Chapitre 4
La diffusion des sciences dures

La Renaissance Carolingienne, nous l’avons signalé, eut peu de répercussions car elle s’éteignit avec l’empire, alors que se désagrégeait le réseau scolaire mis en place ; le niveau culturel baissa, certains clercs parlant fort mal latin. Mais dans les pays germaniques, où, comme en Angleterre, la différence de langue avait préservé la langue de Rome, on assiste, au 11e siècle, à une résurgence précoce de la culture savante.

Ce renouveau, certes scolaire et sans lendemain, assure toutefois la transmission de l’héritage carolingien. Le 12e siècle est une période de renaissance culturelle. Pour preuve, l’émergence d’une littérature en langue vulgaire. Les textes classiques sont connus et assimilés, et Philippe Wolff (1971 : 174) souligne que les meilleurs auteurs du 12e siècle semblent écrire un latin-langue maternelle. Loin de l’expression scolaire des élèves moins doués, ils expriment leurs sentiments dans des textes poétiques profanes et religieux destinés à un public relativement large. L’auteur de L’éveil intellectuel de l’Europe estime qu’à partir du 13e siècle, les oeuvres latines semblent n’être plus que des calques latins de textes pensés en langue maternelle91. En effet, au 12e siècle, les écoles abandonnent peu à peu l’enseignement de la rhétorique et de la grammaire, ce qui a pour conséquence de rendre l’expression latine de plus en plus stéréotypée et mécanique (cf. Philippe Wolff (1971 : 178)).

La dialectique, voie royale de la philosophie et de la théologie, est à l’honneur dans un enseignement qui tente de rationaliser la science religieuse. L’effort intellectuel des 12e et 13e siècles réside dans l’articulation de la pensée grecque à la foi chrétienne : la théologie, née avec le siècle par son émancipation de l’exégèse, demeure la discipline supérieure, celle à laquelle toutes les autres disciplines doivent préparer.

Notes
91.

Fait qui coïncide avec la montée d’une littérature en langue régionale.