3.2.17. saumure (carte 74)

ALLy 331 ; ALF 1896 ; ALJA 753 ; ALMC 553 ; ALP 814 ; Gardette 1983, p. 722 ; Michel 1993, p. 356

français régional : sarmoire Isère (Villeneuve)

Pour désigner la saumure en francoprovençal et dans l'est du domaine occitan étaient autrefois employées des formes remontant à MURIA "saumure". Aujourd'hui, un composé de SAL "sel" + MURIA les a reléguées dans des buttes-témoins, comme celles qui existent dans l'est du domaine francoprovençal ou à l'est de Montbrison (Loire). On relève également, mais en domaine occitan seulement, des formes issues de SAL (pour le nord-occitan : un point occitan de l'ALJA, quelques points en Ardèche dans l'ALMC et de nombreuses attestations dans l'ALP). Ces formes occupent principalement le sud de la Drôme, le Vaucluse, les Alpes-de-Haute-Provence et les Bouches-du-Rhône : les formes issues de SALMURIA n'occupent, à l'est du Rhône, que la frange nord du nord-occitan.

Dans la région du Pilat, aucune forme issue MURIA n'est attestée : la plupart des points d'enquête, dont tous les points d'enquêtes anciennes, connaissent des formes issues de SALMURIA. Toutefois, dans quelques points épars du domaine, on utilise la forme sa (< SAL). Ces localités ne forment pas une aire cohérente et une hypothétique hésitation entre le type francoprovençal sarmwèr et le type occitan somw è ro ne peut les expliquer : les localités qui emploient le mot sa ne sont pas toutes situées le long de la limite entre ces deux formes (limite légèrement plus septentrionale que l'isoglosse de A précédé de palatale ; cf. carte 39).

La carte "saumure" montre un type particulier de rencontre entre deux types lexicaux : l'extension de la forme sa, qui est sans doute la forme la plus récente comme semble le montrer la comparaison entre les données de l'ALF et celles de l'ALP, paraît résulter de changements locaux et non d'une avancée géographiquement cohérente. Mais la pratique de l'abattage du porc à domicile étant de moins en moins fréquent, les formes sa peuvent provenir de changements sémantiques par métonymie locaux.

Les formes sa de la région du Pilat sont toutes féminines, comme il est normal dans cette région, mais l'hésitation constatée à Andance (n° 37) préfigure une caractéristique fréquente de la langue des semi-locuteurs, qui attribuent à un mot patois le genre de son équivalent français.