11. 1. Une linguistique idéaliste

Le courant idéaliste est celui d’une science en gestation encore fortement influencée par la philosophie. Conception romantique de la langue, ce courant partage avec la Naturphilosophie une « épistémologie de la totalité » (Gusdorf, 1982 : 400), une source d’inspiration dans la pensée de Herder, et une figure tutélaire, celle de Kant. La continuité entre la nature et l’esprit posée par Goethe resurgit dans une théorie qui envisage le langage comme un outil de re-création de la nature dans la pensée. La conception polaire du monde fait écho à la théorie humboldtienne d’une langue en perpétuelle dynamique. L’utilisation du concept d’organisme en linguistique répond à la recherche d’analogies entre les différents degrés de la nature. Cependant, les spéculations des Naturphilosophen ne sont pas totalement étrangères aux avancées des sciences du vivant : Geoffroy Saint-Hilaire défend une thèse de l’unité de la composition organique, Lamarck avance quant à lui l’unité de la vie. D’ailleurs, l’un sera soutenu par Goethe dans sa controverse contre Cuvier, et l’autre se revendiquera philosophe de la nature (cf. Gusdorf (1978 : 447)). C’est ce type de thèses qui possède, peu ou prou, une certaine influence sur la linguistique encore en constitution.