3. 1. 1. Un retour aux sources

Au 6e siècle, les Irlandais entreprennent la conversion des anglo-saxons. À partir du 7e siècle, ils évangélisent les îles britanniques, concurrencés dans cette tâche par Rome. Cette dernière s’implante dans le Kent, puis, avec l’aide des Angles, christianise la Francie du Nord et de l’Est. Ces moines savants connaissent le grec, voyagent en Orient, ont des contacts avec les universités du bassin méditerranéen, et lisent le latin à la source sans avoir recours au latin quotidien.

Les Anglo-Saxons viennent sur le continent dans la première moitié du 8e siècle et contribuent à la restauration religieuse et culturelle de celui-ci en Gaule et en Germanie. Lorsque l’Angleterre passe sous le contrôle danois, les Irlandais prennent leur relève.

Lors des mouvements d’évangélisation, ils apportent avec eux les structures et les textes oubliés de la langue latine. En effet, les intellectuels du continent ne sont plus à même de comprendre le latin antique dont Charlemagne, dans un souci de retour aux textes originaux, entreprend la recherche et la copie, et prône la lecture. C’est grâce aux traités des insulaires, plus récents, qu’ils peuvent comprendre les textes profanes antiques : la plupart des grammaires latin/langue étrangère sont anglaises, et jusque vers 825, restent le genre dominant de la pédagogie élémentaire.

En effet, les grammairiens qui enseignent le latin rénové sont anglais ou inspirés par les grammaires anglaises. Pour mener à bien la programmatique dont Alcuin est un des principaux initiateurs, ils se servent des traités antiques ou des sous-produits grammaticaux anglais du milieu du 7e siècle inspirés des anciens, intermédiaires entre les grammaires anciennes et carolingiennes. Paul Diacre, Pierre de Pise, Alcuin, Smaragde, Rémi d’Auxerre prolongent le travail des grammairiens anglais dans les écoles monastiques et cathédrales.