3.2.20. abeille (carte 77)

ALLy 364 ; ALMC 609 ; ALF 1 ; ALJA 792 ; ALP 872 ; Gilliéron 1918 ; Martin 1986 p. 86

français régional : mouche à miel Pilat, Roannais, Beaujolais

Les formes les plus fréquentes régnant en domaine francoprovençal, avey-, aviy- sont issues du latin APICULA, comme celles (abey-...) d'une grande partie du domaine occitan. Mais, à l'ouest du domaine francoprovençal et empiétant sur lui, des expressions "mouches de...", "mouches à..." séparent ces deux aires.

La région du Pilat connaît ces trois types de mots ou d'expressions servant à désigner l'abeille. Le nord du domaine utilise le type avèy. Le village d'Ardoix (n° 37), au sud, est le premier village occitan de l'Ardèche à appartenir à l'aire abèy. Entre les deux, et depuis longtemps comme le montrent les données de l'ALF et de l'ALLy, les patoisants ont recours aux expressions formées sur muts-, mõš. L'expression la plus fréquente est "mouche à miel" mais "mouche de ruche" ou "mouche d'essaim" se rencontrent également, sous la forme muts- de brü, brü pouvant désigner l'essaim ou la ruche, et parfois les deux (cf. ci-dessous). Les expressions "mouche de miel" et "mouche de brü" ne sont pas géographiquement séparées et elles peuvent, comme à Saint-Genest (n° 13), être utilisée indifféremment. Cette région forme l'extrémité est de l'aire "mouche de/à..." : les cartes 872 de l'ALP et 792 de l'ALJA montrent qu'au delà du Rhône, les aires avèy et abey sont contiguës.

Au sein de l'aire d'emploi de l'expression basée sur mouche, j'ai relevé quelques formes ab è yo (points 6 et 26), ab è ya (points 10, 11, 27 et 28), aboey (point 22) : dans cette partie de la région du Pilat dont on sait qu'elle emploie l'expression "mouche de/à..." depuis longtemps, ces formes sont sûrement le mot français patoisé plutôt qu'un emprunt à l'occitan : l'élevage traditionnel des abeilles, qui n'a semble-t-il jamais été très important, est en déclin et le mot désignant l'abeille a sans doute rarement eu l'occasion d'être employé en patois entre personnes de villages voisins dans les cinquante dernières années. L'expression basée sur "mouche de/à...", systématiquement relevée en même temps que abèy-, aboey, paraissait d'ailleurs aux patoisants âgés plus authentique (alors que les semi-locuteurs l'ignorent le plus souvent). A Roisey (n° 7), J.-B. Martin a également noté, en 1985, l'apparition du terme abeille à côté de mouche à miel, seule forme relevée à l'époque des enquêtes de l'ALLy (cf. Martin 1986, p. 86).

Dans cette zone de rencontre entre quatre dénominations différentes, le type g é po de Marlhes (n° 23), Peaugres (n° 28) et Ardoix (n° 37) montre les hésitations entraînées par cette multiplicité de termes.