8. 2. La naissance de la terminologie

Le mouvement nationalisation de la langue des sciences, s’il est une conséquence directe de la main mise de l’État-nation sur la recherche scientifique, s’est en fait amorcé un siècle auparavant.

C’est à partir de 1550, que les humanistes, s’inspirant de la pensée italienne, se mettent à oeuvrer en faveur de la rédaction des écrits scientifiques en langue vulgaire. Mais pour parvenir à secouer l’édifice d’une pratique que tout justifie (la circulation des textes, la nécessité de garder certains écrits dans des cercles choisis, le manque d’équipement des langues vulgaires, mais surtout, la tradition comme la valeur de scientificité que confère le latin), il convient de fournir des arguments.

En général, les ouvrages passés en langue scripturaire sont précédés de préfaces où les éditeurs ou auteurs se justifient de cette transposition : référence à la pratique même des Anciens qui écrivaient dans leur langue maternelle262, vulgarisation, nécessités pratiques envers un public et des usagers ne connaissant pas le latin. En effet, avec le début du 16e siècle apparaissent conjointement un nouveau lectorat pour les livres savants263 et des arguments qui deviendront les lieux communs de l’argumentation en faveur de la traduction :

Tout est là : les langues vulgaires ont des utilisations prioritairement vulgarisatrices, ou ne servent de lecte qu’aux seuls domaines pratiques, qui sont peu, ou ne sont plus, équipés en latin.

Le verbe français vulgariser adoptera le sens de « répandre la connaissance auprès du grand public » en 1829. Mais le sens de « de la communauté dans son ensemble » de l’adjectif vulgaire (15e siècle) est associé dès 1512 à la notion de langue, marquant ainsi l’opposition langue spontanée/langue savante. Un vulgaire est un parler employé par la majorité de la population (usage répandu vers 1530), un orateur vulgaire s’exprime dans la langue de son pays, et non en latin (1545). Cependant, dès le 15e siècle, un verbe de parole associé à l’adverbe vulgairement renvoie à un emploi non scientifique.

L’anglais adoptera le verbe to popularize en 1836. L’adjectif anglais vulgar (« d’usage général », late ME) est associé au champ langagier en 1513. Le sens « ordinaire, qui respecte les règles de compréhension du langage » apparaît en 1553 ; à partir de 1597, cet adjectif est également employé pour une connaissance couramment répandue.

Le trait constitutif de la notion de vulgarisation, à savoir l’intelligibilité pour le plus grand nombre, est coextensif de la notion de langue non-savante. Le verbe vulgariser (1512) signifie alors en français « faire connaître en publiant ». Il distingue l’idée de manuscrit, accessible à la seule élite, de celle d’ouvrage imprimé, accessible à un public plus large, et contient donc de manière sous-jacente l’idée de diffusion, opposée à l’hermétisme d’un certain nombre de « scientifiques ». Il ne faut pas oublier les difficultés que l’Université, qui estime que le traitement de sujets scientifiques en français expose l’art à être tenu à mépris, crée à Ambroise Paré265. Et, de fait, Ambroise Paré, comme Peletier du Mans, critiquent l’attitude cabalistique des maîtres de latin.

Apparaissent alors des auteurs pour qui le choix de la langue de rédaction constitue un engagement :

‘Comme maints praticiens avant eux, Tartaglia, Paré et Palissy écrivent dans le vernaculaire, mais, contrairement à leurs prédécesseurs, ils le font avec fierté et lancent consciemment un défi au monopole de la « scientia » jusqu’alors détenu par le latin. Ils sont peu nombreux, mais acquièrent une relativement haute visibilité à leur époque comme à la nôtre, par leurs contributions d’une part aux langues vernaculaires, et d’autre part au développement d’un nouveau respect pour les connaissances pratiques qui est caractéristique de la Renaissance (Blair, 1996 : 25).’

Cependant, comme aux siècles précédents, ces textes sont des textes à visée pratique comme les traités d’arithmétiques et d’algèbre héritiers, du Liber abacci de Fibonacci, ou des ouvrages destinés aux chirurgiens-barbiers et apothicaires.

Si au 15e siècle, la majorité des publications sont en latin (77 % selon H. J. Martin (H. J. Martin & R. Chartier, Histoire de l’édition française, 1982 ; cité par Clerico, 1999 : 186), on constate un accroissement des livres imprimés en français durant tout le siècle suivant.

À ce propos, observons les publications d’ouvrages en français entre 1450 et 1600 :

1450-1486 : traduction des Problèmes d’Aristote
1478 : Le livre appelé Guidon de la pratique en cyrurgie – G. de Chauliac
1480 : De la propriété des choses – première version imprimée d’un ouvrage traduit en 1372 de B. de Glanville
1484 : Le triparty ou la science des nombres – N. Chuquet
1486 : Le livre des profists champestres de Pierre de Crescens (traduit du latin)
1486-1487 : Les décades de Titus Livius translatées de latin en français (Bersuire)
1503 : Le Guidon en françoys – G. de Chauliac
1511 : premier livre de l’ Art et la Science de géométrie – C. deBovelles
1529 : Champ Fleury – G. Tory
1531-1532 : Le mirrouel des appothicaires et les lunettes des cyrurgiens – S. Champier
1537 : Le quatrième livre de la Thérapeutique ou Méthode curative de Claude Galien (traduction du latin) – Jean Canappe Le Cinquième livre –(id.)
1538 : Le quatorzième livre –(id.)
1539 : Le troisième livre –(id.)
1541 : Traductions d’Aristote par J. Périon (les Topiques)
1542 : Traductions d’Aristote par J. Périon (la Politique)traduction de l’Histoire des plantes de L. Fuchs
1544 : La cosmographie de Pierre Apian (traduction du latin)
1545 : Méthode de traicter les playes faictes par hacquebutes et aultres bastons à feu – A. Paré
1546 : Advertissement sur le jugement d’Astrologie – M. de Saint-Gelais
1549 : Les institutions chirurgiques de Jean Tagault (traduction du latin) –Jean Tagault
1550 : L’histoire des plantes (traduction du latin de L. Fuchs ) – G. Guéroult
1551 : L’histoire naturelle des estranges poissons marins... – P. Belon
1551 : Traduction du Timée de Platon – L. Le Roy
1554 : L’algèbre (...) départie en 2 livres – Peletier du Mans
1554 : Cosmographie du Levant – A. Thevet
1556 : Cosmographie du Levant – A. Thevet
1557 : L’Univers ou du Discours des parties et de la nature du monde – Pontus de Tyard Les institutions astronomiques – J.P de Mesmes
1558 : traduction en français de l’ Histoire entière des poissons (1554) – G. Rondelet
1561 : l’ Arithmétique de Jean Trenchant répartie en trois livres –J. Trenchant
1562 : Méthode curative des playes et fractures de la teste humaine – A. Paré
1563 : La recepte ventable par laquelle tous les hommes de la France pourront apprendre à multiplier et augmenter leurs thrésors – B. Palissy
1564 : Agriculture et maison rustique, traduction du Praedicum rusticum (1554) – C. Estienne et J. Liébault  Les Dix Livres de la chirurgie avec le magasin des instruments nécéssaires à icelle – A. Paré
1567 : De la peste – L. Joubert L’Histoire du monde de Pline second – (traduction) Du Pinet
1568 : Les Politiques d’Aristote (traduction) – L. Le Roy
1569 : Chirurgie françoise – J. Daléchamp
1573 : Des monstres et prodiges –A. Paré
1575 : Cosmographie universelle –A. Thevet
1578 : Erreurs populaires ou Propos vulgaires au fait de la médecine – L. Joubert
1585 : L’arithmétique (...) aussi l’Algèbre (...) , traduction de Diophante – S. Stevin
1586 : Traité des chiffres – B. de Vigenère
1597 : traduction du latin du Théatre de la nature universelle –J. Bodin
1599 : Cueillette de la soye par la nourriture des vers qui la font – O.deSerres266

À la lecture de cette chronologie, on constate que les ouvrages scientifiques – traductions ou originaux – ne sont que peu nombreux. En effet, les textes scientifiques majeurs, le De historia stirpium de Leonard Fuchs (1542), le De revolutionibus de Copernic (1543), le De Humani corporis fabrica de Vésale (1543), l’Historia animalium de Gessner (1551-1587), le De re metallica de Mikael Agricola (1556), l’Ars magna sive de regulis algebraicis de Cardan (1545), l’Isagoge in artem analyticam de Viète (1591), le De Magnete de Gilbert (1600), toute l’oeuvre de Kepler, sont en latin267. En revanche, les ouvrages techniques, comme ceux traitant de médecine pratique (les traductions de Galien, qui en tant que textes de thérapeutique, ne peuvent pas être considérés comme des ouvrages scientifiques ; le texte de Joubert sur la médecine, destiné à un public non docte) et de chirurgie, dominent.

En effet, la chirurgie n’est plus considérée comme une science depuis sa séparation de la médecine. Ainsi, il convient de d’apporter une modification à l’affirmation de Jacques Chaurand (1969 : 57), qui estime que c’est durant cette période que la science s’est convertie aux langues scripturaires, et cite, pour illustrer ses dires, La chirurgie (1314) de Henri de Mondeville et les écrits d’Ambroise Paré. Ce n’est pas la science, mais la technique, qui est « vulgarisée » : Peletier du Mans signale dans son Arithmétique (1563), que le français est richement équipé en terminologies juridique et politique, dans les domaines de l’habillement et de la cuisine, mais déplore la pauvreté de la terminologie scientifique. Cette indigence terminologique est à imputer à la rareté des textes scientifiques, originaux ou traductions, en langue scripturaire. Ce sont donc les ouvrages techniques qui sont traduits ou écrits en langue scripturaire : l’Underweysung der Messung mit dem Zirckel und Richtscheyt d’Albrecht Dürer (1525), Die grosse Wundarznei de Paracelse (1536), Du mouvement des muscles de Jean Canappe (1541), la Géométrie pratique de Charles de Bovelles (1566), l’Art vétérinaire de Jean Massé (1563), les Piacevole matematiche de Leon Battista Alberti (écrits en italien et publiés en latin en 1450, traduits en italien en 1568), les travaux de Bernard Palissy et les ouvrages d’astronomie.

Conséquence de ce phénomène, le vocabulaire chirurgical et médical français de l’époque laisse clairement apparaître un lexique massivement emprunté au latin :

En anglais, on observe le même phénomène :

Citons également quelques termes allemands :

On constate un phénomène similaire dans un domaine connexe, la pharmacopée :

Il en est de même de la chimie, qui partage souvent son vocabulaire avec cette dernière discipline et la médecine :

Signalons le cas particulier de l’astronomie dont les termes sont entrés relativement tôt dans les langues scripturaires dans la mesure où ils participent d’une discipline assimilée à la culture pratique. Par ses liens étroits avec la divination, la cosmographie, la géographie, elle bénéficie dès la Renaissance d’une abondante littérature en langue vulgaire (et notamment les Institutions astronomiques de Jean Pierre de Mesmes (1557) qui introduit en français une bonne partie des termes du tableau ci-dessous).

français
aphélie (1690)
apogée (1557)
armillaire (1557)
bissextile (1549)
excentricité (1562)
galaxie (1557)
géodésie (1647)
héliaque (1582)
libration (1547)
lunule (1694)
parallaxe (1557)
périgée (1557)
précession (1690)
sidéral (1510)

Observons maintenant le vocabulaire mathématique français :

Comme le souligne Georges Matoré (1988 : 285), à qui nous avons emprunté certains éléments de ce micro-corpus, beaucoup de termes concernant les méthodes de calcul (multiple et tous les termes de la même famille, dividende...) et la théorie des nombres (billion, milliard, quadrillion, trillion) ont des emplois pratiques. Certains d’entre eux sont entrés dans le lexique commun avant d’adopter une définition scientifique (additionner, angle, perpendiculaire, soustraire, soustraction).

L’équipement de la langue est donc associé, dans le cadre technologique, à une volonté de latinisation. Le traitement linguistique des disciplines de prestige est inenvisageable en dehors de tout ancrage latin, langue qui confère autorité et scientificité aux textes et aux doctrines.

Ainsi, lorsque Albrecht Dürer rédige au début du 16e siècle un traité de géométrie en allemand, il s’adresse à un public d’artistes et d’artisans, et à tous ceux dont le travail est fondé sur la mesure. C’est sous le titre d’Institutiones geometricae, la traduction qu’en fera Joachim Camerarius (1532), que le traité de Dürer touche un public de savants et de mathématiciens, dont Galilée, Cardan, Tycho Brahé ou Paul Guldin. La destinée de l’Underweysung, ouvrage au double public, illustre pleinement le partage des eaux des langues de rédaction (cf. Jeanne Pfeiffer (1996)).

En fait, la terminologie naît par différenciation. Comme naît, à la fin de la période, la tripartition du champ du savoir et du savoir-faire (artisanat, technique, sciences), naîtra une tripartition des vocabulaires spécialisés :

Les auteurs sont souvent bilingues et le choix de la langue se fait en fonction du domaine, du sujet ou du public. Certaines disciplines voient même s’installer une situation de diglossie : les théoriciens de la médecine pratiquent le latin, alors que les praticiens utilisent le vulgaire, comme l’indique le nombre de livres de chirurgie dans la chronologie ci-dessus268. C’est dans un souci de vulgarisation, et à la demande d’un public certes érudit, mais certainement pas savant, que la Renaissance traduit des textes mathématiques et astrologiques en langue scripturaire. Les textes scientifiques « vulgarisés » sont, le plus souvent, des traductions d’ouvrages en latin ayant bénéficié d’un succès européen qui garantit leur succès national. Car le marché a ses exigences : le lectorat national étant une source de revenus dont la fiabilité est toute relative, il faut écrire en latin si l’on veut jouir d’un traitement bibliographique convenable et être lu (cf. Isabelle Pantin (1996 : 55-57)). Cette situation perdure jusqu’au milieu du 17e siècle : les textes mathématiques en français sont des « récréations mathématiques » et le Traité de la section perspective de Desargues (1636) est destiné à un public d’artisans, tout comme le sera son Brouillon projet d’une atteinte aux événements des rencontres d’un cône avec un plan (1639)269.

L’exemple de l’ingénieur lyonnais est particulièrement intéressant au sens où il n’adapte pas les termes grecs ou latins, mais les francise par calque sémantique :

ou crée par référence à des réalités quotidiennes, dénommant ainsi certaines faits mathématiques qui n’ont pas reçu de dénomination :

Bien que particulièrement novatrice – elle inspirera Pascal, sera saluée par Descartes et Fermat, et surtout, pose les bases de la géométrie projective, discipline qui n’émergera des limbes qu’au 19e siècle – la géométrie de Desargues est donc à inscrire, au plan linguistique comme au plan du lectorat, dans un contexte pratique270.

Tout ceci explique que cette période paradoxale voit, dans le domaine des sciences comme dans celui des lettres, une avancée des langues scripturaires et un ralentissement du déclin du latin : bon nombre d’auteurs de la science moderne ont écrit dans les deux langues271. C’est à partir de la révolution mécaniste, qui rompt avec l’Université et ses disciplines reines – la théologie et la métaphysique – que point l’idée d’une rupture avec le médium linguistique traditionnel de celle-ci. Cependant, comme le souligne Isabelle Pantin (1996 : 54), les savants mécanistes ne font pas preuve d’une réelle cohérence en la matière : si Galilée, Descartes et Mersenne sont bilingues, Gassendi et Torricelli utilisent le latin.

Apparaissent alors des termes créés par les savants au gré de leurs besoins. Ce phénomène est nouveau dans la mesure où il ne s’inscrit pas dans le cadre de vastes opérations d’aménagement linguistique comme celles auxquelles avaient participé leurs prédécesseurs du 14e siècle. D’autre part, ces créations exogènes ne s’insèrent pas nécessairement dans un contexte xénolectal :

D’autre part, apparaissent des séries paradigmatiques autoréférencées :

Le phénomène d’inversion des langues d’écriture et de traduction, indice de l’évolution des rapports entre langue vulgaire et langues classiques est également perceptible dans le vocabulaire : les termes to gravitate (1644) et gravitation (1644) formés sur gravitas « pesanteur » apparaissent avant leurs équivalents latins gravitare (1686) et gravitatio (1645) formés sur la même racine. De même, l’italien telescopio (1611, Cesi) sert de modèle au latin microscopium (1618).

Les langues classiques sont progressivement perçues comme des réservoirs, non de termes, mais de racines, dans lesquels puiser.

Mais c’est seulement à la fin du 17e siècle que le poids relatif des langues rédactionnelles s’inversera dans les écrits scientifiques. Cependant, ce nouvel état de fait n’affectera pas la transmission des termes dans la mesure où leur origine gréco-latine leur confère une certaine transparence au plan international, comme l’indique le tableau ci-dessous :

français
acoustique (1700)
catoptrique (1690)
dioptrique (1634, Descartes)
divergence (1671)
divergent (1626)
dynamique (1692, Leibniz)
magnétique (1617)
ondulation (1680)
oscillation (1605-1681)
réflexif (1611)
réfracter (1734)
statique (1634)
vibration (1632, Mersenne)
Notes
262.

Dans la préface de la première traduction de la logique de Ramus (1574), le traducteur souligne :

Heare I will speake nothing of the enuious, hat thinkethe it not decent to wryte any liberall arte in the vulgar tongue, but woulde haue all thinges kept close eyther in the Hebrewe, Greke, or Latyn tongues. I knowe what greate hurte hathe come to the Churche of God by the defence of this mischeuous opinion : yet I woulde aske them one thing that you mayest knowe their deceiptfull policie, and that their saying hathe no grounde of veritie. Whether wrote Moyses (the Hebrewe and deuyne) and after him Edras in the Heebrewe and vulgar tongue or in some other straunge tongue ? Did Aristotle and Plato Greke Philosophers, Hippocrates and Galen Greke Phisitions, leaue the Greke tongue, because it was their natiue language, to seke some Hebrewe or Latin ? Did Cicero who was a Latinist borne write his Philosophie and Rethoricke in the Greke tongue, or was he content wis his mother tongue ? and suerly as he testifiethe hym self he had the perfecte kowledge of the Greke tongue, yet he wrothe nothing therin which we haue extant at this daye (cité par Barber, 1975 : 297-298).

263.

Jusqu’alors, la plupart des livres en langue vulgaire étaient des ouvrages de piété, des almanachs, des traités pratiques et des romans fabuleux.

264.

Dès le 14e siècle, cet argument est celui d’Oresme (cf. supra, 1ère partie, chapitre 5).

265.

Seul l’appui du roi, et ceci à l’encontre de la faculté, lui permet d’accéder au rang de docteur sans passer les examens en latin et en présentant une thèse en français. Ainsi, alors que les ouvrages scientifiques ne constituent qu’un faible pourcentage des publications avant 1500 (10 % selon H.- J. Martin cité par Geneviève Clerico (1999 : 186)), leur nombre augmente à partir de cette date.

266.

Liste empruntée au RHLF. Ajoutons pour les traductions, le De mundo d’Aristote (1541), les Histoires naturelles de Pline (1552 et 1562), les Problèmes d’Alexandre d’Aphrodise (1555), les Commentaires sur Dioscoride de Mattioli (traduit de l’italien en 1572, l’oeuvre originale datant de 1544), la Physique française de Lambert Daneau (1581), et pour les textes en français, le Traité de la sphère d’Oronce Finé (1551).

267.

À noter la spécificité de l’Europe centrale : encore récemment en Pologne et en Prusse on soutenait des thèses en latin. Il n’est pas fortuit que Comenius, d’origine tchèque, soit un des instigateurs de la recherche sur les langues universelles.

268.

Le cas de la médecine est complexe (cf. Ann Blair (1996 : 27-28)).

269.

Ainsi, le Traité du triangle arithmétique de Pascal est un travail de mathématiques appliquées, alors que sa version latine, le Triangulus arithmeticus est un travail théorique. Le changement de langue est lié au changement de visées.

270.

C’est d’ailleurs cet argument qu’emploiera son principal détracteur, Jean de Beaugrand, pour mettre à bas ses théories. Rejeter la terminologie classique ne peut qu’avoir des causes suspectes comme l’ignorance ou le plagiat :

Mais s’il n’est question que d’une atteinte aux événements des rencontres d’un cône avec un plan, n’est-ce pas une marque d’un esprit insolent ou bien dépourvu de la lecture des bons livres de vouloir rejeter la façon de parler d’Euclide, d’Appolonius et d’Archimède pour mal appliquer celle des charpentiers et des massons à un objet dont la délicatesse et l’excellence est infiniment au-dessus de celle que l’on désire dans leurs ouvrages ? pour moi, ayant leu avec attention les dix premières pages de la susdite atteinte, qui font exactement le tiers de l’oeuvre entière, et reconnu qu’il n’y avait autre chose qu’une proposition qui est parmy les lemmes du livre de la section déterminée par le septiesme de Pappus , je ne puis vous celer qu’il m’est venu en la pensée que L[e] S[ieur] D[esargues] affectoit cette façon de mal parler en mathématiques non seulement pour sçavoir pas la bonne mais aussi afin que lorsqu’il diroit ce qui est ailleurs il y eût plus de peine à le reconnoistre (Lettre de Beaugrand secrétaire du Roi sur le sujet des feuilles intitulées Brouillon project, etc. Desargues, II : 356 ; cité in Brunot, 1947-1953 b : 528 n.).

271.

À ce propos, Ann Blair (1996 : 27 n.) cite Léonard Fuchs, Conrad Gessner, Guillaume Rondelet, Pierre Belon.