7. 1. Un prolongement des hérésies

Les hérésies trouveront dans l’humanisme chrétien puis dans la Réforme deux mouvements dont l’ampleur et la sociologie sont certes différents, mais qui partagent un refus des textes utilisés dans les actes de dévotion, une volonté de retour aux sources, tant dans la lecture des textes que dans la pratique cultuelle, et une perception de l’appareil clérical comme un médiateur qui ne ferait que déformer l’Écriture197. Ces deux mouvements ne touchent plus les seules classes populaires, et diffusent dans toutes les couches de la population les modifications dans les mentalités provoquées par les hérésies (cf. supra, 1ère partie, 5. 4. 2.). On perçoit dès lors le danger que cette théorie représente pour Rome et pour sa langue.

Notes
197.

Les prédicateurs de petites paroisses ont délibérément déformé les informations bibliques pour se mettre à la portée des petites gens en fabriquant une sorte de langue mixte faite de dialecte local, de langue véhiculaire, et de latin, phénomène partiellement créateur du français de l’Île de France. Si bien que le programme humaniste-réformiste, du point de vue linguistique, apparaît surtout comme une standardisation de jargons de paroisses, pour faire à nouveau coïncider la lettre de la Bible et ses diverses expressions. Cela jouera pleinement en Angleterre, à partir du saxon d’Alfred le Grand, métissé de français des Normands, et en France à partir de la littérature épique naissante.