3.3.2. Phénomènes propres aux aires marginales

Bien que le domaine d'enquête de cette étude soit peu étendu, on peut y observer le même type de particularités que celles qui affectent les régions de rencontre de langues plus vastes.

a. Les doublets

A la lisière de deux aires lexicales, les parlers frontaliers connaissent souvent les deux mots à la fois. Mais ils peuvent n'en employer qu'un seul, l'autre étant considéré comme un terme étranger (cf. "jument", "scie-passe-partout"...). Cette coexistence inégalitaire répond au besoin d'intercompréhension entre villages voisins. Mais les deux types en présence peuvent être employés indifféremment, dans les villages situés le long de la limite (cf. "aiguiser", "taureau"...), ou parfois sur une aire plus vaste (cf. "chat-huant, "coq"...). Toutefois, la coexistence de deux termes peut être mise à profit pour établir une distinction sémantique (cf. "coq", "chêne"...) (nous reviendrons plus loin les doublets mot dialectal / mot français, car l'envahissement du français entraîne souvent des spécialisations sémantiques particulières).