3.2.30. blaireau (carte 86)

ALLy 542 ; ALJA 962 ; ALMC 368 ; ALP 938 ; ALF 134 ; Escoffier 1958b, p. 121 ; Serme 1998, p. 296

français régional : taisson Pilat, Drôme, Isère, Ain ; taissou Hautes-Alpes (Champsaur)

L'ensemble du domaine gallo-roman a dû connaître, pour désigner le blaireau, des formes issues du latin *TAXO, comme en témoignent les attestations en ancien français et les buttes-témoin dans l'aire actuelle de blaireau. A l'époque de l'ALF, les continuateurs de *TAXO occupaient encore le sud de la France ainsi que l'Est. Mais le blaireau est désigné dans une aire auvergnate par des formes tètsi, tsitè dans lesquelles est issu de *TAXO et tsi est "chien". Entre cette aire et l'aire francoprovençale de tésõ, le français blaireau s'est introduit "en profitant de l'incertitude causée par cette rencontre" (Gardette, ALLy 5, 542).

Les cartes "blaireau" de l'ALLy et de l'ALF montrent que le mot français s'est avancé jusque dans la région du Pilat, puisque l'enquêteur de l'ALLy a noté bléro aux points 3, 9, 29, 30, 34, 37 et que l'ALF indique également cette forme à Riotord (n° 33). Depuis les enquêtes de l'ALLy, il semble que le français n'ait pas progressé : tésõ est encore bien vivant au-delà des limites du canton de Pélussin (n° 4) où le mot est attesté en français régional. Il est également bien connu à l'est du domaine où il a pu bénéficier du soutien du français régional taisson en Isère et dans la Drôme.

Sur le haut-plateau du Pilat, le mot tésõ n'est pas totalement oublié : il est connu de quelques personnes, en particulier des chasseurs, mais cette connaissance peut-être le fruit de contacts avec des chasseurs des régions voisines et il peut provenir d'un emprunt au français régional plutôt que du patois lui-même.

Au Bessat (n° 11), village pourtant situé près de l'aire bléro, le nom de cet animal est bien connu car il apparaît dans la formule gras comme un blaireau.