2.6. Conclusion

L'étude de certains aspects de la morphologie des parlers de la région du Pilat, basée uniquement sur des traits distinctifs, ne doit pas masquer l'unité de ce domaine. Pour l'essentiel, les différents systèmes morphologiques qui se côtoient sont très proches : ils possèdent une forte majorité de traits communs.

Certains des traits étudiés ci-dessus partagent le domaine selon les mêmes directions que celles observées dans l'étude phonétique :

Mais la rencontre entre l'occitan et le francoprovençal peut également être progressive (pronom personnel sujet, article défini), et s'accompagner de phénomènes fréquents dans les situations de contact : hybridation (verbe "être" au présent de l'indicatif), polymorphisme (pronom personnel sujet), hésitations (article défini féminin, pronom personnel sujet)...

Certaines limites, dont les tracés sont "atypiques", sont le résultat d'évolutions "secondaires" (imparfait du verbe "être"...). Mais les évolutions récentes entre l'occitan et le francoprovençal sont négligeables : on n'observe pas d'écart entre les relevés anciens et les données récentes. L'influence du français est peu importante : le système morphologique ancien a bien résisté, même si certains éléments sont menacés dans la langue des locuteurs peu compétents (article défini, pronom personnel sujet...). Le français peut toutefois influencer des parlers fragilisés par leur position aux confins de deux aires linguistiques (article défini féminin singulier), ou même entraîner une modification profonde (système de l'article défini à Saint-Etienne, disparition du passé simple). La plupart des évolutions récentes peuvent être attribuées au français. Mais la tendance à la perte d'opposition de nombre -ü / -u ou -u / -u: (< O + N final) et celle des noms et adjectifs féminins issus des formes latines en -A / -AS précédés ou non de palatales dans certains villages (cf. Etude phonétique) résultent de processus d'analogie interne et ne doivent rien au français.