ALLy 895-6 ; ALMC 1689 ; Martin 1986, p. 54
français régional : benayer Pilat, Isère (Villeneuve)
ALLy 965 ; ALJA 1349 ; ALMC 1463-4 ; Martin 1986, p. 127-128
Ces deux mots, qui appartiennent au même champ sémantique, seront étudiés ensemble car ils illustrent un même phénomène, et pour des raisons très similaires.
Toutes les formes du verbe "bénir" relevées dans la région du Pilat remontent au latin BENEDICERE, mais certaines sont le produit d'évolutions phonétiques régulières, alors que d'autres proviennent d'un emprunt récent au français. Les formes beneyi, beneyiy, beneye de la partie francoprovençale de la région du Pilat, qui présentent un traitement phonétique identique (insertion de y pour réduire l'hiatus), s'opposent aux formes benézi, benéji de la partie occitane du domaine.
De même, les formes du verbes "baptiser" dans la région du Pilat sont toutes issues, directement ou indirectement, du latin BAPTIDIARE : bateyi, bateye sont les formes du nord, bat a celles du sud.
Les parlers situés à la jonction entre les aires du nord et celles du sud étaient confrontés, dans le cas de "bénir" comme dans celui de "baptiser", à un choix entre des formes distinctes. Ces rencontres ont entraîné des hésitations, et le français a servi de recours : béni, bényi et batiza se sont glissés dans cette faille, à partir de la vallée du Rhône. Mais les parlers limitrophes de la région du haut plateau (points 6, 10 et 11, Planfoy, Tarentaise et le Bessat), région où le remplacement linguistique a été plus récent, ont mieux résisté à la rencontre : les types anciens sont encore connus.
Les cartes "bénir" et "baptiser" permettent d'ailleurs de remarquer l'absence d'influence francisante de la ville de Saint-Etienne (n° 1) sur les parlers de cette région.