Chapitre 1
Les terminologies anciennes

La notion de terminologie4 apparaît dans les langues européennes aux 16e-17e siècles, avec le terme nomenclature, emprunté au substantif nomenclatura créé par Pline, de nomen calare « poser, placer, mettre un nom (sur le visage de quelqu’un) ». Le terme désigne alors « l’inventaire des mots employés pour désigner les objets d’une étude ou d’une collection », ou, comme en anglais, le nom, l’appellation en elle-même. Il est à rattacher avec la pratique du nomenclateur, esclave attaché à un candidat à la magistrature, et qui devait rappeler à son maître le nom des citoyens qu’il avait intérêt à saluer. Au 17e siècle, le nomenclateur est celui qui donne les noms aux choses et aux êtres vivants, pratique inaugurée par Adam dans la tradition chrétienne. Cette définition nous fournit les deux bornes temporelles de cette première partie : Pline, dont la nomenclature botanique influence l’Europe naturaliste jusqu’à la création des premières grandes taxinomies du 17e siècle, et, à l’autre extrémité du continuum, la Renaissance, période qui voit les premiers textes savants d’expression vulgaire. Cependant, expression vulgaire ne signifie pas pour autant lexicogénie vernaculaire : de nombreux termes sont empruntés à la science antique : absinthe (fin 12e siècle) de absinthium, ache (12e siècle) de apium, amarante (1544) de amarantus, ammoniac (1575) de ammoniacum, pygargue (Buffon, 1765) de pygargus, schiste (16e siècle) de schistus. Cependant, si on observe de près ces créations, toutes empruntées à l’auteur de l’Histoire naturelle, on constate que absinthe est issu du grec αψιυθιον , amarantus de αμ α ραντος, ammoniacum de αμμωνιακος, pygargus est issu de πυγαργος, que schiste vient de σχιστος.

Notes
4.

Ici, terminologie est pris au sens large.