B. La figure de "l'homme célibataire"

J.F. Laé 255 , en se penchant, sur "le grand célibataire" s'intéresse moins au manque de logement qu'à la distension des liens familiaux et des liens de proximité qui font basculer l'individu dans la rue. Le "grand célibataire" est décrit comme un homme hébergé par certains membres de sa famille en général féminins (sœur, mère, compagne). Cet homme, s'il rend de menus services, est cependant une source permanente de tensions et de problèmes divers pour ceux qui l'accueillent. Les vols qu'il commet, l'alcoolisme dont il souffre, les dettes qu'il accumule et le peu de soin qu'il accorde à son hygiène personnelle et surtout à celle de son logement ou de sa chambre consomment souvent la rupture et le rejet par sa famille. Commence alors pour ce "grand célibataire" un parcours chaotique et une itinérance entre différents membres de son entourage et centres d'hébergement. J.F. Laé pose la question de l'impossibilité, pour ces individus, de se maintenir dans un lieu à soi en acceptant les aides de l'Etat (Aide au logement par exemple). C'est en terme de comparaison qu'il procède en citant l'exemple "(…) d'hommes (qui) n'ont ni travail, ni femme mais tiennent encore à leur domicile comme à une balise de détresse". 256 Ce point obscur, qu'aucune science sociale, d'après l'auteur, n'arrive à expliquer est la clef de compréhension du phénomène S.D.F. La perte du logement ou l'expulsion par les membres de la famille aboutissent à l'expérience de la rue et aux formes invalidantes de l'exposition de soi ainsi qu'aux stratégies mises en place afin de sauver la face.

Notes
255.

J.F. Laé, "L'homme à la rue", Esprit, n°202, 1994, pp. 15-28.

256.

Idem p.17.