3.2.25. pomme (carte 81)

ALLy 472 ; ALJA 461 ; ALMC 293 ; ALP 518 ; ALF 1055

français régional : poun chagnu Velay

Les mots désignant la pomme remontent, en domaine occitan comme en nord-occitan, au latin POMUM. Mais, alors que les formes francoprovençales, issues du pluriel neutre POMA pris comme substantif féminin, sont féminines, les formes du Massif Central et de l'est de l'occitan sont masculines.

La limite de l'aire (masc.) est, dans la région du Pilat, plus méridionale que la limite classique entre francoprovençal et occitan. Elle passe au sud de la partie occitane de la Loire et, à l'est, laisse deux localités occitanes dans l'aire p u ma (points 31 et 32, Davézieux et Champagne). Il n'est pas possible de savoir si cette limite est ancienne ou si elle a autrefois coïncidé à l'isoglosse de A précédé de palatale. Un tel recul est assez plausible à l'est de la région du Pilat, les formes p u mo de Davézieux et de Champagne pouvant provenir soit d'un emprunt aux parlers francoprovençaux voisins, soit d'un emprunt au français.

A l'ouest de la région du Pilat, dans la région occitane du haut plateau, un indice peut appuyer l'hypothèse d'un recul de la forme masculine : à Saint-Romain (n° 9), l'ALLy mentionne la forme pu tsan ü "pomme acide". Cette expression est également connue pour désigner le fruit du pommier sauvage dans d'autres villages de cette partie de la région du Pilat. La plupart des témoins considèrent pu tsan ü comme un seul mot, tsan ü "acide" étant tombé en désuétude (en 1985, le témoin interrogé par J.-B. Martin à Pélussin ignorait le sens de ce mot relevé par l'enquêteur de l'ALLy 30 ans auparavant dans le village de Roisey). La forme pu tsan ü a peut-être résisté à l'envahisseur p u mo, pu n'était plus compris et le fruit de pommiers sauvages étant peu susceptible d'être commercialisé (cf. s a omo "ânesse", "ouvrière de fabrique de moulinage ci-dessus").

Mais le fait que pu tsan ü soit connu même des semi-locuteurs laisse penser qu'il peut s'agir d'un emprunt au français régional du Velay poun chagnu : cette forme ne serait alors pas autochtone.