Chapitre 8
Académies en France et ailleurs

La Renaissance est une période nébuleuse où l’unité et l’universalité créées par la chrétienté sont remises en question par les schismes religieux. La foi devient alors davantage facteur de clivage que d’unité, entraînant un déclin de l’influence de l’Église, déclin qui, durant la première moitié du 17e siècle profitera aux gouvernements de type technocratique. Le pôle de gravité de l’autorité et du pouvoir bascule, parachevant le processus d’atomisation en États228.

C’est durant cette période de calme que l’économie devient prépondérante, rehaussant le statut du savant dont le rôle d’agent de développement économique se confirmera avec la Révolution Industrielle. La civilisation et la culture vont s’appuyer sur les idées de justice, de droits de l’homme et du citoyen, d’éthique sociale, de progrès et de science. La raison critique, qui s’appuie sur l’expérience, guide les hommes. L’influence de la religion sur les milieux scientifiques a vécu, et, en ce domaine, l’Église cède sa place à l’État de manière définitive. Ce changement de pôle d’influence ne sera pas sans conséquences sur la langue : on assistera à une nationalisation de la culture, et le combat des lettrés changera d’aspect. Cette nationalisation de la culture s’articulera avec une internationalisation du savoir. Plus hommes de cour que d’Université, les intellectuels sont reconnus, appréciés et sollicités des princes qui entrent alors en concurrence pour orner leur règne des savants les plus prestigieux, mais aussi pour bénéficier de l’apport économique que peuvent constituer les applications industrielles des découvertes scientifiques. Ceux-ci, s’ils n’ont pas le prestige de la naissance, ont celui de la carrière, leur culture leur tenant lieu de lignage. Mais revenons aux origines de ce mouvement.

Notes
228.

On assistera également à un glissement du pôle de gravité de l’Europe du Sud vers celle du Nord.