SECTION V. Un profil nouveau: le S.D.F.

La mise en place du R.M.I. a donné lieu à de multiples enquêtes afin d'évaluer les dispositifs d'insertion proposés et de mieux connaître les populations concernées. Les enquêteurs pronostiquaient un nombre conséquent de familles bien connues des services sociaux. La surprise fut de taille car beaucoup de ces familles, touchant déjà diverses allocations, notamment celle destinée à l'Aide à l'enfance, ne bénéficièrent pas du R.M.I. En revanche, les résultats de ces enquêtes ont révélé et imposé un nouveau profil dans le paysage de l'assistance, celui d'un homme jeune, sans travail et particulièrement seul. En 1989, 57% des allocataires sont des personnes isolées sans enfant et 47% ont moins de trente cinq ans. Plus d'un tiers sont des hommes et 74% d'entre eux n'ont pas de domicile stable 241 . L'isolement et la jeunesse des allocataires se confirmèrent par la suite. En 1996, on dénombrait 60% de bénéficiaires vivant seuls et 32% étaient âgés de moins de trente ans 242 . L'évolution des politiques sociales et la mise en place d'un traitement spécifique de la pauvreté a permis la visibilité d'individus auparavant ignorés des services sociaux, absents des statistiques nationales et dont l'existence n'était pas validée. Ces chiffres alarmants se répandirent dans l'opinion publique notamment par voie de presse et reportages télévisuels. Les experts se penchèrent sur cette population spécifique et tentèrent d'une part d'évaluer le nombre de ces sans-abri ou S.D.F., d'autre part de mieux connaître leur trajectoire personnelle.

Notes
241.

Le R.M.I. Un an après, Bulletin d'Information de la Délégation Interministérielle au R.M.I., n° 7, 1989.

242.

Tableaux de l'économie Française, 1996-1997, Rapport de l'I.N.S.E.E., 1997.