalisation conditionnée

1.2.3.1. Palatalisation conditionnée moderne de s, z (carte 26)

Devant y, i, u, les consonnes s, z se sont palatalisées vers la fin du Moyen Age dans une vaste région qui englobe le nord-ouest de l'occitan, à partir de l'Ardèche, et dans quelques aires éparses du domaine francoprovençal (cf. Gardette 1941a, p. 48-53 ; Nauton 1974, p. 170-171).

Dans la région du Pilat, seule l'aire occitane connaît la palatalisation de s, z, devant y, i, u. Ce phénomène donne l'impression d'être en déclin dans la vallée du Rhône, et il n'est pas possible de trouver un mot-témoin présentant partout dans l'aire de palatalisation un s ou z palatalisé en š ou j.

Voici quelques formes différentes pour les villages situés à l'extrémité nord de l'aire de palatalisation de s, z, devant y, i, u :

  • Planfoy (n° 6) : néšü "né", ši "cinq"...

  • le Bessat (n° 11) : ojyo "oiseaux"...

  • Thélis (n° 14) : véji "voisin", šim "sommet"...

  • Bourg-Argental (n° 25) : šw a "suer", nés š ü "né"...

  • Boulieu (n° 30) : odjo "oiseaux", šw a "suer"...

  • Savas (n° 27) : ašy è to "assiette"...

  • Davézieux (n° 31) : raš i no "racine", s š iva "avoine"...

  • Ardoix (n° 37) : šw a "suer"...

Le son noté -s š est un son intermédiaire entre s et š. C'est une caractéristique du Vivarais, connue depuis longtemps (voir par exemple Gardette 1941a, p. 53 ou Nauton 1974, p. 171).

Les exemples très peu nombreux dans la région d'Annonay et l'inflexion vers le sud de la limite dans cette partie de la région du Pilat suggèrent que la palatalisation est un phénomène en recul (voir carte 26). Le j et š patois sont peu à peu supplantés par le s et le z du français ou l'ont été, à date plus ancienne, par ceux des parlers de l'est de la région du Pilat.