3. Une représentation pérenne

En 1953, 9298 condamnations pour vagabondage et mendicité ont été prononcées, ce nombre décroît en 1956 et atteint 4884 415 . En 1993, sur 1431 infractions relevées, 15 condamnations seront effectives et il n'y en aura plus qu'une en 1994 416 .

Le développement des centres d'hébergement et leur rôle de plus en plus reconnu dans la prise en charge des vagabonds n'est pas neutre dans la réduction du nombre des condamnations. De surcroît, les priorités dans la lutte contre la criminalité ont évolué. Si le vagabondage et la mendicité ont occupé une place de choix dans les préoccupations pénales jusqu'au milieu du dix-neuvième siècle, la délinquance urbaine et la délinquance de violence mais aussi le trafic de stupéfiants sont devenus, au fil des années, des questions bien plus pressantes pour l'ensemble de l'appareil judiciaire. Enfin, le cas de jurisprudence de 1988 ne condamnant pas un chômeur en fin de droits tend à transformer le vagabondage et la mendicité en délits périmés. Le Code pénal de 1810, construit sur la protection de l'ordre et du bien public, servait avant tout à contenir les classes dangereuses et le nouveau Code, entré en vigueur en 1994, a abrogé les délits de vagabondage et de mendicité.

Notes
415.

R. Vienne, "Le problème du vagabondage. Le point de vue juridique," Revue de droit pénal et de criminologie, n°8, 1960, pp. 757-118.

416.

Aspects de la criminalité et de la délinquance constatées en France en 1994, Ministère de l'Intérieur, la Documentation Française, 1995.