3.2.13. panse (carte 70)

ALLy 282* ; ALJA 753 ; ALP 800

français régional : gambet, gambette Annonay

La faible fréquence d'emploi du mot désignant la panse en fait son intérêt. A l'époque des enquêtes de l'ALLy, les termes désignant une notion mal connue (cf. ALLy 1, 282*) n'avaient pas pu être obtenus partout. Mais, parmi les nombreux dérivés de panse, les termes dubl, drubl formaient une aire cohérente le long de la limite entre le francoprovençal et l'occitan, depuis la région de Feurs jusqu'à la vallée du Rhône. Cinq points d'enquête de la région du Pilat connaissaient ces formes : la Valla (n° 3), Sainte-Croix (n° 2), Roisey (n° 7), Saint-Romain (n° 9), Boulieu (n° 30) et Ardoix (n° 73). Les enquêtes récentes montrent que cette forme est aujourd'hui oubliée : elle n'a jamais été relevée. Le nombre de refus de réponse, symbolisés par le signe Ø sur la carte "panse", montre bien l'embarras des témoins. Dans d'autres points d'enquête, les témoins ont proposé des formes pãs, p ã so mais, à Planfoy (n° 6) ou à Thélis (n° 14) par exemple, ils avaient souvent l'impression qu'il s'agissait du mot français patoisé. A Marlhes (n° 23) le mot p ã so pourrait être plus ancien : c'est le seul qui soit au masculin, comme tous les dérivés de panse recueillis à l'époque de l'ALLy. Le témoin de Vinzieux (n° 17) a donné le terme boy, dont il savait en même temps qu'il désigne les boyaux. Enfin, à Davézieux (n° 31), c'est le mot vãtr qui a été obtenu.

Aux points 18, 27 et 28, Limony, Savas et Peaugres, j'ai recueilli les formes gãbèt(a). Ce mot peut, en patois, désigner le cæcum (cf. Félice 1983, quatrième partie, p. 162), ou, sous la forme gambet, gambette en français régional, "le saucisson fait avec l'appendice du porc" (Fréchet 1995, p. 148). La forme gãbè a d'ailleurs été fournie par les témoins du village d'Andance (n° 35), avant qu'ils ne se rétractent en affirmant que gãbè désignait l'estomac (cf. ALMC 540 "estomac (du porc)", gãbé au point 6 en Ardèche) Cette forme a néanmoins été recueillie dans un point proche de la Drôme (cf. ALP 800 "panse", point 6).

Les refus de réponse montrent l'insécurité linguistique des témoins, hésitant à fournir une forme qu'ils estiment trop proche de mot français, et le recours à de termes sémantiquement proches (vãtr, gãbè, gãbèt(a), boy) illustre un des processus de disparition des langues : la confusion ou l'imprécision sémantique croissantes, fréquentes dans la langue des semi-locuteurs.